Par Nathalie Pelras et Jeremy Gaudichon, gérants du fonds KBL Richelieu Spécial.
Les opérations financières reviennent sur le devant de la scène en fanfare et dépassent toutes les espérances, tant par leur taille que par leur nature. Les plus emblématiques sont sans doute les rachats du ketchup Heinz par Warren Buffet et du fabricant d'ordinateurs Dell par son fondateur (associé à Microsoft et à SilverLake), mais ce ne sont pas moins de trois opérations à plus de 20 Mds$ et une à plus de 10, qui ont déjà été annoncées depuis le début de l'année.
Mieux encore, nous sommes déjà à 160 Mds€ d'opérations annoncées dans le monde en 2013, ce qui constitue le plus fort démarrage depuis 2005. Les grandes manœuvres sont de retour et toutes les planètes semblent alignées pour que cela se poursuive.
Depuis la fin de la crise, les sociétés ont sensiblement renforcé leur bilan et se retrouvent aujourd'hui assises sur une montagne de cash qu'elles ne savent comment allouer. Apple et Berkshire Hattaway (holding de W. Buffet) avec des trésoreries respectivement de 136 Mds$ et 45 Mds$ au début de l'année en sont la parfaite illustration. L’Europe n’est pas en reste : les entreprises cotées cumulent, selon le cabinet McKinsey, plus de 750 Mds€ de trésorerie. De plus, les coûts d'emprunt sur les marchés obligataires, grâce aux politiques ultra accommodantes des banques centrales, ont atteint des niveaux historiquement bas, qui rendent tout projet de croissance externe immédiatement et aisément créateur de valeur. Par ailleurs, le dénouement de l'élection présidentielle américaine et les avancées sur la gestion du « fiscal cliff » ainsi que le net recul du risque systémique en Europe ont levé un certain nombre d'incertitudes. L'évolution des marchés financiers depuis l'été dernier en est la preuve.
Dans ce contexte, le retour progressif de la confiance devrait inciter les chefs d'entreprises à envisager de nouvelles opérations de croissance externe.
Enfin, la participation de SilverLake au rachat de Dell, illustre également le grand retour des fonds de private equity avec des opérations de LBO de taille conséquente, chose que nous n'avions plus vu depuis la chute de Lehman Brothers en 2008.
Créé en mai 2000, KBL Richelieu Spécial, un des premiers fonds à investir sur la thématique des fusions & acquisitions en Europe, a déjà profité depuis le début de l'année de l'annonce du rachat du câblo-opérateur britannique Virgin Média par le groupe américain Liberty Média.
Son petit frère, KBL Richelieu Spécial Monde, crée en juillet 2011 et qui décline cette même stratégie sur le monde, était quant à lui investi sur Dell.
Des opérations qui en laissent présager de nombreuses autres…