France Biotech, l'association des entrepreneurs de l'innovation en santé, publie le Panorama France HealthTech 2019* en partenariat avec
- EY, acteur mondial de l'audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions,
- Euronext, première bourse pan-européenne et
- QBE, un des acteurs mondiaux de l'assurance et de la réassurance.
Franck Mouthon, Président de France Biotech, explique : « Lancé il y plus de 17 ans par France Biotech, le Panorama France HealthTech est devenu un document de référence de notre écosystème. Cette nouvelle édition témoigne du dynamisme, de la diversité et de la maturité de notre filière. Son agilité reste également un atout majeur qui devrait lui permettre de faire face aux nombreux défis d'avenir pour apporter des solutions aux besoins des patients. »
La healthtech répond aux grands enjeux de santé et sociétaux du XXIème siècle
Selon une récente étude Odoxa, 8 Français sur 10 sont attentifs au quotidien à leur santé et 4 Français sur 10 souffrent ou ont un proche qui souffre d'une ou plusieurs affections de longue durée. Parallèlement, de nombreux besoins médicaux persistent. N'oublions pas que les cancers sont responsables d'1 décès sur 6 au niveau mondial, que 7 000 maladies orphelines affectent 300 millions de personnes sans traitement curatif pour 95% d'entre elles et que 175 000 patients sont actuellement sur liste d'attente d'organes aux États-Unis et en Europe.
Pour répondre à ces besoins et face aux enjeux du vieillissement de la population, de l'augmentation des maladies chroniques, de l'accroissement des dépenses de santé, de la transformation numérique, les entreprises de la HealthTech ont plusieurs défis à relever. En premier lieu, en développant des solutions plus ciblées, personnalisées et plus efficaces. C'est l'avènement de nouvelles médecines dites de précision, de prédiction et de prévention. Deuxièmement, le schéma de médecine actuelle évolue, d'un modèle actuel « palliatif », nous passons à un modèle « curatif » notamment avec l'arrivée des thérapies géniques, de traitements contre l'hépatite C, etc.
Un écosystème riche, diversifié, expérimenté et aux ambitions internationales
Le tissu industriel est composé de plus de 1 700 entreprises healthtech en France dont 720 sociétés de biotechnologies, plus de 800 sociétés Medtech et 200 entreprises de e-santé. Il se crée tous les ans plus de 60 nouvelles entreprises dans le secteur biotech.
Les healthtech ont aujourd'hui obtenu plus de 5 000 brevets. Avec plus de plus de 1 000 produits (soit 2,7 produits par biotech) dont 1/3 sont en phase clinique, il existe aujourd'hui un formidable potentiel d'innovation sur le point d'être mis à disposition des patients », explique Chloé Evans, responsable des études sectorielles et des relations internationales de France Biotech. « En effet, ces entreprises sont de véritables réservoirs d'innovation et possèdent un pipeline plus riche que les 5 principaux laboratoires français. » L'oncologie est le premier domaine d'investigation devant les maladies infectieuses, le système nerveux central et le métabolisme (diabète, obésité).
Chez les sociétés du secteur medtech, plus de 252 dispositifs médicaux sont disponibles dont la moitié sont enregistrés ou commercialisés. Les aires thérapeutiques privilégiées sont la chirurgie (orthopédique, réparatrice), la cardiologie vasculaire, l'imagerie, la neurologie et enfin l'oncologie.
Avec 59% de primo-dirigeants, la moyenne d'âge des entrepreneurs est de 50 ans et 81% ont une formation scientifique ou en médecine. Plus de la moitié des implantations des entreprises est située à l'international ce qui signifie que les entreprises ont la volonté de mener des essais cliniques ou commercialiser leur médicament au niveau mondial.
