Hamish Chamberlayne, gérant de portefeuille de la stratégie Global Sustainable Equity de Janus Henderson, revient sur les derniers événements dans le monde de l’ISR, ainsi que sur le positionnement, les performances et l’activité du fonds.
Au 3ème trimestre 2019, les marchés actions mondiaux n'ont guère progressé, l'indice MSCI World gagnant 0,1% en USD, bien qu'un raffermissement du dollar américain ait entraîné des rendements légèrement positifs pour les investisseurs non américains. Comme anticipé, la Fed a réduit ses taux d'intérêt en juillet, puis de nouveau en septembre, mais cela n'a procuré qu'une brève impulsion aux marchés, tandis que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine faisait rage et que les indicateurs économiques liés à l’industrie manufacturière et à l'emploi s'affaiblissaient. Dans ce contexte de détérioration de la croissance économique et de baisse des taux d'intérêt, ce sont les secteurs traditionnellement défensifs (services aux collectivités, immobilier et biens de consommation de base) qui ont enregistré les meilleurs résultats. Le secteur des technologies de l'information a également dégagé un rendement positif. Les secteurs qui ont sous-performé sont l'énergie, les matériaux, la santé, la finance et l'industrie.
Sur le plan du développement durable, les nouvelles n'ont pas été plus brillantes. L'ONU a publié un rapport soulignant qu'en raison de la fonte des glaces dans les régions polaires, le niveau de la mer montait plus vite que ce que les scientifiques avaient prévu. Cette situation expose des centaines de millions de personnes supplémentaires à des risques d'inondations extrêmes au cours des prochaines décennies. En Amérique du Sud, le nombre d'incendies dans la forêt amazonienne a augmenté de plus de 75% cette année et plus de 40 000 incendies ont été signalés dans la seule Amazonie brésilienne. On estime que plus de 9 000 kilomètres carrés de forêt vierge ont été perdus. De plus, en août, AON a publié son rapport 2019 sur le marché de l'assurance, qui a révélé que les catastrophes naturelles ont causé une perte économique de l’ordre de 225 Mds$ américains à l'échelle mondiale en 2018 soit la deuxième année la plus élevée jamais enregistrée et une augmentation de 50% par rapport à la moyenne annuelle entre 2000 et 2017. La pire année jamais enregistrée est 2017, avec 358 Mds$ américains en pertes économiques causées par les catastrophes naturelles.
L'on aurait pu penser que ces événements auraient incité les participants au Sommet des Nations Unies sur le climat en septembre à prendre des engagements plus ambitieux en faveur de la décarbonisation, mais la réalité est que les engagements pris par la plupart des pays sont encore bien insuffisants par rapport au minimum nécessaire. Ainsi, certains pays figurant parmi les plus grands émetteurs de carbone ne prennent toujours pas d'engagements fermes en ce qui concerne les objectifs ou les calendriers de réduction du carbone. C'est pourquoi, cette année, nous avons décidé de faire de la décarbonisation un élément central de notre programme d'engagement d'entreprise. Nous échangeons donc avec les entreprises de notre portefeuille au sujet de leurs plans de réduction des émissions de carbone et de leur échéancier pour atteindre l'objectif de zéro émission nette.
Le fonds a affiché un rendement de 3,4% en livres sterling au cours de la période, comparativement à une hausse de 4% pour l'indice MSCI World et de 2,4% pour l’IA Global, l'indice du groupe de référence. Le positionnement sectoriel du fonds a eu une incidence neutre sur la performance. Certains des plus gros contributeurs et des plus grands détracteurs sont des valeurs du secteur des technologies de l'information.
Prévisions
Un tour d'horizon du monde montre qu'il n'est pas difficile de trouver des raisons de s'inquiéter. Le ralentissement de la croissance économique, la guerre commerciale opposant les États-Unis et la Chine et le Brexit pèsent lourdement sur le moral des entreprises et des investisseurs et nous comprenons aisément pourquoi de nombreuses personnes préconisent la prudence dans le domaine des actions. Pourtant, nous sommes de plus en plus constructifs en ce qui concerne les perspectives des actions, notamment celles présentant de solides caractéristiques de croissance. Nous avons maintenant traversé plusieurs trimestres de faiblesse dans les secteurs industriel et manufacturier et certains signes suggèrent que le cycle de constitution des stocks et l'élan industriel pourraient être sur le point d'atteindre leur point bas. Le secteur des semi-conducteurs est souvent utilisé comme un indicateur économique avancé. Or au cours du dernier trimestre, nous avons constaté une stabilisation du prix des mémoires et les équipes dirigeantes ont indiqué qu'elles s'attendaient à une reprise en 2020. Le virage des banques centrales vers des politiques monétaires plus accommodantes soutient fortement les actions « growth » et nous voyons encore un potentiel haussier considérable dans bon nombre de nos positions.
Nous avons travaillé sans relâche pour construire un portefeuille équilibré avec une bonne diversification du risque et de l’exposition à une croissance idiosyncrasique solide. Bien que nous nous tenions prêts à renforcer progressivement les investissements qui pourraient profiter d'une reprise de la production industrielle, nous sommes conscients qu'il reste encore beaucoup d'incertitude. Notre allocation aux entreprises qui présentent un niveau élevé de revenus récurrents, des bilans solides et qui sont plus à l'abri des tendances macroéconomiques mondiales est significative. Nous sommes convaincus que notre cadre de développement durable nous aide à composer avec l'incertitude et à identifier des investissements présentant des caractéristiques de croissance vigoureuses qui, à notre avis, peuvent contribuer à la prospérité pendant les périodes de turbulence économique.