Par Adrienne Horel-Pagès*, Directrice des projets stratégiques de La Banque Postale Asset Management.
« La finance durable poursuit deux objectifs aux logiques différentes mais néanmoins indissociables. Le premier est de rendre le système financier plus robuste et transparent en incitant les acteurs à analyser les risques extra-financiers liés à leurs décisions d’investissement au même titre que les risques financiers. Le second est de diriger les flux d’investissement vers des secteurs ou des entreprises qui apportent des solutions aux enjeux environnementaux ou sociaux, avec la conviction qu’elles préfigurent l’économie de demain. La règlementation européenne et française retranscrit bien ces deux enjeux, à l’image du désormais incontournable article 173 de la Loi pour la Transition Energétique et la Croissance Verte. En effet, il exige des investisseurs d’intégrer les enjeux extra-financiers à leur processus d’investissement et leur gestion des risques. Il leur demande également d’analyser l’alignement de leur portefeuille avec les Accords de Paris, c’est-à-dire avec une économie qui maintient la hausse de la température moyenne en dessous des 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels.
Les différents labels existants sur l’investissement responsable reflètent eux-aussi cette dualité. Malgré la multiplicité des appellations, on retrouve deux grands types de labels distinguant le caractère durable des produits financiers. D’une part les labels, comme le label ISR français, qui définissent les règles de construction des produits - le « comment ». D’autre part les labels, comme le futur éco-label européen, qui déterminent quels secteurs ou quelles entreprises doivent figurer dans les produits - le « quoi ». Ces deux approches souvent opposées sont en réalité complémentaires pour répondre aux épargnants en quête de produits responsables.
Chez LBP AM, nous nous appuyons sur des labels pour structurer notre démarche d’investisseur responsable. Les exigences du label ISR français, tant sur la qualité du processus d’investissement que sur la transparence associée aux pratiques, ont servi de socle à un projet de transformation pour intégrer les enjeux extra-financiers à l’ensemble de nos stratégies d’investissement afin de construire pour nos clients une épargne diversifiée et durable. L’eco-label européen, en s’appuyant sur la taxonomie européenne, permet de construire des fonds dédiés à la transition énergétique.
L’épargnant ne devrait pas avoir à naviguer entre toutes ces appellations. C’est le rôle des conseillers en investissement de déterminer quels types de produits lui convient le mieux, au regard des convictions de son client mais aussi de l’usage qu’il souhaite faire de son épargne. Etablissons un socle de critères garantissant la qualité de la démarche responsable. Unifions ces labels sous une bannière européenne commune prenant en compte la multiplicité des approches durables. Et répondons ainsi avec pragmatisme aux épargnants à la recherche d’une meilleure gestion des risques et d’investissements porteurs de sens. »
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*Biographie : Adrienne Horel-Pagès débute sa carrière en 2007 à Londres chez Goldman Sachs Asset Management dans l’équipe multigestion. En 2009, elle rejoint la Financière de la Cité en tant que gérante où elle développe plusieurs fonds autour de la thématique de l’inflation. En 2014, elle participe à la création et au développement d’une nouvelle société de gestion Vestathena, en qualité de Directeur général. Elle rejoint en 2017 la Direction de la Régulation et des Affaires Internationales l’AMF dans l’équipe chargée de négocier les textes réglementaires de la gestion d’actifs au niveau européen. Elle suit notamment les discussions autour du plan d’action de la commission Européenne sur la finance durable. Adrienne Horel-Pagès est diplômée d’HEC et CFA Charterholder.