Des universitaires de trois établissements ont étudié l’impact du référendum Brexit sur le risque de change auquel sont exposées les multinationales britanniques, allemandes et espagnoles.
Publiée par la revue International Review of Financial Analysis, cette étude conclu que le risque de change a effectivement augmenté pour les entreprises britanniques après le référendum.
Des chercheurs de la "City, University of London", de la Hull University Business School et de la Central University of Finance and Economics en Chine, ont analysé le référendum afin d’étudier son influence sur les multinationales de trois pays.
L’exposition au risque de change mesure la sensibilité de la valeur d’une entreprise à l’évolution des taux de change des devises étrangères. Pour cette étude, les universitaires se sont intéressés au taux de change bilatéral entre la livre sterling (GBP) et l’euro (EUR).
L’exposition au risque de change est une mesure importante, car les fluctuations des taux de change ont des effets directs et indirects considérables sur la rentabilité d’une entreprise, sa valeur et même son existence. Ces fluctuations affectent les entreprises exportatrices, mais aussi celles qui travaillent exclusivement dans leur pays d’origine.
L’exposition au risque de change après le référendum a été particulièrement marquée pour les entreprises britanniques, également au niveau des marchés. Les entreprises du Royaume-Uni doivent donc considérer le vote sur le Brexit comme un signal d’alarme, afin qu’elles utilisent plus de produits dérivés de devises et d’autres méthodes pour se couvrir du risque de change causé par ce référendum.
L’analyse suggère cependant que ce vote est un événement nébuleux qui affecte aussi les entreprises allemandes, et d’autres pays ne devraient donc pas sous-estimer l’impact du Brexit.
Après le Brexit (en décembre 2020), le nombre d’entreprises allemandes exposées à un risque de change asymétrique du taux de change GBP/EUR augmentera.
L’exposition à un risque de change asymétrique mesure la sensibilité de la valeur d’une entreprise aux appréciations ou dépréciations de la devise étrangère, dans ce cas le taux de change bilatéral GBP/EUR.
Cette conclusion est attribuée soit aux coûts de sortie du marché que les entreprises allemandes subiraient pour quitter le Royaume-Uni, soit à la possibilité que les dirigeants des entreprises allemandes adaptent la date et l’importance de leurs couvertures financières selon leurs visions des marchés.
Selon Thanos Andrikopoulos, chargé de cours en finance à la Hull University Business School : « Les résultats suggèrent qu’après le Brexit, le nombre d’entreprises allemandes exposées à un risque de change asymétrique augmentera. Si les entreprises allemandes ignorent cette conclusion, des erreurs sont beaucoup plus probables. L’exposition au risque de change est un phénomène apparemment bénin, mais en réalité très complexe, et nous serons tous dans une bien meilleure position si nous pouvons le comprendre et le relier à des événements politiques tels que le référendum sur le Brexit ou le Brexit lui-même », affirme-t-il.
Xeni Dassiou, chargé de cours en économie à la City, University of London, poursuit : « Ces résultats sont basés sur le référendum de juin 2016 pour le retrait de l’Union européenne, appelé "Brexit", et non sur le Brexit lui-même, qui aura lieu (après une période de transition) fin 2020. Cependant, si le référendum a déjà ces effets négatifs, nous pouvons seulement nous attendre à pire lors du Brexit proprement dit. »
De son côté, Min Zheng, chargé de recherches en finance à la Central University of Finance and Economics en China, conclut : « Au niveau des marchés, l’exposition au risque de change GBP/EUR pour les entreprises du Royaume-Uni, telle que mesurée par l’indice FTSE, est passée d’une valeur positive à une valeur négative : cela met en évidence l’importance de ce référendum pour l’ensemble du marché boursier britannique. »