Un écosystème favorable en particulier pour l'amorçage : la recherche publique à l'origine de nombreuses créations d'entreprises
La recherche publique est un acteur d'excellence à l'origine de nombreuses technologies développées et 52% des entreprises fondées proviennent de travaux de recherche issue du milieu académique, d'institut de recherche publique ou de fondations. Les spin-off issues de groupes industriels, laboratoires pharmaceutiques ou de PME ne concernent que 10% des entreprises. Par ailleurs, une fois créées, ¾ des entreprises interrogées génèrent elles-mêmes leur propre R&D. La recherche académique demeure néanmoins la seconde source de R&D pour les entreprises du secteur, tandis que les groupes industriels ou autres PME ne sont impliqués que dans 10 % des cas.
Un tiers des sociétés sont actuellement hébergées par un incubateur, accélérateur ou pépinière d'entreprises. Bpifrance soutient fortement le secteur healthtech et a consacré en 2018 une enveloppe de 284 M€ donc 158 M€ d'aides à l'innovation et 126 M€ d'investissements en fonds propres.
Les spécificités de la filière healthtech
- Le développement d'un médicament ou biomédicament prend entre 10 et 15 ans depuis la recherche jusqu'à la mise sur le marché, la R&D est souvent plus longue que dans d'autres secteurs.
- La mise sur le marché d'un médicament nécessite la réalisation d'essais cliniques une des étapes clés de développement d'un médicament ou d'un dispositif médical. La France est le 1er pays en Europe en nombre d'essais cliniques en cours mais demeure moins attractive pour les essais cliniques de phase 1, elle est, en effet, classée en 4ème position derrière le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Allemagne. « L'assurance des recherches biomédicales impliquant la personne humaine est un élément primordial et pourtant parfois mécompris du processus de la recherche clinique. Certaines spécificités existent en fonction des pays dans lesquels sont réalisées ces études. Il est essentiel de prendre en considération l'encadrement réglementaire des recherches biomédicales dans chaque pays afin de ne pas bloquer le démarrage d'une étude », rappelle Stéphanie Taschek, Souscripteur Sciences de la Vie, QBE France.
- Pour les dispositifs médicaux, le temps de développement est plus court, de 3 à 5 ans, mais l'accès au remboursement demeure complexe et limitant en France si bien que 41% des entreprises ont renoncé à la mise sur le marché d'un dispositif médical en France selon le SNITEM.
- La R&D est au cœur du développement des entreprises et représentait 60% des dépenses soit 7 M€ en 2018 par entreprise. La R&D représente également 44% des effectifs des entreprises, les collaborateurs étant en majorité très qualifiés (90% ont des Doctorats, Masters ou Licences)
- Le statut de la « Jeune Entreprise Innovante » (JEI) et le Crédit d'Impôt Recherche (CIR) sont des dispositifs essentiels aux entreprises healthtech. Concernant le CIR les délais de remboursement et l'évaluation de l'éligibilité de coûts liés à la sous-traitance demeurent les principaux enjeux et points d'amélioration de ce dispositif.
- Les technologies de l'IA et de Big Data sont de plus en plus utilisées par les sociétés healthtech qui marquent un intérêt croissant pour une utilisation future.
- Dans la healthtech, le secteur de la santé connectée ou e-santé est en pleine croissance. L'exploitation, la valorisation et la protection des données de santé, tant de la part des industriels et acteurs de la tech que de la part des acteurs publics figurent parmi l'un des enjeux clés de la prochaine décennie.
Par ailleurs, pour favoriser l'accès au marché des technologies de santé innovantes, un dispositif d'accès précoce aux dispositifs médicaux innovants a été adopté dans le PLFSS 2020.
Une accélération des accords de collaboration et opérations de fusion/acquisition témoignent de la forte création de valeur des healthtech.
- 3 800 partenariats et licences en Europe depuis 2015 avec une valeur moyenne en hausse de 29% entre 2018 et 2019.
- 900 opérations de fusion/acquisition en Europe depuis 2015 avec un montant moyen des transactions qui atteint 2,5 Mds$ en 2019 soit 5 fois plus qu'en 2015.
