Tribune de Bertrand Tourmente, fondateur d'Althos Patrimoine.
Dans un contexte d’érosion des rendements du fonds en euros, les épargnants se doivent d’arbitrer massivement leur contrat d’assurance-vie et orienter leur capital vers davantage d’unités de compte. Grâce à la récente loi Pacte, les fonds de capital-investissement s’invitent désormais très largement dans l’assurance-vie. Des véhicules d’investissement que les épargnants seraient bien inspirés de privilégier tant pour diversifier leur contrat que pour redonner un nouveau souffle à leur rendement financier.
L’assurance-vie française est en passe de tourner une page importante de son histoire. L’âge d’or du fonds en euros, historiquement plébiscité pour sa garantie en capital, est en effet révolu. De fait, l’environnement de taux d’intérêts bas, voire négatifs se traduit inexorablement par une très forte érosion des rendements de ce même fonds en euros. Résultat : pour conserver une performance satisfaisante, les épargnants se doivent désormais de faire des arbitrages dans leurs contrats d’assurance-vie en allouant une part croissante de leur capital à des unités de compte plus rémunératrices.
Une large palette de fonds de private equity
A cet égard, jouer la carte du non-côté et du capital-investissement (private equity) constitue clairement une stratégie à privilégier. Plusieurs éléments plaident aujourd’hui en faveur de cette typologie de placements financiers. La récente Loi Pacte a en effet élargi considérablement la panoplie des fonds de capital-investissement éligibles aux contrats d’assurance-vie. Jusqu’ici, afin de s’exposer à cette classe d’actifs, les épargnants n’avaient que la possibilité d’acheter en direct des parts de FCPR (fonds communs de placements à risque), qu’il s’agisse de FIP (fonds d’investissement de proximité) ou de FCPI (fonds communs de placement dans l’innovation), bénéficiant du même coup d’une réduction d’impôt sur le revenu ou d’impôt sur la fortune (ISF). Très en vogue dans les années 2000, ces fonds orientés sur le capital-risque et les jeunes sociétés en création (tels les starts-up) présentaient toutefois l’inconvénient d’être particulièrement chargés en frais et, en moyenne, de dégager des performances décevantes.
Pour lever les freins au développement du private equity dans l’épargne des Français, la loi Pacte a donc décidé de rendre éligibles aux contrats d’assurance-vie une large palette de fonds d’investissement alternatifs (FIA). Désormais, il est en effet possible d’acheter des parts de FCPR, de FPCI (fonds professionnels de capital-investissement), de FPS (fonds professionnels spécialisés) ou encore de SLP (sociétés de libre partenariat). Autant de supports d’investissement traditionnellement réservés aux investisseurs institutionnels et professionnels qui s’invitent dans les contrats d’assurance-vie du grand public.
Des rendements proches ou supérieurs à 10%
Non contente d’élargir la panoplie des fonds de capital-investissement éligibles à l’assurance-vie, la Loi Pacte offre surtout aux épargnants français la possibilité d’allouer jusqu’à 50% de son encours dans ces nouvelles unités de compte. Une véritable aubaine pour les investisseurs quand on sait qu’investir dans le private equity peut déboucher sur des rendements proches ou souvent supérieurs à 10%. A condition, bien entendu, d’accepter de bloquer son épargne sur une période allant de 1 mois à 10 ans, selon la liquidité offerte par les supports investis.
Certes, ces nouveaux supports ne sont pas accessibles à tous les assurés. Certains assureurs demandent en effet aux épargnants de disposer d’un contrat doté d’un encours supérieur à 100 000€ pour pouvoir investir dans ces unités de compte de private equity. Mais l’essentiel est ailleurs : il s’agit de se positionner sur des classes d’actifs promis à un véritable essor au cours des prochaines années et source de performance significative à moyen et long terme. Le private equity permet surtout aux investisseurs de diversifier au maximum leur portefeuille et, ainsi, de diversifier leurs risques. Dans un contexte de forte volatilité des marchés boursiers, crise du Coronavirus oblige, les épargnants seraient bien inspirés d’arbitrer leurs placements financiers en faveurs des actions non-cotées ou d’investissement dans les infrastructures.
Se positionner sur le marché secondaire
Toutefois, force est de constater qu’il n’est pas toujours simple pour l’épargnant de s’y retrouver dans cette kyrielle de fonds de capital-investissement désormais disponibles sur le marché. L’investisseur se doit de faire preuve de vigilance et de rigueur dans ses choix d’investissement et de cibler des gérants qui ont le bon goût de plafonner leur collecte en fonction de leur capacité d’investissement. Être sélectif est donc le maître mot à l’heure d’investir dans le capital-investissement. Pour cette raison, la diversification constitue un enjeu majeur dans le private equity, en étudiant chaque ligne de son investissement et en sélectionnant les meilleurs gérants de la place. Diversifier les « millésimes » représente également une impérieuse nécessité afin de lisser ces placements dans le temps.
Dans cette logique, les épargnants ont tout intérêt à privilégier des fonds secondaires de private equity, marché qui offre de réelles opportunités d’investissement et qui concentre les meilleures thématiques. Et pour cause : ce segment de marché offre à la fois des décotes intéressantes et des durations plus courtes que sur le marché primaire. Le blocage des fonds peut ainsi varier de 3 à 5 ans seulement, avec un rendement cible à deux chiffres. Le marché secondaire permet surtout d’accéder à des « millésimes » plus anciens présentant des historiques de performances attractifs, avec des rendements largement supérieurs à l’inflation. Se diversifier dans le non-côté apparaît donc clairement comme une sérieuse alternative pour 2020. Tous les éléments sont en effet réunis pour assurer un formidable essor au capital-investissement dans l’assurance-vie. Une belle manière pour ce placement de poursuivre sa belle histoire avec les épargnants Français.