Par Julien Gargowitsch, CEO de Nicholson Search and Selection.
Contrairement à la crise financière de 2008, guidée par l'incertitude totale et la crainte de recruter en l'absence de projection, la crise sanitaire actuelle ne semble pas entraver les projets de développement et de recrutement de la FrenchTech. Pour certaines startups, la crise a été un accélérateur de business quand pour d'autres, plus impactées, elle leur a permis de prendre de la hauteur sur la structuration de leur entreprise, étudier leur croissance. Dans les deux cas, les projets de recrutement ont repris dès l'automne dernier et notamment, des profils à haut potentiel. Du côté des salariés, la crise et les différents confinements ont suscité chez certains la volonté profonde de changer de cadre de travail ou de changer d'entreprise.
Lorsqu'on est un talent à haut potentiel, quels pourraient être les avantages à privilégier une carrière au sein d'une startup et ce, en fonction de sa maturité ? Quels sont les critères permettant de mesurer les risques, inhérents à tout changement, et s'assurer de s'épanouir dans ce nouveau challenge ?
Une introspection indispensable
Dans un contexte où la crise sanitaire a bousculé l'environnement de travail sans épargner l'écosystème des startups, la démocratisation du télétravail a permis à chacun d'entre nous de prendre le temps de s'interroger sur son cadre de vie, son équilibre vie professionnelle / personnelle et déclenché pour certains un souhait de changement de carrière. Dans le contexte où 90% des salariés jugeaient important de trouver un sens à leur travail au moment du 1er déconfinement, la question de rejoindre la startup nation se pose pour de nombreux professionnels, qu'il s'agisse de métiers IT ou autres (commercial, marketing, droit, finance…).
L'écosystème FrenchTech attire par la diversité des secteurs qu'il a transformés autant que par les différents degrés de maturité des startups ; une richesse permettant de susciter l'intérêt de profils à haut potentiel ayant des appétences tout aussi variées. Pour bien choisir parmi les milliers de postes offerts par cet écosystème, il est donc nécessaire de faire son introspection en dressant l'inventaire de ses compétences, de ses qualités humaines comme de ses envies.
Les valeurs d'entreprise, des éléments essentiels dans sa prise de décision
Un bon recrutement est avant tout l'art de faire correspondre un CV et une personnalité d'un côté avec une opportunité de carrière et la capacité à rassembler chaque salarié autour d'une culture d'entreprise commune de l'autre. Au même titre qu'un candidat ne se résume pas uniquement à ses compétences techniques mais dispose de qualités humaines qui lui permettront de se distinguer, une entreprise ne se réduit pas uniquement à un secteur d'activité, une ambition et des enjeux à relever sur un marché plus ou moins concurrentiel. Rejoindre une entreprise, c'est aussi se regrouper autour de valeurs communes. Dans ce cadre, c'est au candidat de se renseigner sur le sujet pour déterminer si la personnalité de l'entreprise lui correspond. Une identité de marque qui parle à ses salariés favorisera à la fois la performance de ses équipes et contribuera à retenir les talents de l'entreprise, indispensables à la consolidation et l'accélération de la croissance.
La solidité de l'entreprise, un filet de sécurité et de sérénité pour la rejoindre
L'introspection effectuée et les contours d'un poste étudiés, il reste à examiner la maturité de l'entreprise et les garanties qu'elle peut avoir auprès d'investisseurs ou d'actionnaires. Force est de constater que le monde des startups a énormément évolué par rapport à il y a encore 10 ans : pouvant bénéficier assez facilement de fonds au moment de leur lancement, elles peuvent aujourd'hui croître grâce au soutien d'investisseurs, qu'ils soient publics ou privés. Certes, le montant d'une levée de fonds ne détermine ni la pérennité ni la réussite de l'entreprise. Pour autant, il lui confère une certaine stabilité si la startup a su gagner la confiance d'investisseurs clés et pu transformer l'essai après l'opération. En parallèle, dans le contexte de la crise sanitaire et économique, le capital-risque français a tenu bon. L'an dernier, la FrenchTech a levé 928 millions d'euros entre juin et septembre (+8,5% vs /T3 trimestre 2019). Surtout, le secteur a été soutenu par le gouvernement dès le début du confinement et va bénéficier d'une enveloppe de 7,1 Mrds€.
Rejoindre une start-up sans levée de fonds nécessite une analyse à part même si ce défi peut être également intéressant. En revanche, intégrer une toute jeune pousse peut représenter un risque mais apporte en parallèle un potentiel d'évolution énorme au candidat. Entre stabilité financière et perspective d'évolution, c'est à chaque candidat de trouver un juste milieu.
Quelle que soit la taille, la maturité, le secteur de la startup ou le défi à relever, rejoindre une startup lorsqu'on est un profil à haut potentiel permet de se lancer dans une aventure humaine. S'y retrouver ouvre le champ des possibles avec un risque mesuré ; une opportunité plus limitée dans une PME ou dans un grand groupe, régi par un process managérial verrouillé et codifié. En définitive, même dans ce contexte de crise, rejoindre une startup ne représente plus un véritable risque pour les profils seniors mais davantage une opportunité de relever un challenge ; un modèle d'épanouissement et un levier pour sa carrière.