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[Tribune] Les inégalités d’accès à l’épargne financière

L’accès aux marchés financiers s’est fortement démocratisé ces dernières années avec l’émergence des fintechs. Mais il existe encore de fortes inégalités d’accès aux produits financiers à cause des frais appliqués et du manque d’éducation financière des petits épargnants.

Par Eric Le Brusq, cofondateur d’ISMO

La révolution numérique a simplifié l’accès aux marchés financiers. L’écosystème des fintechs, les start-ups de la finance, propose aux épargnants de nouvelles solutions pour investir rapidement et facilement en bourse, ouvrant dès lors des opportunités d’investissement aux classes moyennes et aux jeunes. Le phénomène s’est accentué ces derniers mois avec la crise sanitaire. De nombreux boursicoteurs utilisent les plateformes de trading pour profiter de l’euphorie des marchés financiers.

La démocratisation de l’accès aux marchés financiers est une bonne nouvelle. Aujourd’hui l’investissement en bourse ne concerne plus seulement les classes aisées, mais l’absence de culture économique et financière reste un frein et même un danger pour les investisseurs à la recherche d’un bon coup en bourse. A cela s’ajoute un manque de transparence sur les frais. Leur niveau sur les petits porteurs peut grever la performance des investissements accentuant dès lors les inégalités d’accès aux marchés financiers.

Investir en bourse une nécessité mais avec une obligation de pédagogie

La simplification d’accès à la finance par le numérique ouvre des opportunités aux petits épargnants confrontés à la faiblesse des rendements des livrets d’épargne traditionnels et populaires comme le livret A. Les épargnants sont à la recherche de performance. Ce besoin se justifie d’autant plus avec le retour d’une inflation forte et des craintes sur la pérennité du système de retraite par répartition.

Se constituer une retraite complémentaire pour les vieux jours devient un enjeu pour les jeunes actifs. Dès lors l’investissement en bourse est une solution à privilégier car il offre le meilleur potentiel de performance sur le long terme. Les applications digitales permettent aux actifs de s’ouvrir à la finance et sont adaptées à une utilisation quotidienne pour suivre l’évolution des marchés.

Il est d’autant plus intéressant de s’y intéresser dès le début de la carrière professionnelle pour d’une part bénéficier d’un horizon d’investissement à long terme, 20 voire 30 années, et d’autre part pour ventiler ses investissements en effectuant des placements réguliers sans oublier de diversifier tant en termes de secteurs d’activité que de zones géographiques.

Ces règles de bon sens sont souvent méconnues des néo-investisseurs boursiers. Dès lors, il n’est pas rare que des applications boursières laissent miroiter aux investisseurs non avertis des performances alléchantes. Les déconvenues peuvent être douloureuses car les marchés financiers n’offrent aucune garantie en capital.

Des fintechs, conscientes des risques inhérents aux marchés financiers, font un effort de pédagogie auprès de leurs utilisateurs. Ces start-ups éditent des blogs de vulgarisation des marchés financiers et animent des forums d’échanges entre utilisateurs en complément de la communication de l’information boursière. Les boursicoteurs doivent être vigilants et il est vivement conseillé d’utiliser des applications boursières développées par des sociétés de gestion agréées par l’AMF.

Une vigilance accrue sur les frais 

L’accès aux marchés financiers aux petits épargnants permet de réduire les inégalités de patrimoine avec les hauts revenus. Si la performance peut être au rendez-vous, les frais, parfois très élevés, réduisent les gains. Or, l’opacité sur la politique tarifaire de certains acteurs de la finance rend difficile la lecture et la compréhension des frais. En général, il existe des frais fixes et des frais variables selon le montant investi. Par ailleurs, des frais minimums s’appliquent sur les petits investissements. En proportion, les petits investisseurs se trouvent à régler des frais plus importants que les épargnants aisés. Un comble !

Ce constat est d’autant plus regrettable qu’il existe une réglementation européenne en matière de frais : MiFID 2. Entrée en application en janvier 2018, cette directive renforce la protection des investisseurs par une meilleure transparence sur les frais appliqués. Plus de 3 ans après son application, il reste cependant encore du chemin à parcourir pour une vraie transparence sur les frais.

Aujourd’hui, les fintechs ont ainsi un rôle à jouer pour renforcer la transparence tarifaire tout en les réduisant pour faciliter l’accès des jeunes aux marchés financiers pour se constituer un patrimoine financier sur le long terme.

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