Près de 800 000 personnes placées sous mesure de protection juridique, ne sont plus en mesure de défendre leurs intérêts.
Publié par APICIL, groupe de protection sociale, « L’Observatoire du patrimoine des personnes vulnérables », décrypte les dispositifs et l’accompagnement dispensés à ce public en termes de gestion de patrimoine.
1/ Des aidants patrimoniaux de plus en plus nombreux…
L’aidant est défini comme « une personne qui vient en aide, à titre non professionnel, en partie ou totalement, à une personne âgée dépendante ou une personne en situation de handicap dans son entourage pour les tâches de la vie quotidienne ». L’aidant patrimonial a pour rôle spécifique d’aider ses proches dans des tâches liées à la gestion du patrimoine.
Aujourd’hui, 4% des Français (soit environ 2 millions de personnes) gèrent les finances et le patrimoine de personnes majeures de leur entourage n’ayant plus les capacités de le faire seules, souvent à cause du vieillissement. Parmi ces aidants patrimoniaux, plus d’un tiers exercent ce rôle sans qu’il leur ait été confié officiellement par un juge. 61%ne se considèrent pas comment « aidants » et voient la gestion du patrimoine de ses proches comme un acte « normal », voire un devoir.
Les personnes réalisant cet accompagnement financier s’occupent quasiment tous de la gestion courante : comptes de la personne, règlement de ses dépenses, etc. Les 2/3 d’entre eux ont déjà souscrit ou modifié un contrat d’assurance pour leur proche, et plus d’ 1/3 ont dû gérer une transaction immobilière ou une succession.
Cependant, le nombre d’aidants patrimoniaux devrait considérablement augmenter dans les prochaines années. En effet, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait croitre de 40% entre 2010 et 2030, et de 100% entre 2010 et 2060.
2/… ayant besoin de conseils et de soutien
En effet, 67% des aidants patrimoniaux déclarent avoir déjà rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle, notamment sur des questions de gestion financière et immobilière. Parmi les actions rencontrées qui sont les plus compliquées à gérer, les aidants identifient la gestion d’une succession pour 40% d’entre eux, suivie par la réalisation d’un inventaire du patrimoine pour 25% et la fourniture d’un compte-rendu annuel de gestion pour 24%.
Pour mieux accompagner leurs proches, les aidants patrimoniaux sont de plus en plus nombreux à demander un accompagnement : 12% recherchent un référent capable de les conseillers et de répondre à toutes leurs questions, et 10% de l’aide et du soutien. En moyenne, les aidants patrimoniaux s’appuient sur 1 seule personne pour être conseillés et/ou aidés.
Afin de continuer à toujours mieux assister leurs proches, les aidants souhaitent que leur rôle aux côtés des personnes vulnérables soit mieux connu et valorisé. En effet, près de la moitié des aidants ne s’estime pas suffisamment reconnu par la société.
3/ Des mandataires professionnels très investis mais en demande de formation
Les mandataires professionnels, ou mandataires judiciaires à la protection des majeurs, sont missionnées par un juge de tutelle pour assurer l’accompagnement social, administratif, juridique et financier des personnes placées sous mesure de protection juridique. Elles assurent tant la protection de la personne que ses biens.
Actuellement, 98% des mandataires professionnels gèrent les finances et le patrimoine de personnes vulnérables. En moyenne, ils accompagnent 42 personnes.
Au quotidien, les mandataires professionnels réalisent en moyenne 8 actions différentes pour le compte des personnes vulnérables :
- surveillance et gestion des comptes bancaires,
- règlement des dépenses,
- réalisation d’un compte-rendu annuel de gestion et d’un inventaire du patrimoine,
- souscription ou modification d’un contrat d’assurance,
- gestion d’une succession,
- réalisation de placements financiers ou d’une transaction immobilière…
95% des professionnels ont déjà rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle : des difficultés en premier lieux dues au manque de temps pour 74%, de connaissances financières pour 43%, ou d’accompagnement et de conseil pour 36%.
Comme pour les aidants, la gestion d’une succession est identifiée comme l’action la plus difficile, suivi par la réalisation d’opérations boursières.
Malgré leur investissement auprès des aidants et des personnes vulnérables, seuls 22% des mandataires professionnels affirment se sentir totalement à l’aise dans leur rôle et 36% se sentent suffisamment reconnus par la société. Pour mieux exercer leur rôle, ils estiment avoir besoin de davantage de temps (18%) et de formations (13%).