Le mardi 6 avril, le Cercle des économistes, en collaboration avec Radio France, franceinfo, le groupe EBRA et le Dauphiné Libéré, a réuni 40 acteurs de la technologie, de la recherche et de l’innovation lors d’une grande journée de débat public.
Universitaires, entrepreneurs, responsables politiques, chefs d’entreprise et chercheurs sont intervenus en direct devant un public connecté en ligne pour répondre à une question devenue primordiale : « La France est-elle toujours dans la course technologique ? ».
La crise de la Covid 19 nous a fait prendre conscience de la très grande fragilité de la France : sa position dans la recherche, l’innovation et le développement n’a cessé de se dégrader au fil des décennies ! La France n’est désormais que le 13e pays au monde et seulement le 7e de l’Union Européenne en dépenses de recherche et développement, n’y consacrant que 2,2% de son PIB. Elle est distancée par les grandes nations innovantes que sont les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du nord de l’Europe et la Corée du Sud, qui approchent voire dépassent les 3%.
Pour revenir dans la course, le Cercle des économistes propose de s’appuyer sur 10 propositions qui rétabliront la France parmi les grandes nations innovantes :
Axe I > Remettre la recherche au cœur des préoccupations économiques et sociales.
- Porter les dépenses de recherche et développement en France à 3% du PIB, soit une augmentation de 20 Mrds€ par an, afin de nous porter à hauteur de grandes nations innovantes comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou les pays du nord de l’Europe.
Axe II > Créer un vrai écosystème de recherche public-privé.
- Développer des fondations détenant une capacité de recherche et de financement massive permettant de mener des projets de recherche ambitieux et de long terme. Celles-ci réuniraient les grandes écoles, les universités et les centres de recherche.
- Privilégier une approche “bottom-up”, structurée en grandes filières, des agences de recherche nationales, en concentrant leur rôle à celui de sélection, financement et accompagnement de projets présentés par des équipes de recherche, publiques et privées.
- Cibler nos efforts de financement dans des écosystèmes très portés vers l'avenir, répondant à 4 critères :
- Ils s'appuient sur des marchés publics et/ou affirmés,
- Ils doivent mobiliser un ensemble de technologies numériques, mais également mécaniques ou chimiques,
- Ils se développent en partenariat étroit avec des institutions de recherche,
- Ils partent de compétences existantes mais peu développées, souvent liées à des pôles de compétitivité.
Nous pouvons l'illustrer de multiples manières, par la robotique, les énergies de la mer, l’imagerie médicale, les biotechnologies ou encore les télécommunications à partir de la 5G.
Axe III > Bâtir une Europe de la technologie.
- Créer, au niveau européen, des agences sur le modèle des DARPA et BARDA américaines pour financer les innovations de rupture. Ces agences couvriraient les grands projets européens dans les domaines de la défense, de l’aérospatiale, de l’énergie, de la microélectronique, du numérique et de la santé.
- Mettre en place un “Buy European Act”, qui réserve aux entreprises européennes l’accès aux marchés publics dans certains secteurs innovants afin de stimuler la demande dans ces technologies. Le développement technologique à l’échelle d’une société ne peut en effet avoir lieu que si les innovations sont portées par l’offre mais aussi par la demande. Cette première mesure doit être complétée par des incitations d’adoption et achat de nos technologies françaises et européennes auprès des entreprises et des ménages.
Axe IV > Construire une société animée par la connaissance scientifique.
- Revaloriser les métiers industriels et techniques, quel que soit leur niveau de formation, et faciliter leur accès aux formations économiques et commerciales.
- Développer la formation par la recherche, en imposant un stage de 6 mois dans un centre ou une institution de recherche à tous les étudiants en formation supérieure dans les sciences, y compris les sciences sociales et économiques. Ce stage peut s’effectuer dans une institution française ou européenne.
- Proposer des rémunérations plus attractives pour les carrières des chercheurs. En plus de l’approche “bottom-up” des agences de recherche nationales, qui contribuera à augmenter le financement de projets de recherche (cf proposition 3), il convient de renforcer les crédits de base octroyés aux unités de recherche afin d’assurer aux chercheurs une rémunération plus importante et un cadre de travail satisfaisant.
- Créer des certifications afin d’améliorer l’intégration des titulaires de doctorat sur le marché du travail, pour les placer dans les catégories supérieures des grilles de rémunérations.
Voir l’ensemble des débats menés pendant cette journée ICI.
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En route vers les Rencontres Économiques
Toute l'année, le Cercle des économistes anime le débat économique
autour du thème : « Saisir l’avenir, ensemble ».
Des événements réguliers ouverts à tous pour nourrir les réflexions et donner la parole à chacun sur les questions économiques et sociales jusqu’aux Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence les 2-3-4 juillet. Cet événement a été la troisième étape d’un cycle de conférences organisé par Le Cercle des économistes dans toute la France.
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Le Cercle des économistes : des universitaires avec une conviction commune,
l’importance d’un débat ouvert et accessible.
Les membres du Cercle des économistes :
Philippe AGHION, Yann ALGAN, Patrick ARTUS, Emmanuelle AURIOL, Françoise BENHAMOU,
Jean-Paul BETBÈZE, Laurence BOONE, Stéphane CARCILLO, André CARTAPANIS,
Jean-Marie CHEVALIER, Hippolyte d'ALBIS, Christian de BOISSIEU, Lionel FONTAGNÉ,
Pierre-Yves GEOFFARD, Patrice GEOFFRON, Pierre JACQUET, Bertrand JACQUILLAT,
Jean-Hervé LORENZI (Président), Catherine LUBOCHINSKY, Philippe MARTIN, Valérie MIGNON,
Olivier PASTRÉ, Anne PERROT, Jean PISANI-FERRY, Jean-Paul POLLIN, Hélène REY,
Dominique ROUX, Christian SAINT-ETIENNE, Akiko SUWA-EISENMANN, David THESMAR,
Philippe TRAINAR et Alain TRANNOY.
Membres en disponibilité :
Agnès BENASSY-QUÉRÉ, Benoit CŒURÉ et Claire WAYSAND.