Par Philippe Gouspillou, Serial-entrepreneur & Operating Partner chez I&S Adviser.
Trop de start-up échouent faute de s'être posé les bonnes questions au préalable. J'en ai fait moi-même l'expérience. Et si on prenait le sujet dans le bon sens et qu'on anticipait les sujets sur lesquels l'entrepreneur a la main ?
Quel candidat entrepreneur n'a pas rêvé créer une start-up à succès ? Au regard de mon parcours, des projets que j'ai menés et des entrepreneurs auprès desquels je joue le rôle de copilote, il est important de se poser 5 questions.
Identifier les motivations de son projet
Première question, essentielle car fondatrice : pourquoi ? Veut-on satisfaire une idée ? Être reconnu socialement ? Changer de vie ou en être maître ? Se prouver quelque chose ? Gagner beaucoup d'argent ? Une chose est sûre : si l'objectif n'inclut pas la notion de créer de la richesse, il y a fort à parier que la start-up ne décollera pas.
Avoir un produit génial ne suffit jamais pour développer une entreprise, il faut qu'il se vende. Ce qui demande :
- de valider le besoin marché et la cible client
- de bien identifier ses 1ers clients
- de s'assurer que d'autres seront prêts à acheter l'offre au prix fixé
- de tenir compte des évolutions de leurs attentes.
Cela demande de prendre tous les avis, y compris contradictoires, afin de comprendre ce qui conduit à l'achat et de définir le bon business model. Arrêtons d'être théoriques, soyons pragmatique et concret.
Penser l'organisation en anticipant la croissance
Deuxième question : comment ? C'est-à-dire quelle organisation opérationnelle mettre en place pour permettre à l'entreprise de délivrer sa promesse. Parfois, le fondateur devra confier à d'autres certaines responsabilités comme l'a fait James Dyson par exemple : il est redevenu Directeur R&D pour rester en phase avec ses aspirations et ses compétences tout en laissant sa société devenir un leader sur son marché. S'entourer de collaborateurs ou associés apportant les compétences complémentaires aux siennes est essentiel. S'entourer de pairs est aussi un plus, car on peut alors confronter son point de vue et ses analyses à ceux de personnes ayant la même posture dans l'entreprise.
« Connais-toi toi-même »
Troisième question - qui découle de la précédente : qui suis-je et quels sont mes leitmotivs ? Pour devenir entrepreneur, il faut bien se connaître : que sait-on fait ? Sa situation personnelle est-elle « start-up compatible », i.e. est-on en mesure de supporter une absence de salaire pendant plusieurs mois, les dettes contractées avec caution personnelle, l'engagement du patrimoine personnel, etc. Le mental ne suffit pas, l'entourage doit adhérer au projet car tous seront impactés. Pour cela, il faut rester en permanence à l'écoute pour s'assurer que les objectifs qu'on poursuit à titre personnel sont en phase avec les enjeux de développement de son entreprise et de ses proches. Et surtout se garder une marge d'action à la fois en termes financier et de calendrier pour avoir la capacité d'encaisser les éventuels retards.
De l'art de la vente et de la communication
Quatrième question : sais-je vendre ? Un entrepreneur est en permanence en train de vendre son projet, auprès de ses clients et prospects, comme de ses collaborateurs, de ses partenaires, de ses financiers, de ses proches, etc. C'est cette posture qui lui permettra de continuer quand l'entreprise connaîtra des bas. Et si le fondateur n'est pas le meilleur vendeur de la start-up, alors il aura tout intérêt à s'appuyer sur ses collaborateurs ayant cette compétence.
Autre point important, très lié à la vente : la communication. Une start-up est avant tout une aventure humaine. Elle n'existe que grâce aux échanges avec les autres. Il faut aimer travailler en équipe, entrainer les autres, les fédérer et les motiver pour qu'une énergie commune se dégage. C'est ce qui permettra de donner vie à un projet et de le faire grandir.
Se préparer à devoir rebondir
Cinquième et dernière question : est-on prêt à échouer ? Tout entrepreneur qui a réussi a connu des difficultés à un moment ou un autre, sous une forme ou une autre. Le nier est un mauvais départ. C'est justement parce qu'on sait que ce risque existe que l'on crée davantage de conditions de succès.
Maintenant, à vous de jouer !