Le statut cadre tel qu’il existe en France est déroutant pour les professionnels d’autres pays : s’il fut à l’origine associé à la notion d’encadrement d’équipes, il en est aujourd’hui relativement décorrélé. Et force est de constater qu’une véritable crise de vocation existe parmi ces profils : pourquoi manager une équipe ne fait-il plus rêver ?
Le moteur de recherche Indeed France publie les résultats de sa dernière étude menée auprès de plus de 1000 cadres en France.
1 cadre sur 5 ne souhaite pas être manager
L’étude fait ressortir que 20% des cadres, et 25% des femmes cadres, ne veulent pas gérer d’équipe. Cette proportion est encore plus élevée parmi les 35-49 ans (27%), soit la tranche d’âge la plus susceptible d’occuper des fonctions managériales. Cela interroge d’autant plus que 87% des 18-34 ans, les plus jeunes sur le marché de l’emploi, souhaitent encadrer une équipe. L’appétence managériale serait-elle d’autant plus forte que l’on ignore en quoi consiste cette fonction ?
La grande majorité des cadres aiment être managés
68% des répondants de l’étude déclarent que dans leur job idéal, ils aimeraient être managés (54% par un manager, 14% par plusieurs managers). Cette statistique atteint 72% chez les femmes, un écart très significatif avec les hommes (66%) qui pourrait être la marque d’une plus faible confiance en soi parmi les profils de femmes cadres. En miroir de ces chiffres, 32% des participants à l’étude aimeraient idéalement travailler en indépendants, sans aucun manager.
Des managers relativement usés, surtout depuis la crise sanitaire
Parmi les répondants étant actuellement managers, 66% trouvent cette fonction stressante (72% des femmes notamment) et 43% considèrent que cela représente trop de responsabilités (49% des femmes le soulignent). 1 manager sur 2 trouve que sa fonction est devenue trop difficile depuis le début de la crise sanitaire, 54% des femmes sondées partageant ce point de vue. 13% des managers vont jusqu’à déclarer qu’ils n’aiment pas diriger leur équipe. Il apparaît donc que les profils féminins trouvent le métier plus dur que les profils masculins, et que la crise sanitaire, en bouleversant les codes du management, a probablement accéléré le mal-être des managers.
Un fort attrait pour des métiers plus manuels
La quête de sens des cadres s’exprime encore au-delà : 19% d’entre eux affirment qu’un métier plutôt manuel correspondrait davantage à leur idéal, ce qui a priori ne correspond pas du tout à leur profil et à leur parcours jusqu’à présent. Chez les 18-34 ans, dont on aurait pu croire qu’ils n’ont pas encore eu le temps de se lasser des métiers de bureaux, ce chiffre atteint 23% – presque un quart d’entre eux. Et les cadres commerciaux sont même 31% à rêver d’abandonner la vie de bureau au profit de quelque chose de plus concret.
« La fonction de manager, essentielle à la performance et à la cohésion de toute l’entreprise, a été particulièrement mise à mal pendant l’année et demie de pandémie que nous venons de traverser. De nombreux cadres s’en détournent, ou ne souhaitent même pas s’y essayer. Il est urgent que les entreprises réinventent ce métier pour qu’il ne soit plus synonyme d’épuisement, de stress et de difficultés, explique Eric Gras, expert du marché du travail chez Indeed France. Un long chemin reste également à parcourir pour que les femmes gagnent en confiance en elles et continuent à conquérir de nouveaux territoires managériaux en entreprise. »