Des aidants patrimoniaux en quête d’accompagnement
En France, près de 800 000 personnes majeures sont placées sous mesure de protection juridique, car elles ne sont plus en mesure de défendre leurs intérêts - notamment financiers - pour cause de handicap, accident, maladie ou vieillesse. Dans un contexte de population vieillissante en France, l’accompagnement et la protection de ces personnes majeures vulnérables devient un vrai enjeu de société.
À l’occasion de la Journée nationale des aidants, le 6 octobre, le Groupe APICIL publie le second volet de son Observatoire du patrimoine des personnes vulnérables. Objectif de cette étude : mieux comprendre qui sont ces aidants patrimoniaux mais également faire un état des lieux des dispositifs et de l’accompagnement dispensés actuellement à ce public. Un sujet important dans la situation actuelle, qui a durement mis à l’épreuve de nombreux aidants, et qui agite et complexifie l’environnement financier.
1/ Qui sont ces aidants patrimoniaux qui accompagnent leurs proches ?
Aujourd’hui, 4% des Français (soit environ 2 millions de personnes) gèrent les finances et le patrimoine de personnes majeures de leur entourage n’ayant plus les capacités de le faire seules, souvent à cause du vieillissement.
En majorité, les aidants exercent ce rôle avec un statut officiel, et l’on constate une nette hausse par rapport à l’an dernier : 72% des répondants déclarent aujourd’hui exercer leur rôle avec un statut officiel alors qu’ils étaient 63% en 2019. 28% prennent néanmoins en charge la gestion des finances de leur proche sans que ce rôle leur soit reconnu par la société.
Le profil type :
Une population majoritairement masculine
Âgée de 50 à 64 ans
Cadre
Aidant un parent, en situation de vieillesse
Exerçant ce rôle depuis 6 ans
2/ Des aidants patrimoniaux qui gèrent des opérations financières lourdes
Les aidants qui apportent un accompagnement financier s’occupent quasiment tous de la gestion courante et réalisent en moyenne 6 actions financières comme la gestion et la surveillance des comptes bancaires, le règlement de dépenses, etc. Pour la majorité, ils aident des personnes dont les revenus annuels sont inférieurs à 50 000€. Les 2/3 d’entre eux ont déjà souscrit ou modifié un contrat d’assurance pour leurs proches, et plus d’1/3 ont déjà réalisé des opérations boursières. Les aidants patrimoniaux privilégient d’ailleurs les placements à faible rendements type Livret A ou le plan épargne logement, alors que le recours à l’assurance vie a baissé de 10 points par rapport à 2019.
Alors que ces aidants gèrent des opérations importantes, se substituant parfois à des professionnels, leur rôle est avant tout perçu comme un devoir (55%, -6 points depuis 2019). Ils se jugent moins armés pour faire face à leurs responsabilités que l’année dernière (73%, versus 82% en 2019) et ne sont plus qu’1 sur 2 à se déclarer suffisamment reconnus par la société.
68% des aidants patrimoniaux déclarent avoir déjà rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle, notamment sur des questions d’opérations boursières ou de successions. Le manque de temps (32%) mais également le manque d’accompagnement et de conseil (31%) sont les principales difficultés identifiées.
3/ Des mandataires professionnels investis
Les mandataires professionnels, ou mandataires judiciaires à la protection des majeurs, sont missionnés par un juge de tutelle pour assurer l’accompagnement social, administratif, juridique et financier des personnes placées sous mesure de protection juridique. Elles assurent tant la protection de la personne que ses biens. En moyenne les mandataires professionnels exercent ce rôle auprès des personnes vulnérables depuis plus de 13 ans et accompagnent des personnes dont les revenus annuels sont inférieurs à 50 000€.
Au quotidien, les mandataires professionnels réalisent en moyenne 9 actions différentes pour le compte des personnes vulnérables, et notamment la surveillance et gestion des comptes bancaires, le règlement des dépenses, ou encore la souscription ou modification d’un contrat d’assurance. 94% des mandataires réalisent des placements financiers, en privilégiant des placements à faible rendements tels que le livret A, suivis de l’assurance vie (85% des placements se font sur des supports en fonds euros) et le plan épargne logement.
La plupart des professionnels déclarent avoir rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle (85%). Des difficultés dues au manque de temps (60%), de connaissances financières (31%) ou d’accompagnement et de conseil (29%). La gestion d’une succession et d’une transaction immobilière figurent dans le top 3 des actions jugées les plus complexes à réaliser, ainsi que les opérations boursières.
Pour exercer leur rôle, les mandataires estiment pouvoir être appuyés par un banquier (84%), un conseiller en patrimoine (63%), ainsi que d’un assureur (38%). Néanmoins, seuls 29% des professionnels affirment être suffisamment reconnus par la société.
4/ Un besoin de soutien pour les aidants comme pour les mandataires professionnels
Les professionnels comme les aidants patrimoniaux estiment avoir besoin de soutien pour faciliter la gestion de patrimoine des personnes vulnérables. Un besoin d’autant plus important dans un contexte financier agité, qui se complexifie.
Ainsi, les professionnels souhaiteraient être soutenus en priorité au travers de deux services, cités à 51% : un référent expert joignable pour toute question et une veille juridique sur les nouvelles lois. Les aidants patrimoniaux soulignent également le besoin d’être accompagné par une personne experte.
Un travail de pédagogie est également nécessaire vis-à-vis des aidants concernant les avancées législatives. En effet, seulement la moitié d’entre eux ont entendu parler de la loi du 23 mars 2019 de programmation relative aux personnes majeures protégées.
5/ APICIL, un Groupe investi auprès des aidants et des personnes vulnérables
Depuis de nombreuses années, le Groupe APICIL a fait de l’aide et du soutien aux aidants et aux personnes vulnérables l’un des axes prioritaires de son action. De la participation au développement de la première maison du répit de la Métropole de Lyon, à la création du Club des personnes vulnérables qui réunit les parties prenantes de la gestion du patrimoine des personnes vulnérables, en passant par le développement d’offres et services d’épargne ou de santé prévoyance sur mesure pour ce public… APICIL et ses membres sont investis dans de nombreux projets et d’initiatives pour toujours mieux s’engager aux côtés des aidants et leur proposer des solutions d’accompagnement dédiées et adaptées à chaque situation.