Les jeunes Français sont prêts à investir pour financer leur retraite et éviter un appauvrissement généralisé. Et si la réforme des retraites dont les Français avaient besoin était la démocratisation de l'investissement ?
Alors que la question des retraites est sur toutes les lèvres, que la crise sanitaire a rendu plus que jamais visible le besoin en fonds propres de nos entreprises, et que plus de 200 Mrds€ d'épargne dorment sur des produits d'épargne qui ne rapportent plus rien, Trade Republic et l'Ifop se sont associés pour mener une étude* sur les français et l'investissement dans les entreprises.
Les Français et surtout les jeunes Français sont-ils prêts à investir ? Comment lever les derniers freins qui les empêchent de soutenir le développement de nos entreprises en investissant à leur capital alors qu'il s'agit là du meilleur moyen de résoudre le déficit d'épargne retraite ?
Et si la vraie réforme des retraites consistait à rendre enfin accessible à tous l'investissement en actions à long terme, progressif et diversifié : 50% des Français semblent convaincus.
Les Français et la bourse
Si une large majorité de Français possèdent des produits d'épargne (84%), l'investissement en actions ne concerne qu'une faible minorité d'entre eux, majoritairement des hommes et très peu de nouveaux investisseurs.
28% des Français possèdent des actions ou souhaitent y investir. Parmi les investisseurs actuels ou potentiels, figure une importante proportion d'hommes (39% contre 18% de femmes), de CSP+ (42% ; +14pts) et de catégories aisées (54% ; +26pts). Contrairement à l'impression de montée générale des investisseurs particuliers depuis la crise du covid, les nouveaux investisseurs sont très peu nombreux, seuls 5% ayant fait leur premier achat il y a moins d'un an et 11% de ceux qui ne détiennent pas encore d'action seulement ont l'intention d'investir (-9pts, contre 59% de ceux qui en ont déjà).
Contrairement aux a priori sur le sujet, l'investissement en actions pâtit d'une opinion majoritairement positive mais encore marquée par des freins trop nombreux (trop compliqué, trop cher pour 2/3 d'entre eux, largement insatisfait du rôle des banques et des assureurs) : les femmes plus critiques et les jeunes plus favorables
Une moitié des Français (52%) déclare se faire une bonne opinion de l'investissement en actions. Ce jugement dépend particulièrement de la génération des répondants puisque 58% des moins de 35 ans (dont 65% des 18-24 ans) en ont une bonne image contre 51% des plus de 35 ans. De même les femmes sont significativement plus critiques que les hommes (46% de bonne opinion vs 59% pour les hommes).
Ceux qui se font une mauvaise opinion de ce type d'investissement le justifient avant tout par le risque perçu (31%), la méfiance à son égard (26%) et le manque de connaissances relatives à ce type de placement (19%).
Les traits d'image les plus fréquemment associés à l'investissement en actions sont également plutôt négatifs (pour 50%, contre 36% de traits d'images positifs). En effet, 27% considèrent que c'est avant tout de la spéculation en bourse qui permet d'enrichir un petit nombre d'individus et pour un français sur cinq (20%) c'est un système opaque et difficile à comprendre.
De plus, pour plus de deux tiers des Français, investir dans des actions est actuellement trop compliqué (72%) et trop cher (67%).
Les français prêts à changer leur épargne, surtout les jeunes de moins de 35 ans
2/3 des épargnants insatisfaits de leur épargne et 57% des frais bancaires. Ces résultats peuvent être mis en relief avec l'insatisfaction massive des Français vis-à-vis de ce que leur rapporte leur épargne (64% d'insatisfaits) et du montant des frais bancaires au regard de leur rendement (57%). Les épargnants se montrent assez mitigés sur la connaissance et la compréhension de différents aspects liés à leur épargne. Si plus de la moitié des interviewés concernés déclarent savoir précisément ce que leur rapporte leur épargne chaque année (63%), être bien informés sur leurs possibilités d'épargne (55%), ou encore connaître les frais prélevés par les banques et les assurances (54%), à peine plus d'1 à 2 Français sur 10 avoue être « tout à fait » au courant. Mais surtout, la connaissance et la compréhension d'aspects plus techniques, moins rapidement maîtrisables, comme le rendement réel de leur épargne (en tenant compte de l'inflation) ou la compréhension des frais prélevés par les banques et les assurances, ne concerne respectivement que 44% et 36% des répondants, dont 13% et 10% « oui, tout à fait ».
