3 questions à Jacques Riviere, Président d’OCEAN
Quels sont les chiffres de la sécurité routière en entreprise en France ?
Jacques Riviere : Les accidents de la route sont la première cause de mortalité au travail et chaque année une centaine de salariés perd la vie dans des accidents de trajets ou de missions. Quatre secteurs sont principalement concernés avec des taux d’accidents routiers significatifs, à savoir : le bâtiment et travaux publics ; la maintenance ; l’agriculture et l’entretien des espaces verts[1]. Cela s’explique notamment par l’utilisation d’un parc important de véhicules utilitaires légers, par des temps d’intervention courts, des déplacements étendus, etc. Par exemple, entre 2011 et 2012, le nombre d’accidents routiers mortels, dans le BTP a connu une augmentation de 50%[2] !
La gravité de ces chiffres oblige les entreprises à lutter de manière plus forte contre ce fléau et ce grâce à deux solutions. La première consiste, via la géolocalisation, à analyser l’organisation de travail des employés, à mesurer leur activité afin de prendre des décisions permettant de réduire et à mieux répartir les kilomètres parcourus.
La seconde solution vise à transformer les habitudes des collaborateurs en détectant les habitudes dangereuses grâce au dispositif d’éco-conduite.
Comment évaluer et améliorer la conduite des employés grâce à l'éco-conduite ?
J.R : La mise en place d’une politique d’éco-conduite en entreprise ne doit pas être l’aboutissement mais le point de départ d’une politique de prévention. Etat des lieux de différents éléments tels que l’accidentologie, la consommation de carburant, les coûts d’entretien, etc autant de constats dont découleront un plan d’action pour une démarche à la fois économique et écologique.
Lors des stages d’éco-conduite, les comportements « dangereux » de certains employés seront identifiés et pourront être corrigés grâce à des conseils de professionnels. Cependant, une fois ces formations terminées, il est nécessaire que l’entreprise puisse veiller à l’application des bonnes pratiques enseignées. L’éco-conduite permet, à l’entreprise et ses collaborateurs, de détecter les comportements de conduite à risque (accélérations, freinages, virages brutaux, etc) afin d’y remédier durablement. Via le boitier installé dans le véhicule, les données de conduite seront remontées puis analysées et présentées sous forme de tableaux de bord d’évaluation de conduite accessibles par le chef d’entreprise et le collaborateur.
Ainsi il ne s’agit pas uniquement d’apprendre aux collaborateurs à mieux conduire, il est primordial que l’entreprise puisse également analyser leurs résultats sur la durée afin de prendre les mesures adéquates. L’éco-conduite doit s’inscrire dans une stratégie d’entreprise à long terme et ne pas être un « gadget » !
Quel est le retour sur investissement des entreprises ?
L’éco-conduite est partie prenante dans l’évolution continue de l’entreprise et participe à l’amélioration de la qualité de ses prestations. Au-delà de perfectionner la conduite des collaborateurs, elle permet également de réaliser de réelles économies de carburant et d’aller plus loin en envisageant la problématique de la réduction des kilomètres inutiles dans son ensemble. L’entretien des véhicules joue également un rôle non négligeable car une flotte automobile mal entretenue peut-être responsable de surconsommation de carburant et donc de dépenses supplémentaires. Quelle entreprise ne serait pas sensible à cet argument au vu du contexte économique que nous connaissons ?
L’éco-conduite permet également, sur le long terme, aux entreprises d’adopter des comportements intelligents et adaptés en termes de respect de l’environnement. Via la réduction de leur empreinte carbone, elles contribuent à la protection de l’environnement !
Enfin, au-delà des économies et de l’impact environnemental, les collaborateurs qui auront adopté une conduite plus souple et raisonnable verront leur niveau de stress au volant diminuer, ce qui aura un impact positif pour la vie dans l’entreprise.
Diminuer le nombre d’accidents, maîtriser sa consommation de carburant, baisser ses émissions de CO2, tout cela ne se décrète pas, ça se pilote. Il faut donc des moyens de suivi précis afin d’obtenir des résultats significatifs.