Se réfugiant derrière la déontologie ou estimant qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner en s’exposant, certains professionnels préfèrent parler uniquement de leur processus de gestion. Le patron d’une grande société avait même une fois déclaré : « Nous gérons des fonds pour en vendre les parts et n’avons pas à faire le marketing de titres. »
Chez Banque Syz & Co, on est aux antipodes du discours qui consiste à dire : « Nous achetons les meilleurs titres au bon moment et les cédons quand ils ont fait le plein de hausse. »
D'ailleurs, Eric Bendahan, qui a rejoint Syz & Co en 2005, n’a pas son pareil pour parler des titres boursiers et expliquer pourquoi telle ou telle valeur est sélectionnée dans un portefeuille. Et ce n'est pas son seul talent : l’an dernier, 85 % de la génération d’alpha des fonds d’actions européennes qu’il gère sont venus du stock picking.
Plusieurs types de sociétés intéressent Eric Bendahan, à commencer par les groupes familiaux (PPR…). « Nous avons remarqué, explique-t-il, que, dans les entreprises non familiales, les directeurs généraux changent en moyenne deux fois plus souvent et que, sur dix ans, les sociétés familiales ont surperformé de 60 % le reste du marché. » Les entreprises value (CaixaBank…) et les sociétés de croissance (Magnit…) ne sont pas pour autant oubliées. Les enseignes tirant leurs résultats des pays développés (Wolseley…) et celles profitant de l’essor des pays émergents (Richemont…) sont également panachées. Les groupes qui ont un pricing power* (Rémy-Cointreau…) ou ceux qui évoluent dans le low cost (easyJet…) sont également privilégiés. Un équilibre global est ainsi trouvé à l’intérieur de portefeuilles qui, dans la durée, démontrent leur résilience, pour employer un mot à la mode.
Pour faire bonne mesure (sans être exhaustifs), citons aussi Asos, Paddy Power, Volkswagen, Valeo, Alstom, Andritz, Renishaw, Spectris, Philips, Zodiac Aerospace, Holcim, Arkema, Electrolux, Thyssen Krupp, Xstrata, Glencore, Smurfit Kappa, Premier Oil, Standard Chartered, Sberbank, BNP Paribas, KBC, UBS, Fondiaria, Deutsche Wohnen, Petrofac, Subsea7, CGGVeritas, Endenred, Sodexo, Michael Page, Novo Nordisk, Shire, Hikma, Fresenius, Novartis, Sartorius Stedim Biotech, Orpea, Oxford Instruments, Telecity, Kabel Deutschland, Iliad, Telefonica Deutschland, National Grid, EDP, Henkel, BAT, Carlsberg, Glanbia, C&C et Pernod Ricard.
Optimisme exagéré
Pour le gérant, les Etats-Unis auront, en 2013 une croissance de leur économie légèrement supérieure à 2 % et non pas proche de 3,5 %, comme d’aucuns le croient. « Les indicateurs avancés se sont détériorés. Nous n’anticipons pas, fait observer celui-ci, d’accélération marquée de l’activité. » En Chine – où, rapporté à la moyenne des salaires, l’immobilier est de deux à trois fois plus cher qu’à Londres et où les rémunérations augmentent de plus de 13 % à 14 % par an –, il faut à moyen terme s’attendre à un tassement.
En revanche, en Europe, la zone euro n’a pas été démantelée et le gros de la crise semble passé. Au second semestre, un mieux devrait se manifester. Une appréciation des actions européennes est donc raisonnablement envisageable, sans même évoquer les opérations de fusion-acquisition qui devraient se multiplier avec le retour de la confiance. Les valorisations ne sont pas au plus bas mais sont encore attrayantes, avec un rapport cours/bénéfice de 11 fois les bénéfices actuels et un rapport cours/valeur comptable de 1,3 fois.
Michel Lemosof
A suivre pour les abonnés du Bas de laine : un flash d'alerte sur les fonds d'Eric Bendahan et nos préférences.