2019 a vu une accélération de la prise de risque et de l'appétence pour les sociétés innovantes de healthtech démontrée par les nombreux partenariats industriels et l'émergence des méga-deals. Cedric Garcia, Associé EY, annonce : « En 2019, pas moins de 9 Mds€ ont été levés dans les 6 principaux pays européens grâce à l'effort fourni par les fonds spécialisés et la réalisation d'une opération record de 1,3 Mds€ par la société Galapagos. La France se positionne comme le second pays européen attirant le plus de capitaux dans le secteur de la healthtech après le Royaume-Uni, toutes opérations confondues, malgré un intérêt limité de la part des investisseurs institutionnels généralistes pour la healtchtech. »
Le financement, le nerf de la guerre pour les healthtech
Les entreprises répondantes confirment que 72% d'entre elles sont en recherche de fonds et que 35% du temps passé par les entrepreneurs est consacré uniquement à la recherche de fonds. Pour soutenir le financement de l'écosystème, une des dernières mesures prises par les pouvoirs publics est la mobilisation de plus de 6 Mds€ sur les 3 prochaines années par les investisseurs institutionnels, pour renforcer les financements « late stage » et faire émerger les futures licornes françaises. En effet, les entreprises de la HealthTech françaises, et plus largement européennes, sont confrontées à d'importantes limites pour lever des fonds « late stage » ou supérieurs à 50 M€. Consciente des difficultés des entreprises HealthTech à trouver des financements pour développer leurs actifs « late stage », France Biotech a organisé avec succès la première édition du HealthTech Investor Days (HTID) en juin 2019 et a réuni plus d'une centaine d'acteurs internationaux du financement de l'innovation Santé. La deuxième édition se tiendra les 22 et 23 juin 2020 à Paris.
« Le secteur de la healthtech, en constant renouvellement et à la pointe de l'innovation, a encore une fois fait preuve de dynamisme dans un contexte économique pourtant morose. Alors que les laboratoires pharmaceutiques ont connu des résultats mitigés, les sociétés en phase de développement ont su tirer leur épingle du jeu et attirer les investisseurs, achevant l'année 2018 sur des résultats inégalés. L'année 2019 est en recul par rapport à 2018 mais reste à un niveau très élevé », explique Cédric Garcia.
Avec 90 sociétés cotées (58 biotech et 32 medtech) pour une capitalisation boursière totale de près de 24 Mds€, les healthtech font d'Euronext (Paris, Bruxelles, Amsterdam, Dublin, Lisbonne, Oslo) le premier marché boursier en Europe et le deuxième au monde pour les sciences de la vie. Sur ces 90 sociétés, 69 sont des sociétés françaises.
« En 2019, les healthtech cotées en bourse ont été confrontées à une forte aversion au risque et un mouvement vers les actifs les moins risqués tenant de nombreux investisseurs généralistes à l'écart du secteur. Dans ce contexte, l'activité est toujours alimentée sur les marchés par le refinancement des healthtech cotées. Les investisseurs à l'écart des IPOs sont encore sélectifs lors des tours de financement post-IPO mais savent se positionner sur des opérations offrant des conditions de liquidité, de taille et de momentum clinique à la hauteur de leurs exigences », conclut Camille Leca, Directrice des activités de cotation d'Euronext en France.
* Panorama France HealthTech 2019 : l'étude comprend un échantillon de 401 entreprises répondantes dont 59% d'entre elles comptent entre 1 à 10 salariés, avec la typologie suivante : 49% de sociétés de biotechnologies, 18% de medtechs, 12% en e-santé et santé digitale, 8% dans le diagnostic, et 8% de sociétés de recherche contractuelle (CRO).
Ces entreprises ont en moyenne 8 ans d'existence et emploient 24 personnes en moyenne. 35% des entreprises répondantes (141 dont 17 cotées) sont implantées en Ile-de-France ; les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et PACA représentent 33% des sociétés (129 dont 15 cotées). Enfin 14% des entreprises (soit 55) proviennent du Grand Ouest (Bretagne et Pays de la Loire).