Globalisation, transformation technologique et attentes sociales plus affirmées bousculent les organisations à tous niveaux et redessinent le monde du travail. La IVème Révolution Industrielle emporte avec elle les modèles socio-économiques existants. Au-delà des enjeux financiers et technologiques, les questions sur l’impact humain sont également au cœur des débats.
Sous l’impulsion du digital et de la robotisation, toutes les dimensions du Future of Work se voient bouleversées : évolution de la structure et de la nature de l’emploi et des compétences, transformation des organisations de travail…
Deloitte - en partenariat avec Cadremploi - fait le point sur la compréhension que les Français ont de ces changements et comment ils appréhendent leurs répercussions dans des organisations drivées de plus en plus par la Data.
Le Future of Work, une réalité déjà en marche
En pleine mutation technologique, les organisations évoluent rapidement. Dans cet écosystème transformé, la première tendance qui se dégage de l’étude met en avant des Français avertis, conscients des évolutions profondes qui bouleversent aujourd’hui leurs environnements. Ainsi, pour une large majorité des répondants (76%), la transformation en cours concerne toutes les organisations. Pour 47% celle-ci a d’ores et déjà commencé, quand près d’un tiers l’envisage à court terme. Cette dynamique se traduit pour 52% des cadres et 41% des non-cadres par une modification profonde des modes de travail et d’organisation, mais également par un monde de plus en plus connecté.
Face à l’ampleur de ces bouleversements, Deloitte brosse le portrait de Français qui, dans leur ensemble, partagent un sentiment de curiosité (22%). Néanmoins des contrastes de perception existent. Si le futur inquiète 21% des non-cadres, l’étude note à contrario un certain enthousiasme et optimisme chez les cadres dirigeants. Pour autant, l’espoir ressort comme le 3e sentiment partagé par tous.
Une vision contrastée sur l’avenir des métiers
L’étude révèle que le futur du monde du travail ne fait pas nécessairement planer une menace sur le marché de l’emploi en captant des métiers qui pourraient être exécutés par des machines. En effet, la robotisation est autant perçue comme moteur de nouvelles opportunités que comme facteur de destruction d’emplois. Mais l’étude souligne également que la plupart des répondants pensent que ce sont surtout les autres qui seront impactés, dont 66% pour les non-cadres. En effet les Français envisagent leur avenir professionnel sous un angle plutôt optimiste. Seuls 28% pensent que leur métier va disparaître contre 90% qui considèrent au contraire que celui-ci connaitra une évolution.
En premier lieu une majorité des Français interrogés estiment que les robots et autres machines cognitives remplaceront surtout les humains dans les travaux pénibles, prenant en charge des actions répétitives et monotones. De ce fait, la production et la logistique sont perçues comme les 2 domaines particulièrement soumis à ces transformations du fait de leur automatisation (respectivement 26% et 23%). En revanche, pour la finance, le résultat est assez marginal avec seulement 14% des répondants qui estiment qu’un changement significatif est à prévoir. L’étude souligne également que, pour 23% des personnes interrogées, les robots pourraient se substituer à l’homme et 22% estiment qu’ils pourraient permettre d’inventer de nouveaux métiers.
L’étude révèle que les 2 principales compétences humaines jugées comme différenciantes sont avant tout des compétences sociales et la faculté à résoudre des problèmes complexes. Les compétences techniques ne ressortent qu’en 3e position avec un écart significatif par rapport aux premières.
Des relations humaines en berne dans un monde plus flexible
Au-delà de ces bouleversements structurels, l’étude met en avant des Français inquiets quant au devenir des relations humaines dans ces organisations transformées. Ainsi, 67% des répondants pensent que les relations humaines sont amenées à se dégrader. Pour 76% d’entre eux le dialogue social est voué à se détériorer, tout comme les interactions humaines (67%). Dans le même temps, 69% des répondants estiment que la pression quotidienne augmentera également.
Cependant, l’étude relève un paradoxe qui tend à dessiner aussi les contours d’un monde plus agile et flexible. En effet, si les Français craignent une déshumanisation et la dégradation des relations, 52% estime que la collaboration ira, elle, en s’améliorant. En ce sens, les répondants voient dans cette transformation digitale, l’émergence et la démocratisation de nouveaux modes et lieux de travail plus souples. Ainsi, l’ère est au changement des méthodes de travail et le coworking, ainsi que la généralisation du télétravail, apparaissent comme les deux principaux vecteurs d’évolution, à respectivement 86% et 80%. Ces modèles moins « processés » et plus diversifiés s’intègrent à un environnement de travail repensé dans lequel l’augmentation de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information apparaît, pour 98% des répondants, comme le premier marqueur de cette transformation.
Ce regard porté sur ces systèmes organisationnels destinés à changer éclaire également le cadre législatif du travail sous un jour nouveau. Ainsi, pour 32% des répondants les formes classiques de contrats (CDD, CDI, etc.) sont appelées à disparaître au profit du statut d’indépendant pour 24%.
Dans ce contexte, l’étude met en lumière une différence singulière dans les réponses selon les différences d’âge des répondants. Ainsi, 1/3 des personnes de moins de 40 ans pense que la transformation n’aura pas d’impacts sur le futur du travail, les plus réalistes ou les plus novateurs se révèlent être les plus âgés.
« À l'ère de la 4e révolution industrielle, le monde du travail va se renouveler, se réinventer, se rénover. Face à ces mutations profondes, les Français restent vigilants, partagés entre espoir, curiosité et inquiétude. Il appartiendra à chaque acteur de cette transformation de repenser les organisations de demain en créant de la valeur dans ce nouveau monde, afin que chacun puisse y trouver sa place », déclare Philippe Burger, Associé Capital Humain chez Deloitte
« La robotisation, la digitalisation et les relations sociales bousculent aujourd’hui les organisations telles qu’on les connait et dressent les contours d’un nouveau monde du travail. Bien que cette métamorphose, du monde du travail, n’inquiète pas les cadres concernant l’évolution de leur métier, elle soulève quelques craintes sur les relations de travail. Si ces mutations dessinent un nouvel environnement de travail où les cadres appréhendent une dégradation des interactions humaines et du dialogue social, il n’en demeure pas moins que cette transformation sera avant tout accompagnée et dirigée par l’humain », conclut Elodie Franco Da Cruz, chargée d’études Cadremploi.