Tribune de Clément Ketchedji, Innovation Manager chez Sii
C’est un fait, nous sommes désormais au pied du mur, il n’est plus possible de nier le changement climatique. Il devient essentiel d’agir et de contribuer à la transformation de nos modèles de production et de consommation. L’ingénierie a développé pendant de nombreuses années des innovations basées sur la performance et la fiabilité et ceci au dépend de la variable écologique. De nombreux ingénieurs, néophytes ou expérimentés, souhaitent désormais devenir acteurs de la révolution verte.
Une prise de conscience verte
Cette dynamique s’est développée de manière progressive au sein des sociétés de services. Ceci se traduit d’abord par une sensibilisation interne des collaborateurs, puis dans un second temps par la transformation des process. Partant de décisions élémentaires, liées notamment au tri ou à la mise en place de gestes écologiques sur les lieux de travail, cette prise de conscience a rapidement basculé vers des usages plus radicaux. Il n’est désormais plus rare de rencontrer des politiques de diminution des emails au sein de ces entreprises. Les mails, aussi simples soient-ils, ont un impact environnemental déterminant. Toutes les heures, l’humanité en envoie plusieurs milliards et chacun d’entre eux a un équivalent Co2 de 15 grammes, faites le calcul …
Dans un second temps, les entreprises les plus vertueuses ont décidé d’ajouter l'empreinte écologique comme critère de sélection de leurs partenaires et fournisseurs. Un phénomène de fond qui est en train de se généraliser de manière forte. Désormais il est nécessaire de montrer « patte verte » pour collaborer avec certaines sociétés de services, il faut prouver que les biens délivrés sont éco compatibles.
Ces entreprises ont alors pris conscience du rôle déterminant qu’elles ont à jouer au sein de la transition écologique. En tant qu’architectes de nos futures technologies, les ESN peuvent en effet réaliser des choix écoresponsables qui auront des conséquences significatives sur l’empreinte environnementale des années à venir. Un mouvement qui passe par des choix technologiques verts ainsi qu’une volonté d’éduquer et d’évangéliser leurs clients.
Concilier transition numérique et écologique
Si certaines industries sont très sensibles à ces enjeux, telles que l’aviation et le transport, la grande majorité du marché reste encore peu au fait de l’impact environnemental des solutions qu’elle souhaite produire. Le data centrisme en est un exemple flagrant. Aujourd’hui l’ensemble des acteurs du marché est engagé dans la course à la donnée. Une compétition qui commence à montrer ses limites. Du point de vue technique, ces ensembles toujours plus importants de données sont de moins en moins lisibles. Du point de vue écologique, ces univers de data demandent des solutions de stockage hautement énergivores.
Ne pourrions-nous pas faire autrement ? Ne serait-il pas possible de miser sur le développement de technologies plus respectueuses de nos ressources et de notre écosystème ? Fort heureusement les nouvelles générations d’ingénieurs sont natives de ces enjeux. Le tournant écologique est proche. Il nous faut d’ici là forcer le pas et ne pas baisser la garde. Nous avons tous un rôle à jouer et des responsabilités à porter dans cette transition verte. Les concepteurs du numérique de demain encore plus que les autres.