Avec la reprise progressive des activités immobilières, nos clients et futurs emprunteurs se posent encore de nombreuses questions concernant leur projet d'achat, leur capacité d'emprunt ou encore leur assurance emprunteur.
Les réponses apportées par Ludovic Huzieux, co-fondateur d'Artémis courtage.
1) Peut-on emprunter à nouveau ?
Depuis fin avril, la plupart des établissements bancaires acceptent d'étudier de nouveaux dossiers d'emprunteurs. Mais il s'agit principalement de projets initiés avant le confinement et qui n'avaient pas pu être financés lors de la crise sanitaire. L'activité reprend donc mais de façon progressive.
2) Les conditions d'octroi de crédit sont-elles plus restrictives ?
Les conditions risquent d'être plus restrictives dans les prochains mois puisqu'elles s'étaient déjà durcies avant la crise sanitaire. Fin 2019, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) avait recommandé aux banques de limiter la distribution de prêts en veillant à ce que le taux d'endettement des ménages n'excède pas 33% et en ne commercialisant plus de crédit d'une durée supérieure à 25 ans. Ces préconisations avaient entraîné un refus de financement pour un certain nombre de ménages modestes ou de primo-accédants. Avec le déconfinement, la donne ne devrait pas changer. Par conséquent, certains dossiers qui pouvaient être financés sans difficulté il y a encore quelques mois ne le seront plus aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire d'être très rigoureux sur le montage des dossiers de financement.
3) Les délais pour emprunter sont-ils rallongés ?
Oui ils sont un peu plus longs qu'en temps normal puisque la reprise reste progressive. Les établissements bancaires continuent de fonctionner avec une partie de leurs équipes en télétravail.
4) Est-il possible d'emprunter si je suis en chômage partiel ?
Les emprunteurs qui sont salariés doivent se rassurer. Le fait d'être en chômage partiel pendant une durée limitée, c'est à dire pendant les deux ou trois mois de confinement, devrait avoir peu de conséquences sur le financement de leur dossier. En particulier si leur employeur complète la rémunération. Dans le cas contraire, certaines banques peuvent éventuellement exiger un peu plus d'apport personnel.
5) Quels projets peuvent être financés ?
Pour l'heure, les acquisitions de résidence principale sont majoritairement financées par les banques. Les investissements locatifs et les achats de résidence secondaire passent au second plan. Par ailleurs, les rachats de prêt ainsi que les prêts relais restent, quant à eux, très marginaux. Les premiers parce qu'ils ne sont pas prioritaires et les seconds parce qu'ils sont plus longs et plus complexes à mettre en place pour les banques.
6) Je souhaite changer d'assurance emprunteur. Dans quel délai puis-je le faire ?
Vous pouvez résilier votre assurance de prêt chaque année, à sa date d’échéance, sous réserve de proposer à la banque une autre assurance d’un niveau de garantie équivalent. En temps normal, vous devez envoyer un courrier en recommandé avec accusé de réception à l’assureur au plus tard deux mois avant la date d’anniversaire de votre contrat.
Avec la crise sanitaire, il existe néanmoins certaines dérogations. Une ordonnance adoptée le 13 mai 2020 précise en effet que les contrats d'assurance emprunteur qui pouvaient initialement être résiliés entre le 12 mars et le 23 juin bénéficient d'un délai supplémentaire. Les emprunteurs désirant changer d'assurance ont ainsi jusqu'au 23 août à minuit pour résilier leur contrat en cours. Par exemple, un emprunteur rembourse un prêt pour son appartement dont l’assurance a pour date d’anniversaire le 3 juillet. Normalement, il peut résilier son contrat une fois par an, au plus tard deux mois avant cet anniversaire, soit le 3 mai. Cette date se trouvant dans la période « juridiquement protégée », il dispose alors d’un délai exceptionnel supplémentaire, jusqu’au 23 août prochain.
7) Les prix immobiliers vont-ils baisser à l'issue de cette crise ?
Difficile de le prédire à l'heure actuelle. Seule certitude, avec la crise sanitaire et la période de confinement, le nombre de transactions devrait être moins important cette année qu’en 2019. Une baisse des prix est envisageable d’ici à la fin de l’année, dans certaines zones uniquement. Mais il y a peu de risque qu'ils chutent fortement à Paris ou dans d'autres grandes métropoles où la demande reste encore très importante.
8) Les taux de crédit immobilier augmentent-ils ?
La tendance est en effet à la hausse. Au mois d'avril, les établissements bancaires ont augmenté leur taux de l'ordre de 0,1 à 0,5% pour tous les profils d'acquéreurs et pour tous les projets (résidence principale et secondaire et investissement locatif). En mai, ceux qui n’avaient pas encore appliqué de hausse ont majoré leur taux de l'ordre de 0,2 à 0,3%. Les banques n'ont pas encore annoncé de nouvelles augmentations pour le mois de juin. Néanmoins, les taux restent encore très attractifs pour ceux qui souhaitent devenir propriétaires. Les acquéreurs qui bénéficient d'un bon dossier peuvent emprunter à 1,10% sur 15 ans, 1,30% sur 20 ans ou 1,50% sur 25 ans.
9) Est-il plus difficile de décrocher un prêt sans aucun apport ?
Oui, cela risque d'être un peu plus compliqué de financer son achat au-delà de 100%, comme cela était le cas dans certaines régions. Mais cette tendance était déjà amorcée depuis les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) fin 2019.
10) Dans ce contexte, faut-il renoncer à réaliser un investissement locatif ?
Non, il n'y aucune raison de renoncer à son projet car, même si les prix baissent légèrement dans les prochains mois, les taux de crédit immobilier risquent, eux, de remonter pour devenir moins attractifs. De plus, pour le moment, nous n’observons pas de problème de recouvrement de loyers. Un investissement locatif permet de se constituer un patrimoine et de compléter ses revenus lors de la retraite notamment. Il est néanmoins recommandé de prendre le temps de constituer son dossier de financement pour se donner toutes les chances car les investissements locatifs ne sont pas prioritaires pour les banques.