Algoan, fintech française, est en cours d'écriture d'un livre blanc sur la pertinence des méthodes classiques de scoring crédit. Pour cette étude elle vient de boucler l'analyse d'un échantillon anonymisé de 40 000 utilisateurs d'un agrégateur français ayant souscrit un crédit à la consommation amortissable en 2018 ou 2019 et ayant démontré au moins 1 an de bon remboursement sur le crédit avant le démarrage de la crise Covid.
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Critères d'analyse : dans un mois donné, 3 types de situation de remboursement sont possibles, soit
(i) : paiement de la mensualité de façon habituelle,
(ii) : absence de paiement de la mensualité : situation de « pause d'échéances », et
(iii) : rejet de prélèvement sur la mensualité non régularisé dans le mois : situation d'« impayé ».
Un individu dans la situation (i) sera qualifié de « sain » alors qu'un individu dans les situations (ii) et (iii), en pause d'échéances ou en impayé, sera qualifié de « risqué ».
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Principaux enseignements de l'étude
- Quatre fois plus de comptes à risque en mai et juin 2020. Très forte augmentation du risque concomitante avec le démarrage de la crise Covid et ses conséquences immédiates sur les revenus et la consommation d'une partie des Français. Par rapport à la situation sur les 3 premiers mois de l'année 2020, la proportion d'individus risqués a été multipliée par 3 en avril, et par 4 en mai et en juin.
- Une baisse globale des revenus de 10,4% entre le 2ème trimestre 2019 et le 2ème trimestre 2020. La dégradation des budgets des ménages pendant la crise (baisse du revenu, baisse du reste-à-vivre) explique une grande partie de la hausse du risque. Le phénomène est particulièrement exacerbé chez les personnes en emploi non salarié pour qui la capacité à maîtriser les dépenses a constitué le principal garde-fou pour éviter le défaut de paiement sur leurs crédits.
- Un nombre de pauses d'échéances, anecdotique avant crise, qui a augmenté de la façon le plus spectaculaire, expliquant près de 40% du risque au mois de mai. Nous avons, à ce sujet, interrogé plusieurs établissements de crédits spécialisés. Tous nous confirmaient faire face depuis avril à une vague de demandes de reports de mensualités de leurs clients français inédite : alors que ce type de demande est rare en temps normal, s'élevant à quelques centaines de demandes par jour sur l'ensemble de la France, leur nombre atteignait 8 000 à 10 000 par jour au plus fort de la crise selon nos estimations.
Conclusion de Paul Peyré, Chief risk officer d'Algoan : « Cette étude réalisée sur un échantillon représentatif croise parfaitement les retours terrain de nos clients quant aux français qui souffrent face à leurs échéances de crédit, et notamment de crédit à la consommation. Beaucoup de français ont vu leurs revenus baisser de plus de 10% et beaucoup cherchent à retrouver de l'oxygène financier. Il est majeur pour les établissements prêteurs de bien savoir mesurer leur risque et d'être capable de lire les évolutions au cas par cas sans pour autant renoncer à leur raison d'être qui est de prêter. »