Gallup - le cabinet de conseil spécialisé dans l'analyse du management et du lieu de travail, la performance des organisations et la gestion des ressources humaines - publie son rapport européen « The Real Future of Work » sur la « Rupture Technologique » .
Les résultats de l'enquête menée auprès de 4 000 employés en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne montrent que si les salariés européens se montrent optimistes quant aux répercussions de la révolution technologique sur leurs avenirs professionnels, ils estiment avoir besoin de formation pour adapter leurs compétences ou en acquérir des nouvelles.
A nous les robots !
L'étude fait état d'un optimisme général quant aux répercussions des nouvelles technologies et du développement de l'IA. La grande majorité des salariés européens déclarent que les nouvelles technologies seront bénéfiques pour leurs entreprises et un nombre relativement restreint s'inquiètent de la menace pour leurs emplois.
La plupart des salariés interrogés déclarent qu'il n'est « pas du tout probable » que leur poste soit supprimé au cours des 5 prochaines années en raison des avancées technologiques. Environ 1 salarié sur 5 au Royaume-Uni (20%) et en France (19%) déclare que cela est assez ou très probable, contre 13% des salariés en Espagne et aux États-Unis, et 9% en Allemagne.
Halte au déni technologique des entreprises et de leurs dirigeants...
Tous les salariés sont lucides quant aux répercussions des nouvelles technologies sur leurs vies professionnelles - plus d'1 salarié sur 3 déclarent que les nouveaux outils et les nouvelles technologies ont modifié leur rôle en 2018 dans les quatre pays. Les craintes en fait ne portent pas sur l'impact de ces changements mais sur le manque de préparation à ces changements. En France, seulement 22% de salariés affirment que leurs entreprises les aident à élargir leur palette de compétences pour utiliser les nouvelles technologies numériques et ce chiffre est similaire dans les autres pays européens. Le besoin de formation ou plus précisément les attentes des salariés en termes de développement des compétences sont très clairement exprimées dans les réponses obtenues. 60% des salariés français estiment avoir besoin de développer leurs compétences actuelles et 55% besoin de développer de nouvelles compétences.
Formation : là où le bât blesse... en France
Croiser les données entre les attentes des salariés en termes de formation et les formations qui ont effectivement eu lieu en 2018, permet de mesurer les écarts entre les attentes des salariés et leur satisfaction. En Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni, le pourcentage de salariés déclarant avoir effectivement pris part à une formation en 2018 est proche ou supérieur au pourcentage de ceux qui estiment avoir besoin d'une telle formation.
Les salariés français sont l'exception : 58% estiment avoir besoin d'une formation pour développer leurs compétences actuelles ou acquérir de nouvelles compétences, mais seulement 37% ont pris part à une formation en 2018, contre 57% des salariés en Allemagne, 62% en Espagne et 64% au Royaume-Uni. Ce manque de formation est encore plus prononcé dans certains secteurs. Dans le secteur manufacturier, le pourcentage de salariés ayant participé à une formation en 2018 tombe à 27% en France.
Dans les 4 pays interrogés, la question de la formation soulève une interrogation sur la responsabilité des entreprises et des employeurs. Parmi les salariés européens qui ont participé à une formation en 2018, 35% l'ont fait de leur propre initiative alors que 65% déclarent qu'elle a été mise en place par leur entreprise. La vaste majorité des salariés n'ayant pas participé à une formation (81%) déclare que c'est le rôle de l'employeur d'initier et de mettre en place ces opportunités de stage ou de formation.
« Ce n'est pas la première fois que nos données montrent que les entreprises françaises sont à la traîne en matière de formation de leurs salariés. La question est d'autant plus probante avec une révolution technologique qui bouscule déjà depuis quelque temps les modes de production traditionnels. L'optimisme et la ténacité sont évidents chez les salariés français et européens face à la dite ‘ rupture technologique’. En revanche, on observe un réel pragmatisme et une lucidité face au besoin d'être correctement préparé pour faire face à ces changements. Sans formation et volonté des entreprises de répondre à ce besoin d'apprendre et de créer une culture apte à préparer les salaries aux rapides évolutions technologiques, on peut s'interroger sur la pérennité de cet optimisme ... », commente Laragh Marchand, Partenaire Gallup.