Le Syndicat des Indépendants (SDI) a réalisé une enquête nationale auprès de 1 240 artisans, commerçants, professionnels libéraux et dirigeants de TPE, afin d'observer l'usage qui a été fait des sommes allouées sous forme de prêt garanti par l'Etat (PGE) jusqu'à présent, ainsi que les modalités de remboursement envisagées.
Marc Sanchez, Secrétaire Général du SDI, constate des résultats différents des statistiques officielles et d'autres enquêtes réalisées récemment.
Un PGE trop faible ou trop difficile d'accès pour de nombreuses TPE
Un montant moyen inférieur aux statistiques officielles : A ce jour, conformément aux statistiques de la BDF (Banque De France), le montant moyen des PGE accordés à 519 000 TPE est de 92 000€. Selon l'enquête terrain du SDI, les montants accordés sont en réalité inférieurs à 60 000€ dans 75% des cas dont inférieurs à 30 000€ dans 46% des cas. Ces derniers chiffres reflètent plus exactement la structure d'une grande majorité de TPE dont 55% n'ont aucun salarié et 85% du solde ont moins de 6 salariés.
Un taux de refus supérieur aux statistiques officielles : Le taux de refus des dossiers issu de l'enquête du SDI est en réalité de 10%, et non pas de 2,7% comme l'indique la Banque de France. Cette différence s'explique par le fait que la BDF calcule son taux sur la base des dossiers « éligibles », ce qui exclut les dossiers refusés oralement (65% des refus) ainsi que ceux dont l'instruction n'a jamais été achevée. Une seconde explication réside dans le fait que la BDF annonce un taux de refus global et non segmenté par catégorie d'entreprises.
Le PGE quasi exclusivement affecté au paiement de dettes et charges courantes
Plus de la moitié des TPE bénéficiaires d'un PGE l'ont déjà entamé, dont 27% l'ont épuisé à ce jour. Dans 92% des cas, le PGE a été affecté au paiement de dettes et charges courantes.
Les TPE n'ayant pas encore entamé leur PGE entendent dans leur grande majorité (71%) le conserver en vue de faire face à des lendemains estimés aussi incertains que difficiles.
Un PGE remboursé dans son intégralité à échéance dans seulement 1/4 des ca
L'option à 5 ans envisagée par 40% des TPE : Ce sont au cumul 3 TPE sur 4 qui entendent bénéficier d'un étalement de remboursement de leur PGE selon les modalités négociées par les pouvoirs publics, dont 40% souhaitent opter pour la durée maximale de 5 ans. Si ces chiffres manifestent l'intérêt majeur du PGE pour préserver les entreprises (du moins celles qui y ont eu accès), ils informent aussi sur une pénalisation de long terme des capacités d'investissement des TPE.
Une grave méconnaissance des conditions contractuelles de remboursement du PGE : 70% des chefs d'entreprises ne sont pas informés de la procédure stricte prévue dans les contrats de PGE afin de bénéficier d'un remboursement échelonné à taux préférentiel et garanti par l'État.
Peu d'espoir pour l'avenir face à des difficultés de trésorerie persistantes et à un
Plan de relance jugé inefficace : Alors que 24% des TPE interrogées évoquent des difficultés de trésorerie, ce taux monte à 30% pour les TPE ayant consommé leur PGE. Se tourner vers les partenaires bancaires ne leur semble pas une solution puisque 93% des entreprises interrogées craignent que leur accès au crédit bancaire soit plus restrictif à l'avenir. Pour parachever ce tableau sombre, ajoutons que 80% des responsables de TPE interrogés estiment que le Plan de relance sera sans effet sur leur activité.
« Pour une majorité de TPE, le PGE est une mesure bienvenue qui leur a permis de sécuriser leur avenir à court terme dans une période où chacun estimait qu'un confinement généralisé ne serait qu'une parenthèse. Force est de constater que la pandémie reprend, que la consommation est ralentie et qu'1/3 des TPE bénéficiaires ont, à ce jour, épuisé cette marge de sécurité. Selon la Banque de France, ce sont 150 000 TPE qui sont menacées de cessation des paiements. C'est une hécatombe et le renforcement des aides de façon ciblée et segmentée n'y changera rien. Il est urgent de rétablir un système universel sur la base d'une perte de chiffre d'affaires supérieure ou égale à 50%, assortie d'un principe ‘zéro charges pour zéro activité'», conclut Marc Sanchez.