Pour la deuxième année consécutive, Mazars et l’association Financement Participatif France (FPF) publient le baromètre de référence du financement participatif en France. Ce baromètre se fait l’écho de la vitalité et de la diversité des modes d’intervention du crowdfunding.
En 2020, 1,02 Mds€ a été collecté sur les plateformes de financement participatif, soit une croissance de 62% par rapport à l’année 2019.
Les plateformes de crowdfunding ont su se mobiliser pendant la crise pour répondre aux besoins des acteurs économiques, avec 115 616 projets et entreprises financés :
- 54 162 projets de particuliers
- 43 202 projets d’acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS)
- 13 796 projets de TPE / PME / ETI
- 2 950 projets de start-ups
- 608 projets d’opérateurs immobiliers
- 898 projets autres (dont collectivités)
Cette croissance s’explique pour différentes raisons, notamment :
- la multiplication des campagnes de don sans récompense à destination des associations de solidarité ou personnes en difficultés en raison de la Covid-19 ;
- le succès toujours grandissant du secteur de l’immobilier auprès des investisseurs : un secteur qui se porte très bien, malgré des retards de chantier, avec une collecte de 561,17 M€ ;
- l’appui aux entreprises en difficultés avec notamment la possibilité pour les intermédiaires en financement participatif (IFP) de distribuer des prêts garantis par l’État à hauteur de 90% ;
- l’apport de fonds propres via les plateformes d’investissement en capital aux développeurs d’énergie renouvelables et aux entreprises très endettées suite à la crise.
Au 31 décembre 2020, l’Orias - registre des intermédiaires en assurance, banque et finance - dénombrait 166 intermédiaires en financement participatif (IFP : plateformes de don et prêt), et 62 conseillers en investissements participatifs (CIP : plateformes d’investissement en capital, obligations, et minibons).
Le financement participatif en don
Si le secteur du don stagnait autour de 80 M€ ces deux dernières années, il a connu un pic en 2020, avec une collecte de 218,5 M€, dont 52 M€ à destination de projets humanitaires et solidaires. En effet, le contexte de crise sanitaire dans lequel nous nous trouvons a suscité, dès le premier confinement, des élans de générosité et de mobilisation des citoyens via les plateformes de crowdfunding sans précédent, avec des dons de 246€ en moyenne pour la catégorie don sans récompense (versus 93€ en 2019).
Au-delà de la solidarité, le crowdfunding en don permet également à des projets économiques (pour 65,1 M€) ou à des projets culturels (pour 71,2 M€) de voir le jour ou de se développer. C’est la typologie de financement qui illustre le mieux la variété des projets financés par le crowdfunding.
Le financement participatif en prêt
Ce sont plus de 741 M€ qui ont été collectés en 2020 sur les plateformes, contre 508 M€ en 2019.
L’emprunt obligataire continue de tirer le secteur du prêt puisqu’il concerne 90,5% des volumes collectés, avec des montants moyens de collecte de 403 466€. Il s’agit pour l’essentiel de financement de promoteurs immobiliers. En effet, le secteur de l’immobilier représente 555 M€, soit 75% de la collecte en prêt. Le second secteur reste celui de l’environnement et des énergies renouvelables avec 96 M€ collectés suivi par les commerces et services (44 M€). À noter qu’aux 56 M€ collectés en prêt rémunéré s’ajoutent 111 M€ qui viennent abonder les collectes sur certaines plateformes via des fonds de prêts.
Un nouveau type de prêt fait son entrée dans le baromètre 2020 : les prêts garantis par l’État. Trois plateformes IFP ont octroyé pour 4,8 M€ de PGE à 94 entreprises en difficultés à cause de la crise, montant complété par 7,3 M€ via les fonds de prêt.
Le financement participatif en investissement
Avec 59,2 M€ collecté en capital ou en royalties, l’investissement connait une croissance de près de 43% par rapport à l’année 2019. A noter que l’investissement via les plateformes de crowdfunding se fait souvent en co-investissement avec des acteurs institutionnels. Ainsi, ce sont 107,6 M€ qui ont été co-investis dans les startups et entreprises.
C’est le secteur de l’environnement et des énergies renouvelables qui arrive en premier, avec 17,7 M€ collectés, suivi des secteurs des commerces et services, et de la santé et recherche scientifique pour 10,3 M€ chacun.
Des financeurs multirécidivistes
Qui sont les financeurs sur les plateformes de crowdfunding ? Les financeurs, qu’il s’agisse de don, de prêt ou d’investissement, ont en moyenne entre 40 et 46 ans et sont pour près de 80% des hommes.
En revanche, une donnée notable est qu’ils sont « serial financeurs ». En effet, sur une plateforme de don, un donateur contribue en moyenne à deux projets. Sur une plateforme de prêt, ce sont trois entreprises qui sont financées. Et sur une plateforme en capital ou en royalties, un investisseur finance deux projets en moyenne. Sachant que les données collectées auprès des plateformes ne nous permettent pas de croiser le nombre de financeurs inscrits sur plusieurs plateformes. Ainsi, un financeur peut financer en moyenne deux projets par plateforme sur une dizaine de plateformes différentes. Les financeurs ont compris l’intérêt de diversifier leur portefeuille et de prêter de petits montants, à plusieurs projets.
« Malgré un contexte économique particulier le financement participatif a vu en 2020 sa collecte progresser de manière significative et symbolique. L’ensemble des projets proposés par les plateformes ont enregistré un mouvement haussier et le nombre de dons, prêts et investissements confirment l’attrait fort des particuliers que nous remercions chaleureusement pour leur contribution au développement de ces projets.
En 2020, le financement participatif a une nouvelle fois prouvé, notamment via la distribution du PGE aux TPE/PME, sa crédibilité dans les circuits de financement de l’économie. Il faut ajouter à cela les magnifiques élans de solidarité locaux et nationaux engagés sur les plateformes depuis le mois de mars 2020 », constate Jérémie Benmoussa, Président de Financement Participatif France
« Le crowdfunding réalise une année record en 2020 et démontre une vraie adéquation entre les demandes des porteurs de projet et les aspirations des épargnants. La transparence, la proximité et la simplicité offerte par le digital constituent la force du financement participatif, un écosystème qui séduit à la fois les chefs d’entreprise, le monde associatif, les investisseurs et les donateurs.
Le crowdfunding joue indéniablement son rôle de financeur alternatif et intervient de plus en plus en complémentarité avec les banques et les fonds d’investissement dans les territoires. Tous les secteurs d’activité sont aujourd’hui concernés : des plus traditionnels aux plus innovants.
Enfin, et c’est l’un des principaux enseignements de cette année, le crowdfunding s’affirme comme un outil de générosité particulièrement efficace qui a permis de déployer des campagnes solidaires remarquables au cours la période de crise sanitaire et économique que nous traversons », conclut Bertrand Desportes, Associé Mazars en France.