Toutefois, 2/3 des Français ne sont pas dans une posture de rejet complet et sont conscients de l'utilité et du potentiel de l'investissement en action rapportant plus que leur épargne traditionnelle.
Pour une large majorité de Français, investir dans des entreprises en achetant des actions devrait être accessible à tous et non uniquement réservé aux spécialistes financiers (81%). A un degré moindre mais largement majoritaire, 70% estiment que ce type d'investissement permet, plus que les produits d'épargne traditionnels, de contribuer directement à la croissance économique (chiffre à mettre en relief avec la proportion ultra-minoritaire qui considère que c'est un système qui a un impact négatif sur les économies nationales : 3%). De plus, une proportion proche considère que ce type d'investissement rapporte plus que l'épargne « traditionnelle » (69%).
Dans un contexte d'inquiétude financière pour 1 français sur 2 et de scepticisme vis-à-vis du système actuel de retraite (2/3 des actifs), les Français sont ouverts à de nouveaux services d'investissement en entreprise plus transparents et accessibles et surtout 2/3 des jeunes de moins de 35 ans.
55% des Français se disent plus inquiets vis-à-vis de leur situation financière du fait de la crise sanitaire actuelle et seuls 25% des actifs accordent leur confiance au système actuel pour leur assurer une retraite suffisante.
Dans ce contexte, on observe qu'en comparaison au nombre de détenteurs d'actions actuel, les Français se disent majoritairement ouverts à l'arrivée de nouveaux services d'investissement faciles et accessibles. Les moins de 35 ans sont encore une fois très majoritaires avec 65% d'intéressés parmi eux. Les hommes caracolent à 57% quand les femmes sont à 42%. Les CSP+ et dirigeants d'entreprise également (65% pour chacun) et les détenteurs actuels d'actions (71%).
« Les résultats de ce sondage mettent en avant l'importance de la pédagogie qu'il reste à faire pour inciter les Français à investir dans leur économie réelle et pour leur faire comprendre qu'investir en bourse ce n'est pas jouer à la loterie en investissant toutes ses économies d'un seul coup mais plutôt investir de petites sommes, régulièrement et dans la durée. Ce sondage montre bien que les jeunes Français semblent prêts à sauter le pas. Face à une méfiance très forte quant à leur retraite, 63% des Français estiment toucher à l'avenir une pension de retraite insuffisante. Ils prennent conscience qu'ils vont devoir investir pour mieux vieillir. Si les plus jeunes sont significativement moins nombreux à posséder des actions que leurs aînés (15% des moins de 35 ans en possèdent), ils sont aussi significativement plus nombreux à souhaiter investir à l'avenir (29% ; +9pts par rapport à la moyenne). Avec les plans d'investissement programmé de Trade Republic, les jeunes Français vont pouvoir à la fois financer l'économie réelle et les emplois de demain mais également se préparer une rente boursière future, loin des clichés de spéculation qu'on associe généralement à l'investissement en actions », déclare Matthias Baccino, Directeur France de Trade Republic.
Dans une étude exclusive à paraître à la rentrée, Marc Touati du cabinet Acdefi, alerte : « L'épargne retraite des Français au sens large est ainsi passée de 545,3 Mrds€ en 2008 à environ 950 Mrds€ en 2019-2020 (selon nos estimations), soit une hausse de 74%. Si l'on isole uniquement les actifs placés sur des régimes de retraite capitalisés et privés (qu'on appelle communément retraite par capitalisation), ce montant tombe à 290 Mrds€, soit environ 11% du PIB français (selon l'OCDE pour l'année 2019, l'année 2020 étant quelque peu biaisée compte tenu de la baisse du PIB engendrée par la pandémie). Un niveau qui peut paraître appréciable, mais qui reste très loin de ceux observés au sein des pays de l'OCDE : 217% au Danemark, 195% aux Pays-Bas, 150% aux Etats-Unis et 128% en moyenne pour l'ensemble de l'OCDE. Sans aller jusqu'à de tels niveaux, l'augmentation d'une retraite par capitalisation en France vers les 50% du PIB signifierait une augmentation de l'épargne investie sur ce type de support de l'ordre de 1 000 Mrds€ ».