Par Didier Bujon, directeur général d’Equance.
2019 a été une année exceptionnelle pour les marchés Actions, suscitant l’envie pour de nombreux investisseurs de se lancer sur les marchés financiers et de diversifier leurs placements. Mais avec la chute des marchés boursiers en février-mars 2020, certains épargnants éprouvent désormais des réticences à initier l’investissement. L’aversion aux risques, la crainte de ne pas investir au bon moment, les valorisations élevées de certains titres : autant de raisons qui constituent des freins et poussent à privilégier des placements sécurisés voire à conserver ses liquidités. Pour autant, à long terme, investir en Bourse demeure un placement rentable.
Le meilleur timing n’existe pas
Comment identifier le meilleur moment pour commencer à investir ? Tous les investisseurs, épargnants faisant leurs premiers pas en Bourse, jusqu’aux investisseurs les plus avertis, se sont un jour posé cette inévitable question. D’aucuns se sont aussi évertués à attendre cet instant propice, souvent en vain. De fait, il n’existe aucune formule mathématique ni aucun concept scientifique qui permette de capter le point le plus bas du marché, considéré comme le moment le plus propice pour s’exposer aux marchés financiers. Raison pour laquelle il est important de prendre la décision de se lancer sans attendre le meilleur moment possible, impossible à déterminer ou à anticiper.
En revanche, il est nécessaire de s’interroger en amont pour se fixer des objectifs de performance attendus pour ce placement ainsi qu’un niveau de baisse que l’on est prêt à assumer. Car, si le meilleur moment pour entrer dans les marchés n’existe pas, il est important de piloter son investissement en fonction de l’évolution des marchés, d’alléger ses positions lors de fluctuations sur certains supports financiers et de bien identifier le moment le plus opportun pour en sortir. En résumé, contrairement à toutes les idées reçues, pour mettre toutes les chances de son côté pour réussir ce placement, c’est le point de sortie qui devra être au centre de toute l’attention.
De façon plus pragmatique, pour minimiser les risques liés à la volatilité et éviter d’investir quand les marchés sont au plus haut, il est possible d’investir de façon progressive, par le biais de versements mensuels, sur une période de 6 à 12 mois. L’objectif : lisser son point d’entrée en évitant de concentrer sa prise de risque sur une période donnée. Une fois le portefeuille constitué, il reste ensuite important d’effectuer les arbitrages nécessaires pour optimiser son allocation et, in fine, l’adapter aux évolutions de l’environnement économique et financier.
Un placement gagnant sur le long terme
Investir en actions est d’autant plus intéressant que la faiblesse actuelle des taux d’intérêts et l’évolution de la conjoncture économique mondiale notamment l’endettement des états rend de moins en moins probable une remontée des taux, ni sur le court terme, ni même sur le moyen terme. Pourtant, les épargnants sont encore nombreux à privilégier les placements les moins risqués et conserver leur argent sur les livrets d’épargne réglementés, avec des rendements annuels de 0,5 % pour le livret A, voire même, pour certains, accumuler ces liquidités directement sur leur compte courant. Des choix certes sécurisants dans cette période d’incertitudes, mais pour le moins peu rémunérateurs. À long terme, l’inflation, même faible, entraîne une dévaluation inexorable de la valeur de cette épargne.
Or, historiquement sur les vingt dernières années, malgré les différentes crises traversées (Internet, immobilière, subprimes, Covid-19), les investisseurs en Actions Internationales (MSCI World index), ayant adopté une approche de long terme, ont dans tous les cas bénéficié de performances attractives.
Ainsi, avec une durée d’investissement de 10 ans ou plus, les marchés financiers ont offert historiquement des performances toujours positives variant de 0,11% dans le moins bon des cas à 14,02% par an dans le meilleur.
À l’instar d’autres placements, les marchés financiers présentent des atouts considérables, comme par exemple leur forte liquidité : on peut acheter et vendre des actions, des OPCVM à tout moment, sans délai d’attente. De même, si l’on lit souvent que les marchés sont chers, il n’existe en réalité pas un marché mais bien plusieurs marchés, en fonction des zones géographiques et des différents secteurs d’activité. Une action AXA ne se comporte pas de la même manière qu’une action Amazon, et n’a pas la même « cherté ».
En somme, si l’acte d’investir dans les marchés financiers est toujours une opération délicate, ce type de placement constitue pour les investisseurs de long terme, aujourd’hui comme hier, un vivier d’opportunités incontournable et inégalable. Tout le temps et pour longtemps.