Par Philippe Lauzeral, directeur général délégué de Stellium
Ce n’est pas la Covid-19 qui est à l’origine des inquiétudes sur les contrats d’assurance-vie, très majoritairement investis en fonds en euros. La baisse des rendements date d’avant la crise et, à l’époque, les particuliers s’interrogeaient déjà sur les possibilités de booster des résultats de plus en plus décevants. Pour faire remonter la courbe générale des rendements, les compagnies d’assurance-vie avaient commencé à prendre des mesures visant à limiter l’accès au fond « euros » sur ces supports, afin de faire une plus grande place aux unités de comptes.
Ce choix doit-il être remis en cause avec les soubresauts des marchés mondiaux, depuis la crise du Covid-19 ? L’ouverture d’un contrat d’assurance-vie doit-elle être différée en attendant des jours meilleurs ? Non ! Surtout pas !
Certes, la volatilité des marchés s’est accrue depuis le début de la crise sanitaire ; chaque place financière réagissant violemment à telle ou telle annonce concernant une avancée dans les recherches sur un vaccin ou, au contraire, une reprise de la pandémie en Chine, aux Etats-Unis ou en Europe… Dans ce contexte de marché incertain capter la performance sur les marchés tout en limitant son risque est possible en appliquant 4 bonnes pratiques !
- L’horizon de placement : l’investissement en assurance-vie ne doit se concevoir que dans un horizon de placement long terme. En plus de l’intérêt fiscal de garder son contrat pendant au moins 8 ans, une conservation longue est gage de moindre risque et de rendement supérieur. Tous les graphiques le montrent : les placements boursiers génèrent de meilleurs rendements, sur 20 ans, que n’importe quel autre placement.
- La diversification : c’est l’application basique du vieil adage « on ne met pas tous ses œufs dans le même panier ». L’allocation d’actif ne se conçoit que par une diversification des classes d’actifs. Bien sûr, cette allocation d’actif devra être établie par un professionnel, après une appréciation précise de la sensibilité au risque de l’investisseur, de ses objectifs patrimoniaux, et de son horizon de placement. Ainsi, selon l’appétence au risque de l’épargnant, la poche « euros » pourra être plus ou moins rétrécie.
- Le lissage du risque par l’épargne régulière, rendue possible par des versements programmés : simple à mettre en place, une stratégie de versements régulièrement effectués sur le contrat (chaque mois, par exemple) permet à l’investisseur de rentrer à différentes périodes et donc d’amoindrir le risque. Le fait d’être investisseur permanent permet de capter la croissance structurelle des marchés, en se désensibilisant des cycles et des variations court terme de ceux-ci.
- La dynamisation progressive : une autre possibilité intéressante existe (notamment dans le cadre d’un 1er versement significatif) : celle de choisir une option offerte par certains contrats haut de gamme. Il s’agit de convenir, lors de la souscription, d’une période. Pour cela il faut définir en amont, en fonction des objectifs et horizons d’investissements, mais aussi et surtout de l’aversion au risque, une durée pendant laquelle le capital versé sur le contrat sur un support sécurisé sera investi sur les marchés en respectant l’allocation d’actifs définie en amont. Par exemple, si un gros 1er versement est prévu, il peut être décidé qu’il sera investi sur une période de 6, 12 voire 24 mois permettant ainsi à l’investisseur de rentrer progressivement sur le marché et ainsi de lisser le risque.
Ainsi dans 3 hypothèses sur 4 (marché stable, baissier ou en « U »), cette stratégie de dynamisation progressive est payante. Seule l’hypothèse d’un marché haussier en continu peut être défavorable à cette entrée progressive sur les marchés. Mais ce cas de figure est rare si l’on pense long terme !
En conclusion, reconnaissons que si la situation des marchés financiers est instable, elle n’empêche en rien une entrée sur les marchés boursiers. Les épargnants doivent comprendre que le triptyque sécurité/rendement/liquidité » est une utopie et que le rendement dépend logiquement d’une prise de risque, elle-même pouvant être contrôlée par un horizon long terme du placement et des bonnes pratiques en matière d’allocation d’actif.