Si on veut maintenir la médecine de montagne, nécessaire aussi aux populations locales, une compensation intégrale des pertes doit être envisagée très rapidement
Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des Médecins de France, a été alertée par l'Association des Médecins de Montagne sur la situation dramatique des 69 cabinets de montagne et stations de ski, situés en Auvergne-Rhône-Alpes, conséquence de la crise sanitaire.
Si rien n'est fait rapidement, le risque est réel de fermeture des cabinets médicaux ce qui entrainera la destruction du maillage médical actuellement en place. En 1 an, entre décembre 2019 et décembre 2020, on constate une baisse du chiffre d'affaires d'au moins 58% !
« Les cabinets médicaux sont des entreprises presque comme les autres. Avec des investissements, des emprunts, des crédits, des loyers et des salariés, ils sont les seuls à ne pas être soutenus ni même évoqués dans les plans de soutien. Cette activité spécifique entraine un coût de structure très élevé : soit environ 200 000€ de matériel hors immobilier, des loyers mensuels d'environ 2500 €/mois hors charges. Si les médecins ne peuvent assumer financièrement ces charges lourdes, ils devront quitter la montagne et ce serait une catastrophe sanitaire puisqu'aucun hôpital ne pourra absorber la charge », regrette Corinne Le Sauder.
L'activité spécifique des Médecins de Montagne
La médecine de montagne en station de sport d'hiver est caractérisée par la réponse de soins aux demandes de la population résidente, touristique, des saisonniers, ainsi que de la traumatologie liée aux sports d'hiver. Cette spécificité nécessite un plateau technique adapté : radiologie, échographie, médecine d'urgence (matériel d'oxygénation, scope, défibrillateur, oxymètre et matériel d'intubation), petite chirurgie.
95% des blessés liés à la pratique des sports d'hiver sont pris en charge entièrement dans les cabinets médicaux de station.
Avec un nombre d'habitants multipliés par 10, c'est entre 130 000 à 140 000 accidents de sports d'hiver de décembre à fin avril qui sont pris en charge par les cabinets de montagne et ce en complément des soins apportés aux saisonniers et à la population locale suivie à l'année.
Corinne le Sauder complète : « En cas de disparition de ces cabinets de montagne, c'est 100 % des blessés des sports d'hiver et toute la population locale qui devront être pris en charge par les hôpitaux des vallées. Ce qui est impossible. Pire, la pratique des soins d'urgence sera empêchée par une distance moyenne d'environ 27 km avec les samu et smur les plus proches soit dans le meilleur des cas une attente de 30 à 40 minutes, par la route, de 15 et 35 minutes, en hélicoptère. Sans imaginer une simultanéité d'accidents graves. »
L'abandon des médecins de montagne, c'est l'abandon du nécessaire maillage médical en station sur lequel travaille depuis de nombreuses années médecins de Montagne et ARS ARA.
Médecine, montagne, association
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