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[Tribune] Les milliards de Jeff Bezos contre le changement climatique  

Par Steven Freedman, Senior Product Specialist, chez Pictet Asset Management

Si vous aviez 10 Mds$ à investir dans la lutte contre le changement climatique et la protection de notre planète, comment investiriez-vous cet argent ?

Voilà l’énigme à laquelle tente de répondre le Président-Directeur général d’Amazon, Jeff Bezos, qui a décidé de consacrer précisément cette somme à son nouveau fonds philanthropique « Earth Fund »

Des plus futuristes (à l’image de drones qui produisent de l’énergie éolienne) aux plus simples (des capteurs de pression d’eau pour anticiper les fuites), la gamme de technologies environnementales viables dans lesquelles il pourrait investir son argent ne cesse de s’étendre.
Deux décennies d’expérience dans l’investissement d’impact thématique nous permettent d’avancer que les trois domaines suivants sont particulièrement bien placés pour profiter des milliards de Jeff Bezos. 


1/
Le bois de demain

Nous avons besoin que davantage de recherches soient consacrées aux matériaux à base de bois dans le bâtiment. La fabrication des matériaux de construction traditionnels, comme le béton, est très gourmande en énergie. À l’inverse, les matériaux de construction à base de bois réclament non seulement moins d’énergie pour être produits, mais ils servent aussi de puits de carbone tout au long de leur existence. Il existe donc une formidable opportunité pour que la science des matériaux trouve de nouvelles façons d’utiliser des matériaux à base de bois d’avant-garde dans la construction urbaine en vue de remplacer de plus en plus souvent l’acier et le béton. Le marché du bois transformé devrait connaître un taux de croissance annuel composé de 25%. Il n’en est qu’aux tout premiers stades de son développement et pourrait donc bénéficier de davantage de financements pour la recherche fondamentale ainsi que la recherche appliquée.

 

2/ Batteries propres

Le secteur des batteries propres ne manque pas d’investissements, mais il est un domaine qui reste à la traîne : celui du stockage de cette énergie. Rien qu’aux États-Unis, on estime que, d’ici à 2050, les besoins représenteront 120 gigawatts de capacités de stockage, 5 fois plus que ce qui est actuellement disponible. La recherche doit également se concentrer sur l’amélioration de l’empreinte environnementale des batteries (notamment celles au lithium-ion) et sur la façon de les rendre plus recyclables. En outre, alors que de nombreux progrès ont été accomplis en matière de stockage à court terme, l’intégration des énergies renouvelables à grande échelle dans les réseaux électriques réclame des solutions solides pour le stockage à long terme, sur plusieurs mois, pour pouvoir amortir les variations saisonnières de production et de consommation d’énergie. S’il peut être perfectionné, le stockage à partir d’hydrogène pourrait représenter une solution viable pour conserver les excédents d’énergie renouvelable.


3/
Plastique vert

Le plastique souffre d’un problème d’image. Il est difficile à recycler, ne se décompose pas facilement et il représente un danger mortel pour la vie sauvage sur terre et en mer. Cependant, au lieu de complètement lui tourner le dos, nous devons le rendre plus vert. 
Pour cela, il faut mettre au point un plastique biodégradable à base de matériaux écologiques pour remplacer les plastiques fabriqués à partir de carburants fossiles. Ces derniers soit émettent du CO2 dans l’atmosphère s’ils sont incinérés après utilisation soit polluent les écosystèmes si on les laisse se décomposer. Les bioplastiques d’aujourd’hui constituent un progrès, car ils réduisent la dépendance aux carburants fossiles. Néanmoins, beaucoup d’entre eux sont synthétisés dans le but d’être chimiquement équivalents à des plastiques conventionnels, ce qui fait qu’ils auront les mêmes effets négatifs sur l’environnement à la fin de leur cycle de vie. C’est pourquoi il faut concevoir des bioplastiques biodégradables avec comme objectif principal de trouver la vitesse de biodégradation idéale pour chaque application. D’ici à 2027, la valeur du marché mondial du plastique biodégradable devrait atteindre 12,4 Mds$ US, une multiplication par 4 en une décennie.

En plus de mettre au point de nouvelles technologies, nous devons mieux comprendre le monde qui nous entoure et les répercussions que nous avons sur lui. C’est pourquoi la recherche sur les services écosystémiques - les avantages que nous tirons de l’environnement naturel et d’écosystèmes sains -pourrait être très utile.

Si nous identifions un ensemble communément admis de services écosystémiques et leur attribuons une valeur, nous pourrons mieux concentrer les efforts de conservation et stimuler l’investissement en faveur d’infrastructures vertes. L’incapacité à comprendre ce que nous devons préserver, ainsi que les moyens pour y parvenir et les raisons pour cela, a compliqué la coordination de telles initiatives.

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