La pandémie due au coronavirus frappe l'intégralité de la communauté internationale et on estime à plus de 3 milliards le nombre de personnes confinées dans le monde, soit la moitié de l'humanité. Cette situation inédite a nécessité l'adaptation du monde du travail afin que les économies nationales continuent de marcher.
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprises de l'Ifop, Marie Le Vern, conseillère en stratégie et communication, ainsi que Chloé Morin, experte associée à la Fondation Jean-Jaurès, se sont penchés sur les chiffres du travail en cette période de confinement.
Cette expérience du confinement ne se décline pas et ne se vit pas de façon homogène dans l'ensemble de la population. C'est particulièrement vrai dans le monde du travail au sein duquel, l'épreuve du confinement vient remettre en lumière un certain nombre de lignes de failles préexistantes tout en créant également de nouvelles, induites par l'application strictes des consignes gouvernementales.
La France du travail est divisée aujourd'hui en trois tiers, quasiment de même importance. Cette tripartition est inédite et ne renvoie que partiellement aux structurations habituelles de l'emploi en France. On compte ainsi 34% d'actifs qui continuent de travailler actuellement sur le lieu de travail habituel malgré le confinement. On s'est focalisé à juste titre sur les « blouses blanches » mais ces actifs qui tiennent leur poste même en période d'épidémie se recrutent également massivement dans d'autres univers comme la grande distribution, la logistique et le transport, le commerce alimentaire, les pompes funèbres, les forces de sécurité etc… A côté de ces « premières lignes », une proportion quasi-équivalente (30% des actifs) contribue également à faire fonctionner la machine économique et la société. Mais ces « deuxièmes lignes » travaillent depuis chez elles ou depuis le lieu où elles ont choisi de passer leur confinement
Si les commentaires médiatiques et autres reportages ont évoqué la situation de ces deux premiers publics, une autre catégorie regroupe 36% des actifs selon notre enquête. Il s'agit des personnes qui ont été mises en congés ou qui sont en congés maladie (15%), des personnes en chômage partiel ou au chômage (21%). Ce groupe, déjà nombreux, est en expansion rapide. On peut penser qu'au fur et à mesure que les commandes, missions et contrats enregistrés et reçus avant la mise en place du confinement auront été honorées, la proportion de salariés mis à l'arrêt par leurs entreprises va augmenter.
Les cadres et professions intellectuelles font massivement l'expérience du télétravail (66%) quand une majorité d'ouvriers est confiné chez soi (56%) au chômage partiel ou en congés. Mais 39% d'entre eux continuent néanmoins de venir travailler. Signe supplémentaire de la grande hétérogénéité des professions intermédiaires, elles vivent l'épreuve du confinement de manière très contrastée. La diversité est également la règle dans le monde des employés avec quasiment la même proportion de salariés (souvent des femmes) en arrêt : 42%, par exemple pour les serveuses dans la restauration ou les femmes de chambre dans l'hôtellerie ; versus celles travaillant sur site (39%) par exemple des hôtesses de caisse dans la grande distribution. Le télétravail est plus pratiqué dans le public (36%), du fait notamment du poids du corps enseignant qui télé-travaille massivement quand la mise à l'arrêt (congé maladie, enfants malades, chômage partiel etc…) est plus fréquente dans le privé (43%).
Via ce lien, accéder à la suite de l’étude, dont sommaire ci-dessous :
1/ Des actifs tous égaux face au confinement ?
2/ Des « premières lignes » qui se sentent particulièrement exposées
3/ Un confinement qui amplifie la fragilité économique de certains, et donc les inégalités
4/ Inutilité de certains emplois ou de certaines procédures : un confinement révélateur
5/ Conséquences de moyen terme et hypothèses pour l’avenir.