SEULS 6% des principaux producteurs et négociants de bois et pâte à papier évaluent les impacts de la crise climatique auxquels ils font face, ignorant les risques qu’elle présente pour l’industrie et l’ensemble de ses investisseurs.
Des sècheresses plus fréquentes, des phénomènes météorologiques extrêmes et l’exposition à de nouvelles maladies font partie des nombreuses répercussions de la hausse des températures à l’échelle mondiale sur les entreprises forestières, affectant les rendements, prix et profits tout au long de la chaine d’approvisionnement.
L’initiative SPOTT de l’ONG internationale de conservation Zoological Society of London (ZSL) a évalué 97 entreprises forestières dont les activités pourraient directement mettre en péril les forêts tropicales riches en carbone et en biodiversité abritant certaines espèces fauniques en danger critique d’extinction.
Selon ces évaluations, seules 6 entreprises sur ces 97 évaluent les impacts du changement climatique sur leurs activités. A elles seules, ces 97 entreprises contrôlent environ 46,6 millions d’hectares, soit quinze fois la taille de la Belgique.
De plus, seules 20 entreprises sur 97 ont pris un engagement zéro-déforestation. Cela signifie que la majorité des forêts sur les territoires contrôles par les entreprises restantes sont toujours exposées à un potentiel déboisement pour des plantations ou à la conversion de ces terres à d’autres usages tels que des routes, des scieries ou d’autres industries.
Pourtant, réduire les émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts et valoriser le rôle des forêts comme puits de carbone sont des mesures d’atténuation du changement climatique auxquelles les entreprises forestières pourraient contribuer.
Parmi les 20 entreprises ayant adopté un engagement zéro-déforestation, seules 11 requièrent que tous leurs fournisseurs de bois soient également tenus à cet engagement, garantissant une chaine d’approvisionnement sans déforestation, et seules 12 ont un système adapté pour surveiller et signaler la déforestation. Un manque de transparence dans le secteur se traduit par l’impossibilité de mesurer le progrès fait en matière de mise en œuvre des engagements zéro-déforestation.
Oliver Cupit, SPOTT Manager affirme que « protéger les forêts est essentiel pour attendre les objectifs de l’Accord de Paris. Si les forêts tropicales restent intactes, elles pourraient fournir 30% de l’effort requis en matière d’atténuation du changement climatique, car elles stockent de grandes quantités de carbones et participent à éliminer le carbone présent dans l’atmosphère.
Les entreprises opérant dans les forêts tropicales ne sont pas seulement exposées aux risques liés au changement climatique, elles sont également en première ligne : si elles se montrent capables d’adopter des engagements zéro-déforestation, et de démontrer leurs actions de manière transparente, la nature comme les hommes en tireront les bénéfices.
En plus de l’impact du changement climatique et de la déforestation sur la nature, ces problèmes, s’ils ne sont pas réglés, posent également des risques financiers et réputationnels majeurs pour les entreprises, leurs clients et leurs investisseurs. »
De son côté, Robert-Alexandre Poujade, Analyste ESG chez BNP Paribas AM et membre du groupe consultatif technique SPOTT sur le bois et les pâtes à papier de ZSL explique : « Sachant que près d’un quart de la dégradation et de la perte des forêts est due au secteur forestier, plus de transparence est nécessaire pour évaluer et gérer les potentiels impacts des activités forestières sur la biodiversité et sur le climat. Il est vital d’avoir des informations fiables concernant l’étendue, l’emplacement et le périmètre des concessions afin de surveiller les dommages faits à l’environnement au sein et à l'extérieur des concessions, et de garantir que les entreprises sont des gardiennes efficaces des terres qui leurs sont confiées. »
En savoir plus sur le travail de ZSL pour promouvoir la transparence dans les secteurs du bois et de la pâte à papier et sur les évaluations menées.