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[Tribune] L’Agrobashing entre parenthèses grâce au Coronavirus ?

Tribune de Bernard Gaud, expert en fusions & acquisitions  chez Auris Finance - secteur agroalimentaire et produits biologiques.

L’Agrobashing entre parenthèses grâce au Coronavirus ?

Depuis des décennies, et avec une accélération récente sous la pression de certains médias avides de sensationnel, l’agrobashing s’est répandu dans les esprits des consommateurs. Les « affreux industriels de l’agro-alimentaire » n’auraient eu de cesse que de produire des aliments dramatiquement dangereux pour la santé et auraient voulu grandement augmenter leur rentabilité au détriment du goût. En un mot, ce secteur ne méritait que des reproches en tous genres.

Les industriels du secteur agro-alimentaire vivent très mal cette mise à l’index systématique et ce d’autant plus que depuis plusieurs décennies ils ont réalisé spontanément, ou sous la pression de la réglementation, un ensemble d’efforts d’amélioration. Amélioration des conditions de travail du personnel : conditions sanitaires, conditions de pénibilité et conditions de sécurité. Amélioration de la sécurité alimentaire aussi avec la transparence des analyses, la surveillance très stricte des services de l’Etat mais aussi et peut-être surtout, la mise en place de systèmes de certification de plus en plus contraignants. Amélioration de la qualité nutritionnelle : même si des dérives peuvent exister par des excès de consommation, les produits mis sur le marché ont indubitablement contribué à l’augmentation de la durée de vie des français.

Ironiquement, il convient de souligner fermement que les ateliers et usines agro-alimentaires français vivent quotidiennement depuis des décennies avec ce que les français découvrent aujourd’hui dans leur nouveau quotidien : le port du masque, le lavage approfondi des mains, le nettoyage antibactérien du matériel, « le confinement des espaces à risques » etc.

Telle était auparavant l’image assez largement répandue des industries agro-alimentaires, du moins véhiculée par une partie de la « doxa médiatique ».

Et survint la panique liée au coronavirus et sa cohorte de « peur de manquer » : ruée sur les rayons alimentaires, « exigence » de livraison accélérée, maintien de l’ouverture des magasins alimentaires comme lieux de première nécessité au même titre que les pharmacies.

Les consommateurs sont ainsi, peut-être, mais peut-être tout de même, en train de s’apercevoir que tout ne va pas de soi et que cette alimentation saine, sûre, abondante fait partie des priorités de l’économie nationale. Il ne faut pas que la chaîne d’approvisionnement alimentaire soit en rupture Ce serait un traumatisme supplémentaire s’ajoutant aux difficultés de tous ordres du pays. Les dirigeants des entreprises agro-alimentaires mettent tout en œuvre pour approvisionner les circuits de distribution et mobilisent tout le personnel qui peut être présent permettant ainsi aux outils de production de tourner à plein régime. 

Toutefois, la crise rappelle aussi à tout acteur du secteur qu'il fait désormais partie d'une chaîne logistique globale parfois très rallongée, y compris géographiquement. De petits grains de sable peuvent ainsi gripper la machine. Certaines usines ont par exemple tout pour fabriquer leurs produits, mais manquent d'emballages, d'étiquettes...

La circulation des matières premières est ancienne, et inscrite dans les gènes de l'alimentation. On ne peut donc pas remettre en cause la notion de mondialisation. En revanche, la crise va sans doute pousser l'industrie à en revoir certains excès, comme la fabrication à des milliers de kilomètres d'aliments frais qui pourraient être produits localement.

Certains modes de management vont aussi sans doute être revus. Depuis 15-20 ans, grâce à la fluidité des transports internationaux, la tendance était à la gestion en flux tendus. Dans l'évaluation de la valeur d'une entreprise, avoir de gros stocks avait même fini par peser négativement. Dorénavant, ces stocks vont sans doute retrouver leurs lettres de noblesse, représenter à nouveau un avantage.

Mais que restera-t-il, une fois la crise passée, de cette reconnaissance de l’importance de la maitrise nationale de ce secteur ? L’agrobashing va-t-il reprendre ses droits ?

Le consommateur aura peut-être compris l’intérêt de la présence sur le territoire de PME, d’ETI, de grands groupes alimentaires capables en toutes circonstances d’être présents et de répondre aux besoins premiers d’une population. L’avenir le dira mais les acteurs de ce secteur sauront alors rappeler « aux faiseurs d’opinion » la réalité aujourd’hui vécue par les consommateurs.

 

 

 

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