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[Tribune] IPO : avant d'y aller, assurez-vous que vous pourrez délivrer !

Par Hervé Yahi, Serial-entrepreneur & Operating Partner chez I&S Adviser

Quel fondateur d'entreprise innovante ne s'est pas un jour interrogé sur l'intérêt d'une introduction en bourse pour accélérer sa croissance ?

Même si le nombre d'IPO est en baisse comme le révélait une étude de PWC début avril (-41% par rapport au 1er trimestre 2018 et -64% du montant des fonds levés), notamment du fait des tensions économiques internationales, le sujet reste d'actualité comme l'ont montré les annonces de Pinterest, Slack et autres acteurs du numériques.

Mais encore faut-il être prêt pour se lancer dans ce type de démarche. Ayant moi-même conduit des projets d'IPO pour les entreprises que j'ai fondées ou dirigées, il y a un certain nombre de points que beaucoup d'entrepreneurs de la tech sous-évaluent et dont seuls des entrepreneurs l'ayant déjà vécu apprécient le caractère critique et engageant pour le fondateur.


Une condition sine qua non
 : délivrer

Le plus important avant de se lancer est de s'assurer que l'entreprise est en mesure de délivrer la promesse qu'elle va faire aux futurs actionnaires. En France, les entreprises cotées non rentables au-delà de 12 mois sont regardées avec suspicion, les avis d'analystes ou articles publiés dans la presse financière peuvent faire beaucoup de mal à leur développement, et il est très difficile de changer le regard par la suite. Si on ne délivre pas, la sanction est lourde et dure longtemps. Rappelons-nous le cas de Viadeo par exemple qui a manqué de cash, dont la stratégie n'a pas convaincu et qui n'arrivait pas à délivrer la promesse de départ.

Par le passé, les résultats obtenus par le « retail » (achat de bannières sur les principaux sites boursiers) permettaient d'attirer plus d'actionnaires particuliers mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Quoi qu'il advienne, il est vital de pouvoir montrer des résultats industriels tangibles se traduisant dans les résultats financiers.

Une exception toutefois pour le secteur des biotechs : contrairement au secteur du numérique, les temps de R&D et de mise sur le marché des innovations sont très longs. Dans leur cas, une IPO peut être un bon moyen de financer la phase de mise au point et de POC de l'offre en attendant sa commercialisation. A condition toutefois de démontrer régulièrement l'avancée des travaux menés.


Une question de temps et d'argent

Autre point clé que beaucoup de chefs d'entreprise sous-estiment : le temps et le coût requis par une introduction en bourse. La cotation induit des obligations de communication régulière vis-à-vis des actionnaires, qu'il faut tenir et surtout nourrir en montrant les pas franchis dans l'exécution de la stratégie annoncée au départ. L'élaboration d'une solide et riche « Equity Story » doit être à l'agenda du chef d'entreprise. Le processus complet - choix d'un conseil, d'un PSI, d'une agence de communication financière, etc., la rédaction du prospectus puis des présentations pour les pré-roadshow et roadshows s'étalent bien souvent sur une longue période. Enfin la communication ultérieure à l'attention du marché demande également un travail minutieux et en continu.

Quant aux aspects financiers, 2 points doivent retenir l'attention : tout d'abord, le niveau de valorisation qui ne doit pas être surévalué - sachant d'expérience qu'une valorisation proche de 20 M€ s'avère délicate pour réussir à moyen terme une IPO sur un marché comme Euronext Growth.

Ensuite, une IPO coûte cher : le cumul des coûts induits (frais des conseils, de communication, du retail, etc.) est bien plus élevé que les frais générés par une levée de fonds équivalente pour une levée trop proche des seuils minimaux. Il faut donc que l'entreprise soit en mesure de les absorber sans trop impacter son compte d'exploitation et sa rentabilité sachant que l'implication en temps des dirigeants dans le process d'IPO est très élevée.


Un vrai levier de croissance

Une fois l'évaluation de ces risques faite, et si les critères-clés sont réunis, alors lever des fonds sur les marchés peut être un vrai accélérateur de développement. Parce que l'entreprise va pouvoir modifier et élargir son actionnariat ; parce qu'elle va disposer des ressources financières requises pour son développement ; parce que son fonctionnement et ses processus opérationnels vont gagner en rigueur autant qu'en efficacité opérationnelle ; etc.

Vouloir lever des fonds via les marchés publics est tentant, et est un outil puissant de développement... à condition de bien appréhender toutes les dimensions du sujet. L'appui de ses pairs sur ce type d'opérations est extrêmement riche, car seul quelqu'un qui l'a déjà vécu dans la même posture saura apprécier la situation et l'engagement pris. 1 entrepreneur averti en vaut 2 !

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