Par Cormac Weldon, Head of US Equities chez Artemis IM
A l’heure où nous écrivons, les valorisations des actions américaines sont à leur plus haut niveau - ou presque. Et pourtant nous continuons de penser que leurs perspectives sont attrayantes. Pourquoi ? Voici au moins trois bonnes raisons :
Un contexte favorable
En fait, la FED et l’Administration Biden sont en train de soutenir l’économie américaine, tant d’un point de vue monétaire que fiscal. La FED est intervenue pour limiter les dégâts économiques provoqués par la pandémie. Elle a lancé un programme de prêts à hauteur de 2,3 billions de dollars en faveur des ménages, des employeurs, des marchés financiers ainsi que des gouvernements d’Etats des Etats-Unis et des communes. « Nous déployons ces facilités de prêts sans précédent et…nous continuerons de la sorte… tant que nous ne serons pas certains d’être pleinement sur la voie du redressement », avait annoncé Jerome Powell, Président de la FED en avril 2020.
Il a tenu parole. Le 23 mars 2020 la FED annonçait en effet ‘un assouplissement quantitatif pour toujours (QE4ver)’ en disant qu’elle achèterait des titres ‘dans les quantités requises pour soutenir le bon fonctionnement du marché et garantir la transmission efficace de la politique monétaire vers des conditions financières plus larges’. Depuis, la FED a acheté mois après mois au moins 80 billions de dollars de Bons du Trésor américain et 40 billions de dollars de titres adossés à des hypothèques résidentielles et commerciales. Entre la mi-mars et le début du mois de décembre 2020, le portefeuille de titres de la FED est passé purement et simplement de 3,9 billions de dollars à 6,6 billions de milliards.
En plus de ces mesures et tout en maintenant les taux d’intérêts à zéro ou presque, la FED intervient encore davantage : par exemple en octroyant des prêts aux sociétés de valeurs mobilières. Or même les pouvoirs et les outils de la FED - tout aussi impressionnants qu’ils soient - ne suffisent pas pour faire face aux dégâts économiques liés au Covid. C’est la raison pour laquelle le Congrès américain et le Président Biden sont également intervenus au plan fiscal, sous la forme d’un soutien aux entreprises et de chèques pour chaque ménage. Plus récemment, il semble que le plan de sauvetage américain (American Rescue Plan) de 1,9 billions de dollars du Président Biden permettra d’injecter encore plus de liquidités dans le système. Ce qui semble confirmer l’adage boursier concernant les actions :’Une marée montante soulève tous les bateaux’.
Une crise sanitaire bientôt sous contrôle
Au-delà de l’économie, le coût humain du Covid est presque inimaginable : environ 550 000 décès, quelque 10 millions de chômeurs, des entreprises et des vies dévastées. Heureusement, la vitesse avec laquelle des vaccins efficaces ont été développés constitue un témoignage durable de l’ingéniosité de l’être humain. Les Etats-Unis sont le numéro un mondial pour ce qui est de la vaccination ; et les entreprises pharmaceutiques ont promis de fournir suffisamment de doses pour vacciner 130 millions d’Américains d’ici la fin mars et 300 millions d’ici la fin mai. On s’approche de ‘l’immunité collective’. Si cela est exact, alors les gros volumes d’épargne accumulés pendant la crise sanitaire et la demande latente devraient permettre de voir des pans très déprimés de l’économie américaine retourner à une situation quelque peu normale. Les prévisions de croissance économique pour le quatrième trimestre de 2021 sont très encourageantes.
Les entreprises qui ‘assurent’
Au cours de la crise du Covid nous avons été impressionnés par la réactivité d’un grand nombre d’entreprises. Elles ont contrôlé leurs coûts, trouvé une nouvelle façon de travailler et répondu aux besoins de leurs clients. Bien entendu, ce sont surtout les géants technologiques qui ont fait les manchettes des journaux ; mais beaucoup de sociétés plus traditionnelles ont aussi exploité les opportunités du commerce en ligne offertes par la crise du Covid. Et des valeurs considérées comme étant ennuyeuses - comme celles du transport ferroviaire - joueront un rôle crucial dans le redémarrage de la consommation sur lequel nous tablons. Nous voyons donc des opportunités pour un grand nombre de sociétés qui ‘assurent’.
Bien entendu, il existe des risques. L’inflation reste étonnamment modérée. Une hausse inattendue des taux d’intérêt et des rendements obligataires déstabiliseraient le marché actions - et pourrait contrarier un marché de l’immobilier déjà à son plus haut niveau depuis dix ans. De nouvelles formes plus virulentes du Covid pourraient apparaître. Certains secteurs et certaines valeurs sont déjà assez chers.
Mais dans l’ensemble ? Alors que nous sommes à l’affût de sociétés saines aux perspectives prometteuses et pour lesquelles le potentiel de hausse est supérieur au risque de baisse, nous nous trouvons face à une pléthore d’entreprises de qualité qui se font concurrence pour trouver une place dans les portefeuilles que nous gérons.