Si les marchés et les infrastructures ont bien fonctionné durant la crise sanitaire, les déséquilibres initialement présents se sont accentués et les tensions géopolitiques demeurent.
Au-delà des nombreux défis que présente le financement de la relance économique post-Covid 19, une nouvelle vulnérabilité en soi, la cartographie met en avant une montée des risques pour la stabilité financière avec une possible nouvelle correction des marchés et la solvabilité dégradée de nombreuses entreprises.
Malgré les tensions extrêmes en mars, et grâce aux interventions des autorités, le bon fonctionnement des marchés européens a mis en évidence la résistance du secteur financier : dans un contexte de volatilité élevée et de volumes de transactions importants, les infrastructures de marché et les services de post-marché ont pleinement joué leur rôle. Cette situation inédite a également démontré la résistance de la gestion d’actifs : les fonds monétaires français ont, par exemple, su faire face à des mouvements de rachats records ainsi qu’au gel de certains marchés sous-jacents avec des difficultés de valorisation correspondantes pour certaines classes d’actifs.
La crise sanitaire avait fortement dégradé les perspectives économiques, d’où la brutale correction boursière entamée en mars. Les autorités nationales et européennes ont pris des mesures ambitieuses pour préserver la liquidité et limiter l’impact de la crise. Néanmoins, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) identifie des risques croissants pour la stabilité financière. Dans un contexte d’incertitude liée à l’évolution de la situation sanitaire et à l’impact réel de la crise sur les acteurs économiques, la stabilisation des marchés demeure fragile et leur rebond apparaît déconnecté des perspectives d’activité. Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement certains effets de la crise, néanmoins les valorisations boursières apparaissent élevées au regard des prévisions de bénéfices.
L’endettement des entreprises du secteur non financier est aussi préoccupant : il s’accroît du fait de la chute de leurs revenus et des mesures de soutien passant d’abord par des prêts. Au niveau mondial, le risque d’insolvabilité constitue une vulnérabilité générale avec la menace de vagues de dégradations de notation et la crainte de mouvements de grande ampleur sur les marchés obligataires. L’endettement public n’est pas épargné, avec l’Italie comme risque emblématique pour la zone euro.
Le risque pesant sur le financement de l’économie fait donc son retour en 2020 et devrait encore se renforcer en 2021. Le recours important à la dette, bancaire ou de marché représente une vulnérabilité importante à moyen terme, qui appelle une transition vers un modèle de financement reposant davantage sur les fonds propres. Cette recapitalisation de l’économie devrait également prendre en compte la transition verte, ce qui pose un défi supplémentaire.
Concernant les épargnants, la situation inédite du confinement a engendré un regain d’intérêt pour la bourse. Néanmoins, les placements sans risque des ménages connaissent de nouveaux records : ils pourraient atteindre un montant supplémentaire de 100 Mds€ en 2020 à la suite de l’épargne supplémentaire induite par la gestion de la crise sanitaire. Le financement en fonds propres nécessaire à la relance devra passer par une réorientation progressive de cette épargne avec un nouveau défi à la clé : celui de l’information fournie aux investisseurs par les émetteurs, dans un contexte où valoriser des actifs est compliqué compte tenu du manque de visibilité sur l’avenir.
La crise Covid-19 ne doit pas faire oublier les vulnérabilités antérieures qui perdurent telles que celles liées à la cybersécurité ou au Brexit.