A l'issue de la Semaine Européenne du Développement Durable, le cabinet leader en recrutement et chasse de tête spécialisé Birdeo publie sa 4ème enquête annuelle sur le secteur. 802 professionnels du Développement Durable et de la RSE ont ainsi été interrogés entre le 20 décembre 2018 et le 20 mars 2019. 3 grands enseignements majeurs :
1/ Il existe une très grande disparité dans les profils comme dans les rémunérations des professionnels, en fonction qu'ils soient « inhouse » ou en « cabinets de conseil / indépendants ».
L'étude menée par Birdeo s'est en effet attachée à distinguer les professionnels œuvrant inhouse, des professionnels du conseil (salariés de cabinets ou indépendants). S'ils s'avèrent toutes et tous en grande partie très diplômés, là est sans doute leur seule caractéristique commune. Rémunération, ancienneté, missions et budgets gérés... Birdeo dresse ici le portrait de deux univers encore très éloignés.
2/ Inhouse, les 2/3 des professionnels sont des femmes : une proportion qui diminue à mesure que le niveau hiérarchique augmente. Malgré cette part importante, des écarts de rémunération avec les hommes de l'ordre de 16 à 21% sont observés.
Le second enseignement de l'étude Birdeo est relativement peu flatteur pour le secteur, mettant en avant des écarts considérables entre les positions et les rémunérations des hommes et des femmes. Néanmoins, il est intéressant de noter que cette tendance ne se vérifie pas du côté des cabinets et des indépendants. La proportion des femmes y est en effet légèrement moins élevée (58% pour les cabinets, 56% chez les indépendants), et surtout, les écarts de rémunération y sont eux, quasi-inexistants.
3/ Le budget des Directions du DD inhouse s'élève à 870K euros annuels en moyenne. 18% d'entre elles ne dispose toujours, en revanche, d'aucun budget !
Si l'étude Birdeo tend à souligner cette année un niveau d'intégration croissant du Développement Durable dans le fonctionnement de l'entreprise, elle note également que seules les grandes entreprises sont concernées, que les comités de direction leur sont encore très peu ouverts, et que près d'un directeur sur cinq ne dispose d'aucun budget pour cette mission.
I - Le professionnel du Développement Durable inhouse
Premier échantillon observé par l'étude Birdeo : les professionnels du DD et de la RSE dits « inhouse », à savoir les salariés d'entreprises privées autre que les cabinets de conseil.
On notera tout d'abord qu'ils sont majoritairement issus des secteurs « Banque / Finance », « Agriculture / Agroalimentaire », et en 3ème position, à égalité, « BTP » et « Distribution / Commerce », dans des entreprises de plus de 1 000 salariés pour 60% d'entre eux.
Si l'on s'intéresse de plus près à leur parcours, on note que 75% des responsables et chargés de mission/projet ont été recrutés pour le poste, contre seulement 60% des directeurs. Par ailleurs, 27% de ces derniers occupent le poste depuis plus de 5 ans (et 40% d'entre eux sont dans l'entreprise depuis plus de 10 ans !). Une ancienneté et une mobilité interne qui peuvent poser question.
« Le fait que les directeurs et directrices « Le fait que les directeurs et directrices du Développement Durable bénéficient d'une ancienneté notable envoie un double signal. Le premier est que l'on ne choisit pas ce métier par hasard, par opportunité, mais bien avec un réel engagement, une volonté affirmée de faire bouger les lignes. Il paraît très difficile de revenir ensuite à des fonctions plus classiques. Le second est que ces métiers et les compétences inhérentes - conduite du changement, ténacité, courage, transversalité, adaptation des business models etc - manquent sans doute encore de reconnaissance dans l'organisation, ce qui semble nuire aux mobilités internes. Pourtant, il s'agit là de toutes les compétences requises pour diriger une entreprise... », commente Caroline Renoux, fondatrice et CEO de Birdeo.
71% d'entre eux se voient dans leur poste attribuer des missions dites « transverses », consistant essentiellement à la bonne coordination des démarches RSE en interne. 14% d'entre eux ont en outre des fonctions très opérationnelles, ce qui témoigne d'un niveau d'intégration croissant du Développement Durable dans l'entreprise !
A noter également que 50% d'entre eux coordonnent également des missions internationales...
Ils gèrent un budget moyen annuel de 870 000€, allant de 0 euros pour 18% d'entre eux, jusqu'à 5 millions d'euros ! 39% seulement d'entre eux sont membres des comités de direction.
Ils ont 38 ans en moyenne, et travaillent en Ile-de-France pour 64% d'entre eux. Ils sont à 90% à être diplômés d'au moins Bac +5.
Enfin, 2/3 d'entre eux sont des femmes : une proportion qui s'élève à 81% sur le poste de chef de projet / chargé de mission, et s'amoindrit progressivement à 57% sur le poste de directeur du Développement Durable. Dans le même temps, les écarts de rémunération avec les hommes sont, à l'instar de nombreux secteurs, compris entre 16% (postes de direction) et 21% (postes de chef de projet).
II - Le professionnel du Développement Durable en conseil
Second échantillon observé par l'étude Birdeo : le secteur du conseil en DD, qui se caractérise par une proportion importante d'indépendants, à savoir 42%, voire même auto-entrepreneurs pour 36% d'entre eux. 56% sont des femmes, et la moitié exerce en Ile-de-France. Dans les deux situations, les professionnels sont là aussi très largement diplômés Bac +5 (90% pour les pros en cabinets, 85% pour les indépendants).
83% des professionnels en cabinets sont dans des structures comptant moins de 50 collaborateurs. Les champs d'intervention y sont variés, avec un trio de tête : stratégie RSE & reporting (72%), expertise scientifique & ingénierie (47%), accompagnement RH & formation (36%). Ils sont par ailleurs en grande partie seniors (81%). 58% sont des femmes. Ils exercent principalement en ile-de-France (80%).
Fait marquant : 70% des consultants indépendants et 76% des consultants en cabinet occupent leur poste depuis moins de 5 ans. Une ancienneté qui contraste avec celle des directeurs du DD inhouse.
En prestation externe, les rémunérations observées sont enfin bien plus faibles (51K euros fixes / an en moyenne en cabinet Vs 72K euros fixes / an inhouse, et seulement 44K euros pour les indépendants), avec des écarts peu significatifs entre les juniors et les seniors, ce qui crée un sentiment d'insatisfaction exprimé : 44% des séniors se disent insatisfaits de leurs salaires.
Cette fois-ci, les écarts de rémunération entre hommes et femmes sont, eux, quasi-inexistants.