En cas de reconfinement, la majorité des français, pourtant utilisateur de crédit à la consommation, verront leur reste à vivre augmenter, mais le risque aussi !
A l’heure où les mesures sanitaires se renforcent et où les menaces d’un reconfinement local ou national planent, comment les français pourront-ils le supporter à nouveau ?
Algoan a mené pendant plusieurs semaines une étude à très grande échelle (40 000 personnes) sur les français disposant d’un niveau de vie qui leur impose de faire appel aux crédits à la consommation. Ces résultats sont d’autant plus intéressants qu’ils ne sont pas déclaratifs mais reposent sur l’observation de leurs comptes bancaires anonymisés via l’openbanking.
L’échantillon est constitué de français équipés d’un crédit, comprenant un mélange de salariés et de non-salariés. Pour estimer la baisse de revenus, la comparaison a porté sur les revenus du 2ème trimestre 2020 par rapport à ceux du 2ème trimestre 2019, plutôt que ceux du 1er trimestre 2020, afin de neutraliser les effets de saisonnalité. Ces résultats ont été corrigés de l’inflation des revenus de l’échantillon d’étude entre 2019 et 2020, inflation mesurée en comparant les revenus du 1er trimestre 2020 aux revenus du 1er trimestre 2019.
Principaux enseignements
- Baisse moyenne des revenus des français au T2 2020 de 10,4%, 43% des individus affichent une baisse de plus de 10%.
- Pas d’impact sur le niveau de vie. La diminution des rentrées d’argent n’a pas d’impact direct sur le niveau de vie de la très grande majorité des français sous crédit du fait du confinement.
- Au contraire, augmentation du « reste à vivre » des ménages, en moyenne de 420€ par mois et par foyer. Le reste-à-vivre a été calculé comme la différence entre les revenus et l’ensemble des dépenses incompressibles hors crédits à la consommation (pour ne pas biaiser les calculs).
- l’utilisation du découvert bancaire a fortement diminué, en cohérence avec l’augmentation moyenne du reste-à-vivre, avec un montant médian de découvert en avril/mai inférieur de 18 % à ce qu’il était avant crise.
Ainsi en période de confinement, la baisse globale de revenus des Français se retrouve compensée par une diminution des dépenses, marquée par une consommation moindre.
Ce constat est à mettre en perspective avec le phénomène de « surépargne » décrit par de nombreux observateurs.
Augmentation du risque due au stress budgétaire
…particulièrement marqué sur les non-salariés…
Il apparait que la proportion de profils à risque parmi les individus ayant subi une baisse de revenus est plus élevée chez les non-salariés que chez les salariés (proportion d’individus en impayés supérieure de 25%). Outre le fait qu’ils ont subi des baisses de revenus plus fortes, les non-salariés sont intrinsèquement plus vulnérables financièrement, avec un recours au découvert bancaire plus fréquent (45% contre 41%, mesurés sur l’année 2019) et une trésorerie plus faible (solde bancaire médian, mesuré sur l’année 2019, de 1 000€ contre 1 900€).
…risque contrôlé pour ceux qui savent baisser leur train de vie…
Par ailleurs, il ressort que, parmi les personnes ayant subi une baisse de revenus, le risque d’impayé est plus faible chez les individus ayant su adapter leur train de vie au démarrage de la crise en parvenant à stabiliser leur reste-à-vivre en dépit d’une baisse des ressources, passant de 9 à 7% chez les salariés et de 13 à 7% chez les non-salariés.
… des pauses d’échéances demandées de manière opportuniste
A l’inverse, les situations de pause d’échéances sont plus fréquentes chez les personnes dont le reste-à-vivre est resté stable, et de façon particulièrement marquée chez les salariés. Nous y voyons deux explications possibles. Tout d’abord, les salariés font preuve d’une plus grande résilience car ils bénéficient d’une trésorerie disponible plus élevée. Par conséquent, ils sont moins sensibles à une baisse ponctuelle de leurs ressources. L’autre raison serait la prépondérance de demandes de reports de mensualité opportunistes chez les salariés. Ces reports sont qualifiés d’opportunistes car ils sont demandés au moment où la situation financière de l’emprunteur ne le justifie pas, ou ne le justifie pas encore.
Conclusion
Pour prévenir le risque d’impayé, l’agilité financière repose sur la capacité à réduire le train de vie quand la situation économique du ménage l’exige. Plus connue sous le nom de « willingness-to-pay » en anglais, l’algorithme d’Algoan s’appuyant sur l’openbanking est capable de le déterminer au cas par cas. C’est une solution favorable pour les emprunteurs qui de fait deviennent davantage éligibles et pour le prêteur qui à la fois augmente ses revenus provenant des crédits alloués tout en diminuant très fortement le risque. En cas de reconfinement, ce sont à court terme d’abord les entreprises qui souffriront le plus.