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[Point de vue]Solvabilité II, menace ou opportunité pour les asset managers ?

Par Philippe Deniau I Associé – Keyrus Management et François Mayet I Senior Manager – Keyrus Management

La directive Solvabilité II se traduit pour les assureurs par de nouvelles exigences de capital réglementaire, calculées en fonction des risques inhérents à l’activité. Parmi ces risques, les risques de marché associés aux investissements déterminent une part majeure des fonds propres exigés. S’ils ne sont pas directement soumis à la directive, les asset managers sont, en tant que partenaires des assureurs dans la gestion de leurs investissements, beaucoup plus concernés qu’il n’y paraît par les nouvelles dispositions et doivent eux-aussi s’y préparer, dès maintenant.

L’entrée en vigueur définitive de Solvabilité II, initialement prévue pour janvier 2014, sera probablement reportée à 2016. Néanmoins, certains éléments devraient être exigés dès 2013 ou 2014, notamment le pilier II – Gouvernance et gestion des risques – et une partie du pilier III Reporting et communication. L’objectif de la directive est, on le sait, de faire en sorte que les assureurs aient suffisamment de fonds propres pour faire face à leurs risques, sans mettre en danger leur pérennité et leurs engagements vis-à-vis des assurés.

La directive concerne néanmoins une autre catégorie d’acteurs à laquelle elle ne fixe pourtant directement aucune obligation : les sociétés de gestion d’actifs ou asset managers. En effet, les portefeuilles d’actifs que ces acteurs gèrent pour le compte des assureurs concentrent l’essentiel des risques de marché et de défaut auxquels ces derniers sont exposés. Les asset managers vont donc être conduits à contribuer au calcul réglementaire de ces risques, voire le prendre complètement en charge, mais aussi à satisfaire les besoins de pilotage et d’optimisation du niveau de fonds propres de leurs clients assureurs.

 

Répondre au besoin de reporting et de pilotage des compagnies

En conséquence, les asset managers doivent réévaluer leur dispositif de maîtrise des risques et renforcer leurs capacités à mesurer et gérer les risques de marché et de défaut des portefeuilles des assureurs dans le respect des nouvelles exigences réglementaires. Ils doivent également se doter des moyens de produire en temps voulu soit le reporting réglementaire, soit les données permettant à leurs clients d’établir ce reporting – sachant, d’une part, que les délais de production du reporting sont courts1 et, d’autre part, que les données utilisées doivent faire l’objet d’un processus de certification garantissant leur traçabilité et leur auditabilité par le régulateur. Ce premier faisceau de contraintes implique des investissements importants que la plupart des asset managers n’ont pas encore engagés alors que la fourniture du reporting ou, a minima, des inventaires de données, fera bientôt partie des services standard attendus par les assureurs.

Parallèlement, les asset managers ont l’opportunité d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire à leurs clients assureurs en jouant un rôle actif dans le pilotage du niveau de fonds propres. Pour faire les arbitrages les plus pertinents, il faudrait idéalement que l’asset manager puisse avoir une vision précise de la consommation de fonds propres induite par chaque opération envisagée. Pour être en mesure d’évaluer l’impact d’une opération sur le niveau de fonds propres, les sociétés de gestion doivent notamment renforcer leurs outils et capacités de simulation Front Office.

Optimiser les stratégies d’allocation d’actifs

Avec Solvabilité I, les calculs des fonds propres étaient simples et peu dépendants du profil de risque de l’assureur. Les besoins de pilotage étaient moins importants parce que, travaillant en valeur historique, les acteurs évoluaient dans un paysage relativement statique. En imposant la valeur de marché comme norme de valorisation des actifs, Solvabilité II introduit une volatilité qui impose une gestion dynamique des risques et de la solvabilité. Pour piloter efficacement le niveau de fonds propres dans ce nouveau cadre, les compagnies d’assurance vont, plus que jamais, devoir définir des stratégies d’allocation d’actifs qui, tout en continuant à rechercher un couple rendement-risque optimum, minimise la consommation de capital réglementaire. Dans le cadre d’un mandat de gestion, l’assureur peut spécifier une allocation d’actifs cible, charge à l’asset manager de gérer le mix de manière à la fois stratégique, avec une vision moyen terme, et tactique avec une vision court terme. A condition de se doter des moyens adéquats, les asset managers ont l’opportunité de s’associer encore plus étroitement avec leurs clients en les aidant à définir la meilleure stratégie d’allocation d’actifs, en fonction de leurs enjeux et objectifs de rentabilité et de consommation de fonds propres.

 

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