12ème édition du rapport annuel de Mercer sur les systèmes de retraite à travers le monde
Sans réelle surprise, l'impact économique de la pandémie actuelle pèse lourdement sur les retraités, déjà confrontés à une importante pression financière. Dans ce contexte, les interrogations sont nombreuses. Certaines personnes devront-elles travailler plus longtemps ? D’autres devront-elles se contenter d'un niveau de vie inférieur une fois à la retraite ? Les gouvernements vont-ils pouvoir soutenir leurs populations âgées durablement ? Mercer, leader mondial du conseil en ressources humaines et spécialiste en Retraite & Investissement, fait le point en dévoilant les résultats de son rapport annuel sur les systèmes de retraite à travers le monde*.
Cette édition 2020 a été menée par le CFA Institute, l'Association mondiale des professionnels de l'investissement, en collaboration avec le Monash Centre for Financial Studies (MCFS) et Mercer, leader mondial du conseil en ressources humaines et spécialiste en Retraite & Investissement. Cette année, l'indice global des pensions compare 39 systèmes de retraite dans le monde et couvre près des deux tiers de la population mondiale.
L’édition 2020 comprend deux nouveaux systèmes : la Belgique et Israël. Il utilise la moyenne pondérée des sous-indices de performance, de viabilité et d'intégrité pour mesurer chaque système de retraite par rapport à plus de 50 indicateurs. Cette édition introduit de nouvelles questions relatives aux dépenses publiques en matière de pensions, aux investissements ESG et au soutien aux aidants.
L'impact du Covid-19 sur l'avenir des systèmes de retraite
Un impact beaucoup plus large que sur les seules implications sanitaires. Il y a en effet de nombreuses répercussions économiques à long terme qui touchent les industries, les taux d'intérêt, le rendement des investissements et la confiance en l'avenir. Par conséquent, il sera plus difficile de pouvoir garantir un niveau de pension satisfaisant tout en maintenant un équilibre financier durable à long terme.
Pour l’auteur principal du rapport, Dr David Knox, Associé Principal chez Mercer : « La récession économique provoquée par la crise sanitaire mondiale a entraîné une réduction des cotisations de retraite, une baisse du rendement des investissements et une augmentation de la dette publique dans la plupart des pays. Inévitablement, cela aura un impact sur les futures pensions, ce qui signifie que certaines personnes devront travailler plus longtemps tandis que d'autres devront se contenter d'un niveau de vie inférieur à la retraite. Il est essentiel que les gouvernements réfléchissent aux forces et aux faiblesses de leurs systèmes afin de garantir de meilleurs résultats à long terme pour les retraités ».
Le niveau de la dette publique a augmenté dans de nombreux pays à la suite de la pandémie. Une situation susceptible de restreindre la capacité des futurs gouvernements à soutenir leurs populations âgées, soit par le biais des pensions, soit par la fourniture d'autres services tels que les soins aux personnes âgées.
« Même avant le début de la crise, de nombreux systèmes de retraite publics et privés dans le monde étaient soumis à une pression croissante pour maintenir les prestations », fait remarquer Margaret Franklin, CFA, Présidente et Directrice Générale du CFA Institute.
Afin d'atténuer l'impact du Covd-19, les gouvernements ont déployé un éventail de réponses diverses pour soutenir leurs citoyens et leurs systèmes de retraite.
Le professeur Deep Kapur, Directeur du Monash Centre for Financial Studies (MCFS), observe que de nombreux gouvernements dans le monde ont répondu à la crise par des mesures de relance budgétaire substantielles, et que les banques centrales ont adopté une politique monétaire non conventionnelle. « Les perspectives de rendement des investissements sont modérées alors que la volatilité peut être élevée, ce qui ajoute aux défis habituels de la gestion des risques dans un portefeuille de retraite.
En outre, certains gouvernements ont autorisé l'accès temporaire à des pensions épargnées ou ont réduit le niveau des taux de cotisation obligatoires afin d'améliorer la position de liquidité des ménages. Ces développements auront probablement un impact matériel sur la performance, la viabilité et l'intégrité des systèmes de pension, influençant ainsi l'évolution de l'Indice Global des Pensions dans les années à venir », analyse M. Kapur.
Par exemple, l'Australie a permis aux personnes dont les revenus avaient chuté de plus de 20% d'accéder à un montant allant jusqu'à 20 000 dollars australiens (environ 13 000 dollars américains) provenant de leurs actifs de retraite, tandis que le Chili a permis aux cotisants actifs de retirer volontairement 10% de leurs fonds de pension individuels jusqu'à 5 600 dollars américains.
« Il est intéressant de noter que les deux principaux systèmes de revenu de retraite dans l'indice mondial des pensions, les Pays-Bas et le Danemark, n'ont pas permis un retrait anticipé de l’épargne retraite, même si les actifs d’investissement de chaque système de retraite représentent plus de 150% du PIB du pays », poursuit le Dr Knox.
En France, la crise du Covid-19 met à rude épreuve de nombreux secteurs d’activité (tourisme, hôtellerie, restauration, aéronautique, etc…). « Si les plans de sauvegarde de l’emploi se multiplient, entraînant la mise au chômage massive d’actifs, le système par répartition va se trouver déséquilibré, faute d’entrées financières suffisantes. Le régime universel tel qu’esquissé avant la crise devait être uniquement basé sur de la répartition. Ne serait-il pas temps d’accepter un modèle mêlant répartition et capitalisation ? » commente Christel Bonnet, Consultante senior, Mercer France.
Le Covid-19 accentue l’écart de pension entre les sexes
« Même avant que le Covid-19 ne perturbe les économies du monde entier, de nombreuses femmes devaient prendre leur retraite avec moins d'économies que les hommes. Aujourd'hui, cet écart devrait encore se creuser pour de nombreux systèmes de retraite, en particulier dans les secteurs les plus touchés où les femmes représentent plus de la moitié de la main-d’œuvre, comme l'hôtellerie et la restauration », ajoute le Dr Knox.
En mesurant la probabilité qu'un système actuel soit en mesure de fournir des prestations à l'avenir, le sous-indice de viabilité (solidité financière long-terme) continue de mettre en évidence les faiblesses de nombreux systèmes. Le score moyen de sous-indice a chuté de 1,2 en 2020 en raison de la croissance économique négative enregistrée par la plupart des économies.
En France, le niveau moyen de retraite des femmes est près de 40% plus faible que celui des hommes**. Cet écart est principalement lié aux rémunérations plus faibles des femmes et au chômage et temps partiels plus fréquents, impactant aussi le minimum retraite. La crise actuelle risque malheureusement de creuser encore l’écart.
*Pour plus d'informations sur le Mercer CFA Institute Global Pension Index, cliquez ici.
** « Les retraités et les retraites – Édition 2018 », Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques
(DREES).