Par Stéphane Gillet, Directeur France de SAP Concur.
Recherche d'efficacité, développement de nouveaux business models, internationalisation… Dans les entreprises, la transformation digitale entraîne des bouleversements sans précédent. Pour accompagner la direction générale dans ces changements et rendre l'entreprise plus agile, le rôle du Directeur Administratif et Financier évolue et dépasse le cadre technique. Grâce à sa fine connaissance de l'activité de l'entreprise, il devient à la fois leader du changement et copilote de la performance. Quels sont les principaux défis auxquels doit s'attendre le DAF de demain ?
Piloter la performance de l'entreprise
La direction administrative et financière a longtemps été considérée comme un service qui produit des informations financières, sans interactions avec les autres métiers. Mais face aux enjeux auxquels font face les entreprises, le DAF s'est mis à porter des projets dépassant le cadre financier : optimisation des coûts, mise en place de CSP (centre de services partagés), implémentation de solutions informatiques pour l'entreprise (ERP, dématérialisation des factures, etc.). Il accompagne désormais les opérationnels dans l'implémentation d'outils de suivi du business et met à disposition des différentes directions de l'entreprise des tableaux de bord incluant des indicateurs métiers et financiers. Non seulement il contribue à améliorer la performance financière grâce à une meilleure sensibilisation des directions métiers à la culture du chiffre, mais il participe à améliorer la performance de l'entreprise, ainsi que son image interne et externe. Le DAF de demain est donc un CPO (Chief Performance Officer), un référent en matière de performance opérationnelle.
S'intéresser à l'environnement concurrentiel de son entreprise
La compétitivité devenant un enjeu de taille pour les entreprises, le DAF 4.0 acquiert une parfaite connaissance des métiers de l'entreprise et de son environnement concurrentiel. Il s'intéresse aux processus et aux méthodes financières des autres entreprises, se renseigne sur leur organisation, leurs coûts, leurs ressources humaines. Il propose ensuite des solutions pour maintenir ou améliorer le positionnement de son entreprise vis-à-vis de ses concurrents.
Avoir une appétence particulière pour les technologies
Pour contribuer à la croissance de l'entreprise, le DAF de demain apportera une aide à la décision et des conseils en temps réel, basés sur des données. Les nouvelles technologies telles que la business intelligence, le Big data ou l'IA font partie de son vocabulaire quotidien. Celles-ci lui permettent de réaliser plus rapidement et efficacement des tâches répétitives. La business intelligence automatise certaines tâches et dégagent du temps pour les collaborateurs des services financiers. Le Big data et l'Intelligence Artificielle, quant à elles, permettent d'obtenir une analyse prédictive des données financières de l'entreprise. Il devient ainsi possible d'étudier l'ensemble des actions comptables et opérationnelles envisageables, mais aussi d'améliorer le suivi de la trésorerie, élément crucial pour une bonne gestion de l'entreprise. Non seulement la prise de décision est améliorée, mais les gains de temps sont considérables. Ces nouvelles technologies modifient en profondeur le quotidien des collaborateurs des directions financières, et nécessitent de nouvelles compétences.
Développer les compétences de ses équipes
Au-delà de la saisie, de la vérification et de l'analyse de données, les fonctions financières ont besoin de compétences pour exploiter un volume de données toujours plus important. La donnée fournit à l'entreprise un éclairage et bien analysée, elle contribue à améliorer sa rentabilité. Ainsi, le DAF s'entoure de nouveaux profils, experts de la data : data analysts, data scientists... Pour fédérer les directions métiers ainsi que l'écosystème de l'entreprise (clients, prestataires, etc.) autour des projets de digitalisation, le DAF 4.0 disrupte les modèles traditionnels de recrutement en misant avant tout sur des collaborateurs à fort potentiel évolutif plutôt que sur des “profils” et une fiche de poste exhaustive.
Être à la fois communicant et leader du changement
Bien plus qu'un expert technique, le nouveau DAF est un communicant qui informe les directions concernées de son analyse des données. Il doit se montrer particulièrement agile et posséder des “soft-skills” telles que le leadership, de réelles capacités de communication, un investissement auprès des directions opérationnelles ou encore une solide connaissance des outils technologiques. Il accompagne le changement dans l'entreprise, en gardant toujours à l'esprit que le facteur de différenciation est l'humain, en complément de la technologie.
Grâce à son expertise dans l'analyse de données et sa grande connaissance de l'organisation, le DAF 4.0 est le pilier de la transformation digitale et un réel partenaire avec lequel toutes les fonctions doivent collaborer pour faire prospérer l'entreprise. Il sera capable de créer un modèle d'entreprise durable conciliant préoccupations environnementales (réduction d'émissions de carbone et de consommation d'énergie, sensibilisation des collaborateurs aux défis environnementaux…) et création de valeur sociale et économique, cruciales pour garantir sa pérennité.
Finalement, le DAF du futur est celui qui saura déterminer la stratégie et la performance de l'entreprise de demain en fonction des décisions prises aujourd'hui. Dans une époque à laquelle on attend des entreprises qu'elles prennent de la hauteur et qu'elles soient capable de s'inscrire dans une logique de durabilité aux niveau social, environnemental et économique la capacité du DAF à intégrer ces préoccupations à la stratégie de l'entreprise sera particulièrement appréciée. L'objectif des entreprises aujourd'hui est de passer d'une stratégie de durabilité distincte à une stratégie d'entreprise durable et seul un DAF ayant intégré ces préoccupations pourra aider les entreprises à prendre ce virage.