Baromètre de la finance solidaire La Croix / Finansol 2020
La finance solidaire a atteint en 2020 un nouveau record avec une progression de 5 Mrds€ (+33%), soit la plus forte augmentation de collecte jamais enregistrée en valeur absolue (+80% par rapport au record précédent). C’est ce que révèle le 19ème Baromètre de la finance solidaire, publié dans le journal La Croix du 7 juin.
Avec un encours global de 20,3 Mrds€, la finance solidaire continue de séduire les Français. Ces derniers ont épargné plus que jamais avec la pandémie, et sont de plus en plus nombreux à vouloir donner du sens à leur quotidien notamment via leurs placements.
« 2020 est une année hors norme pour la finance solidaire. Elle a bénéficié des mesures positives de la loi Pacte, comme la réforme de l’épargne salariale ou l’émergence de l’assurance-vie solidaire. Par ailleurs, la finance solidaire a aussi évolué avec la crise sanitaire qui a poussé les Français à se tourner vers la liquidité et les souscriptions directes au capital des entreprises solidaires. Cette nouvelle édition du baromètre est axée sur les actions en direction de la jeunesse, qui a été particulièrement contrainte dans ses projets et son mode de vie par la pandémie. Trois exemples concrets illustrent la diversité des apports de la finance solidaire : la formation à l’éco-fabrication dans le secteur culturel, l’insertion professionnelle de jeunes handicapés ou en situation vulnérable dans plusieurs pays d’Afrique, et le développement de l’habitat intergénérationnel en France qui permet de lutter contre l’isolement et favorise, par les services rendus réciproques, une forme de solidarité concrète entre les générations. Plus que jamais pour construire le monde d’après, nous avons besoin d’épargnants engagés et patients », analyse Frédéric Tiberghien, Président de Finansol.
Les financements solidaires ont progressé à 566 M€ (+24%), un apport sans pareil pour les entreprises solidaires !
En 2020, la finance solidaire a ainsi permis :
- de soutenir 38 480 emplois (via le financement de 1 247 entreprises/associations et 4 660 microcrédits professionnels),
- d’accueillir 1 421 personnes supplémentaires dans des logements ou places d’hébergement,
- de soutenir plus de 50 acteurs du développement économique dans les pays en développement (microfinance, coopératives agricoles, entreprises sociales),
- de contribuer à l’approvisionnement de 8 372 foyers supplémentaires en électricité renouvelable,
- de soutenir 1 006 hectares d’agriculture biologique supplémentaires (l’équivalent de 704 terrains de football) à des paysans engagés dans une agriculture de proximité, biologique et à taille humaine.
La finance solidaire boostée par la loi Pacte et « l’épargne forcée » des Français
Plusieurs facteurs expliquent ces chiffres exceptionnels. A l’origine de ce dynamisme, ce sont plus de 837 000 nouvelles souscriptions de produits solidaires, sur l’ensemble des produits labellisés Finansol. Ce nombre significatif témoigne de l’accélération de la démocratisation des produits d’épargne solidaires, et de l’engouement des Français pour ces produits qui répondent à leur aspiration pour plus de transparence, de proximité et de solidarité dans la finance.
La labellisation par Finansol du fonds en euros du contrat d’Assurance-Vie Responsable et Solidaire de la MAIF, dont l’encours s’élève à plus de 2 Mrds€, est à elle seule responsable de plus de 40% de l’augmentation de l’épargne solidaire en 2020. Un point très prometteur pour 2022 et l’intégration des unités de compte (UC) solidaires dans l’assurance vie dans le cadre de la loi Pacte.
La crise sanitaire, qui a freiné la consommation des ménages et fait craindre une dégradation de la situation économique, a poussé les Français à épargner (139 Mrds€ en 2020 contre 114 Mrds€ en 2019). Une partie de cette épargne « forcée » s’est déversée jusqu’à la finance solidaire. Celle-ci a bénéficié à la croissance de l’épargne sur des livrets (+26%) : la grande majorité des livrets labellisés Finansol, restés attractifs de par leur accessibilité, leur liquidité, et leur sécurité, ont vu leur encours augmenter. Les organismes de placement collectifs (OPC), également porté par l’épargne forcée des Français, ont connu une hausse, plus raisonnée, de leur encours d’épargne (+7%). Cette hausse s’explique par un effet de marché finalement faiblement négatif à la fin de l'année couplé à une collecte dynamique.
Par ailleurs, les effets de la loi Pacte et de la loi de financement de la sécurité sociale en 2019 se sont ajoutés à ceux de la loi de modernisation de l'économie (LME) de 2008 et ont permis une augmentation de l’épargne salariale solidaire de 2 Mds€ en 2020 (+21%). Les produits solidaires des Plans Epargne Entreprise, dont la diffusion est soutenue par la baisse du forfait social pour les TPE-PME, confirment leur attractivité pour les épargnants salariés, en présentant cette année encore une croissance en valeur relative supérieure à celle des produits de l’ISR.
Enfin, les entreprises solidaires ont réalisé une belle collecte auprès des particuliers épargnants solidaires, de l’ordre de 100 M€. Deux ans après la suppression de l’Impôt sur la Fortune (ISF), l’encours d’épargne solidaire directement investie dans des entreprises solidaires atteint donc 790 M€, en croissance de 15% sur l’année.
Côté financement solidaire, ce sont cette année 566 M€ qui ont été investis vers des organisations à forte utilité sociale et environnementale, en croissance de 24% par rapport à l’an dernier. Cette croissance est d’autant plus remarquable que les organisations soutenues par les financeurs solidaires ont souvent été particulièrement exposées aux effets de la crise sanitaire en cours, du fait de leurs secteurs d’activité ou par les publics fragiles pour lesquels elles agissent. Le soutien des financeurs ne s’est donc pas démenti pendant cette année 2020 : preuve, s’il en est, que les entreprises solidaires sont un secteur d’innovation et de résilience.