Entretien avec Christian Jimenez, directeur général délégué de Dôm Finance
Quelles sont les spécificités de Dôm Finance ?
Dôm Finance est une société de gestion qui appartient au groupe Burrus. Elle est dirigée par Vincent Priou. Ses encours ont été multipliés par 17,5 en 8 ans, de 120 millions d’euros en 2012, au moment du rachat de Dôm Finance par Alcis Gestion, à 2,2 milliards d’euros d’encours aujourd’hui. Notre offre comprend des gestions actions, obligataires et diversifiés au travers de 14 fonds et de nombreux mandats avec un objectif précis : la recherche d’alpha et la régularité de la performance. Notre clientèle est actuellement composée à 90 % d’investisseurs institutionnels.
Quel regard portez-vous sur l’investissement responsable ?
L’investissement socialement responsable est au cœur de notre démarche de gestion. Il permet de valoriser les bonnes pratiques sociales et environnementales dont l’impact est bénéfique pour toutes les parties prenantes. L’analyse extra-financière constitue un complément d’information très pertinent pour les gérants qui peuvent ainsi mieux déceler les risques potentiels et saisir de nouvelles opportunités. Nous la combinons à l’engagement actionnarial pour une meilleure efficacité. On observe aujourd’hui qu’un cercle vertueux, un phénomène de convergence durable, se met en place autour des thèmes ESG. Une dynamique de flux est en cours : sur certains marchés, il y a davantage de papiers responsables disponibles que de papiers non responsables.
Vous avez déployé un système de notation ESG. Comment s’articule-t-il ?
Nous attribuons deux notes, une note ESG et une note climat. Notre objectif est de construire des portefeuilles dont la note est significativement supérieure à la note de l’univers d’investissement et dont l’empreinte carbone est inférieure à celle de son indice de référence. Attribuer des notes suppose de détenir des données précises, c’est pourquoi nous avons lancé un appel d’offre. Nous avons retenu MSCI qui couvre un vaste périmètre de valeurs et fournit une base de données exceptionnelle par sa diversité et sa richesse. Cette dernière est complétée par le travail de veille permanent réalisé par nos équipes de gérants et d’analystes.
Quels sont les critères que vous privilégiez ?
Nous avons identifié 37 enjeux clés dans le cadre de notre approche best-in-class. Celle-ci est combinée aux exclusions normatives concernant les entreprises qui font l’objet de controverses sévères, l’armement et le charbon. Les notes ESG attribuées vont de 0 à 10 et, la note moyenne de l’univers étant de 5, les gérants retiennent les valeurs dont la note est supérieure à 5. Nous intégrons également les notes dans le processus ex-ante, c’est-à-dire dans le cadre d’un contrôle pre-trade. Une note peu élevée n’est a priori pas bloquante mais la note moyenne du portefeuille doit rester la même. Il nous faut donc réaliser des arbitrages.
Vous mentionnez plus haut l’attribution d’une note « climat ». Comment appréhendez-vous la question du changement climatique ?
Elle est centrale. Déjà chez Diamant Bleu Gestion, la société de gestion que je dirigeais et que Dôm Finance a racheté en 2019, je m’intéressais fortement à ces questions. Le score carbone était déjà un paramètre important pour les portefeuilles et, aujourd’hui encore plus qu’hier, la lutte contre le réchauffement climatique est un enjeu majeur pour nos sociétés. Nous sommes d’ailleurs abonnés aux données produites par le CDP, en plus de celles fournies par MSCI. Il est important pour nous de pouvoir afficher, pour chaque fonds, l’impact environnemental de chaque entreprise contenue dans le portefeuille. Les résultats que nous obtenons sont très encourageants : l’empreinte carbone de nos portefeuilles est significativement inférieure à celle de leurs indices de référence.
Quel a été l’impact de l’application de la directive SFDR sur votre gamme ?
Tous nos prospectus ont été mis à jour en début d’année. Dans un premier temps, 6 fonds sur les 14 qui composent notre gamme relèvent de l’article 8 du règlement SFDR (et les 8 autres fonds de l’article 6). Nous investissons beaucoup sur le sujet et 4 de ces 6 fonds seront d’ici la fin 2021 concernés par un engagement significatif de la gestion, c’est-à-dire qu’ils relèveront de l’article 9 du règlement SFDR et bénéficieront de la labellisation ISR. Les 10 autres fonds ne mettront pas en avant le label ISR mais la démarche climat y est pleinement appliquée et ils relèveront tous de l’article 8.
Propos recueillis par Thierry Bisaga