Tribune de David El Nouchi, dirigeant de ClubFunding
Les acteurs de l’immobilier n’ont eu d’autre choix que de se convertir rapidement au digital pour survivre à la crise sanitaire et économique du 1er semestre. Une marche forcée salutaire pour leur avenir et qui continue de s’accélérer.
Redonner du temps et de la confiance aux professionnels
Ces dernières années ont vu l’émergence d’agences immobilières entièrement digitales. Un phénomène encore inimaginable au début du siècle mais qui fait désormais partie de l’équation du marché, et pour cause : elles répondent aux nouvelles exigences des clients. Une automatisation des processus qui permettent aux agents de dégager plus de temps pour leur clientèle, d’afficher une plus grande transparence dans la relation mais aussi de proposer des tarifs réduits. Le digital apparaît comme une réponse indispensable face au risque croissant de dématérialisation auquel font face les professionnels.
Les activités des notaires ne sont pas épargnées. Ces derniers peuvent compter sur une innovation de taille pour se réinventer : la blockchain. Cette révolution leur permettra de créer une nouvelle forme de confiance avec leurs interlocuteurs mais également d’automatiser les contrats et donc de renforcer leur proximité avec leur clientèle en leur accordant plus de temps de conseil. La signature électronique est pour eux prometteuse. Une mesure temporairement généralisée pendant le confinement qui pourrait prédire ce qui s’annonce dans les années à venir.
La dématérialisation gagnante de la crise sanitaire
La crise a permis de mettre en place de nouveaux dispositifs. Début avril, le gouvernement a en effet étendu l’autorisation de signature d’actes notariés à distance, et ce jusqu’au 10 août. Une mesure qui a permis de débloquer les transactions en cours et de permettre à certains projets de se concrétiser. Le Parlement réfléchit actuellement à une expérimentation dans les années à venir de ce processus. De leur côté, les agences immobilières ont développé les visites en 3D ou par visio-conférence et la signature de baux à distance. Les assemblées générales de copropriétés ont, elles, pu se tenir de manière dématérialisée et les propriétaires ont pu s’habituer aux lettres recommandées électroniques.
Face à l’incertitude, la digitalisation apparaît comme la réponse la plus raisonnable. Elle permet d’envisager les crises à venir plus sereinement. De nombreuses entreprises ont fait la connaissance du télétravail, de nombreux consommateurs celle du « drive » : en un mot, les habitudes ont changé. Il semble désormais compliqué de revenir en arrière, et les institutions l’avaient déjà anticipé. La loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), adoptée en 2018, prévoit de simplifier la délivrance des autorisations de construction par les collectivités. Ces instructions pourront être dématérialisées dès 2022.
Le crowdfunding immobilier, pionnier du secteur
Le financement des activités immobilières est le premier concerné par cette vague de dématérialisation, depuis de nombreuses années. Les banques font déjà de la digitalisation une priorité de leurs parcours clients. Dans un marché où l’offre de biens immobiliers est régulièrement inférieure à la demande, la réactivité des acheteurs est un point clé. Par conséquent, la rapidité de réponse à leur besoin de financement l’est également et devient une demande croissante.
Une exigence qui concerne à la fois les particuliers et les professionnels. Les acteurs du crowdfunding immobilier en France l’ont bien compris. C’est pourquoi, malgré les effets de la crise sanitaire, le secteur continue sa croissance avec des montants de collecte et de remboursement en forte hausse. Pour preuve, 184 M€ ont été collectés par les plateformes au cours du 1er semestre 2020, soit 43% de croissance par rapport à la même période l’année précédente. Preuve que digitalisation et simplification sont également synonymes d’exigence, les investisseurs sont ainsi de plus en plus nombreux à répondre à ce modèle. Investir facilement dans la pierre tout en évitant les contraintes liées au marché locatif, une promesse tenue grâce à la digitalisation des pionniers du secteur.