Dans une note récemment publiée, l'Observatoire des multinationales, publié par l’association Alter-médias, qui publie également le site d’informations Basta ! (www.bastamag.net) révèle que les 40 plus grands groupes français vont verser plus de 51 Mrds€ à leurs actionnaires, soit une hausse de 22% par rapport à 2020.
"Sur la même période, le résultat net agrégé du CAC40 a pourtant chuté de 55% et 100% de ses membres ont bénéficié d'aides publiques liées à la pandémie sans aucune condition sociale, fiscale ou écologique.
L'appel des pouvoirs publics à « la modération » sur la rémunération des actionnaires en raison de la crise sanitaire aura fait long feu. En 2020, seule une minorité d'entreprises qui y étaient plus ou moins obligées les avaient supprimés ou réduits : le CAC40 avait tout de même versé près de 42 Mrds€ de dividendes et rachats d'actions en pleine pandémie de Covid19".
L'observatoire explique que la rémunération se répartit de la manière suivante : 43,7 Mrds€ de dividendes et 7,3 M€ de rachats d’action, "Et ce, bien que les banques soient toujours strictement limitées par les autorités monétaires européennes. Soit l’équivalent de l’ensemble des dépenses de personnel annuelles des hôpitaux publics ! Alors que 100% des membres du CAC40 bénéficient d'aides publiques (chômage partiel, plans d’urgence, plan de relance, soutien de la BCE, recapitalisation, etc), ce sont les grandes familles du capitalisme français (Bettencourt, Arnault, Pinault etc) et les gestionnaires d'actifs (Blackrock, Vanguard, Amundi etc) qui vont profiter de cette hausse massive".
L'observatoire des multinationales explique par ailleurs que cette rémunération généreuse représente 140% des profits agrégés du CAC40 en 2020. “Un nombre conséquent de ces multinationales ont donc pioché dans leur trésorerie, souvent abondée par les pouvoirs publics, pour rémunérer les actionnaires : était-ce l'objectif des aides publiques que de garantir une hausse des dividendes en 2021 ?”, s’interroge Maxime Combes, co-auteur de cette publication sur les dividendes du CAC40.
Pour les auteurs, les aides publiques aux grandes entreprises ont explosé avec la crise sanitaire, mais le gouvernement refuse systématiquement d’y mettre des conditions en matière de dividendes, de préservation de l’emploi ou du climat. “Comment justifier un tel refus aujourd'hui alors que ces 51 Mrds€ ne profitent qu'à une toute petite minorité et que le reste de l'économie (PME, petits commerces, services publics, secteur culturel et non lucratif) s'enfonce dans la crise ?”, demande Olivier Petitjean, l’autre co-auteur.
La publication de cette note s'inscrit dans un travail au long cours de l'Observatoire des multinationales pour "débusquer les corona-profiteurs du CAC40 et mettre en évidence pourquoi les aides publiques au secteur privée devraient être transparentes et conditionnées".
- Le rapport d'octobre 2020 de 16 pages, Allo Bercy #1
- La note de 2 pages, Allo Bercy #2