Par Christophe Grosset, Responsable du développement chez Spectrum Markets
L’Europe des marchés dérivés reste à faire. Trop de produits proposés dans certains pays ne sont pas commercialisés à l’échelle du Vieux Continent. Pour les plateformes boursières paneuropéennes, l’enjeu est de taille : répondre aux besoins d’une clientèle d’investisseurs particuliers dont les comportements et les aspirations s’uniformisent.
L’appétit grandissant des investisseurs particuliers européens pour les marchés financiers doit s’accompagner du côté des plateformes alternatives par l’augmentation de l’offre de produits proposés. Cet élargissement de la gamme disponible à tout investisseur particulier passe en premier lieu par une harmonisation de l’offre en matière de produits dérivés de bourse à l’échelle européenne. Ces produits s’adressent, bien entendu, à des investisseurs avertis, disposant d’un minimum de culture financière pour appréhender le couple risque/rendement afin de choisir le support adapté aux attentes de chacun.
Mais une fois ces précautions prises, que constate-t-on ? Qu’un investisseur français, allemand, italien ou suédois ne dispose pas tout à fait des mêmes produits dérivés de bourse à sa disposition. Les « trous dans la raquette » restent nombreux, à en juger par les données fournies par l’Eusipa (European Structured Investment Products Association). Les marchés dérivés de bourse ne concernent pas uniquement les produits à effet de levier mais également toute une gamme de produits permettant de protéger son capital ou encore des produits dits de rendement ou de participation.
Commercialiser en France un produit dérivé déjà proposé dans un autre pays engendre un coût marginal
Le constat est donc limpide : l’industrie financière européenne reste, pour le moment, trop fragmentée en ce qui concerne les places de négociation et donc l’accès à ces produits. L’Europe des marchés financiers n’est pas encore une réalité même si elle progresse et si le Brexit place au pied du mur les dirigeants de l’UE pour approfondir l’intégration dans un environnement de grande incertitude. Certes, les produits dérivés de bourse actuellement disponibles sur le marché français correspondent globalement aux attentes de la clientèle française mais certains produits échangés en Italie ou Allemagne, par exemple, seraient susceptibles d’intéresser des investisseurs en France. C’est justement la vocation de plateformes boursières alternatives paneuropéennes de pouvoir proposer leur commercialisation à l’ensemble des investisseurs, où qu’ils se trouvent en Europe. D’autant que la diffusion en France d’un produit déjà existant dans un autre pays engendre un coût très marginal.
Par conséquent, l’élargissement de l’offre de produits dérivés de bourse doit devenir une réalité pour les investisseurs particuliers afin qu’ils puissent accéder au même environnement et à la même gamme de produits disponibles quel que soit l’endroit où ils passent leurs ordres, en France, en Allemagne, en Italie ou en Espagne. A moins de considérer que les produits dérivés de bourse ne sont pas destinés aux « traders » particuliers et que ces derniers ne sont pas assez mûrs pour investir sur ce type de produits. Or, les volumes échangés sur les plateformes boursières plaident pour le contraire. L’engouement des investisseurs particuliers pour les produits dérivés de bourse se confirme trimestre après trimestre. Il est temps d’adapter l’offre disponible et de répondre aux attentes de cette nouvelle clientèle avertie qui se sent profondément européenne.