Cette exposition réunit pour la première fois les grands noms du mouvement impressionniste autour de la thématique du reflet dans l'eau : Monet, Renoir, Sisley, Caillebotte, Seurat et bien d'autres se côtoient autour de cet axe grâce à des prêts prestigieux provenant du monde entier.
Depuis l’époque classique, le thème du reflet est au coeur des interrogations artistiques. Narcisses autant que philosophes, les peintres se sont montrés fascinés par ce phénomène optique qui leur restitue, mieux que ne sauraient le faire leurs pinceaux, une image inversée d’eux-mêmes et du monde. Le merveilleux miroir de l’eau est ainsi devenu pour la tradition académique un révélateur, celui de la beauté profonde d’un univers éternellement calme, stable, ordonné par une symétrie parfaite. Dès les premiers frissons que Corot fait souffler à la surface de l’eau, il est cependant manifeste que la tradition du paysage n’est plus en phase avec son époque. Au XIXe siècle, les impressionnistes vont définitivement brouiller cette image d’un monde immuable, pour transcrire une réalité changeante, incertaine, dont le devenir reste indéchiffrable.
Le motif du plan d’eau, cette surface colorée perpétuellement mobile où se réfléchissent le paysage, les voiles et le ciel, traverse toute l’histoire de l’impressionnisme. S’attacher au jeu aléatoire des reflets, c’est pour Monet, Caillebotte, Renoir ou Sisley proclamer la vérité de l’instant, mais c’est aussi vibrer à l’unisson avec le mouvement général d’un monde en pleine métamorphose, dans lequel la vitesse et la lumière vont jouer un rôle prépondérant. Les découvertes de la science – la dualité ondulatoire et corpusculaire de la lumière –, les progrès de l’assainissement autorisant le développement de la vie sur les berges, l’émergence des loisirs que favorise la rapidité des transports, tout concourt à ériger le motif du reflet comme symptôme d’une société en plein bouleversement, aussi bien dans les arts visuels, la littérature, la musique, que la philosophie.
Ces enjeux expliquent dans une large mesure la place extraordinaire que la Seine a tenue dans l’oeuvre des grands peintres impressionnistes. La question des reflets nourrit chez Monet une réflexion particulièrement riche, depuis la Grenouillère de 1869 aux séries des Peupliers, des Ponts japonais du bassin de Giverny pour s’achever sur le motif des Nymphéas, motif inlassablement repris jusqu’à ses ultimes années. Les fondements même de l’impressionnisme ne se trouvent-ils pas dans ses toiles havraises de 1872 et le reflet singulier d’un tableau devenu icône, Impression, soleil levant? Le zig-zag rouge orangé, tel une écriture calligraphique de la lumière, souligne si besoin était que la réponse des artistes aux mutations de la société est avant tout picturale.
Le reflet changeant de l’eau devient pour les générations qui suivent le lieu du renouvellement de la peinture : il gagne sa densité avec Cézanne, il est libératoire chez Signac. Autour du motif du plan d’eau s’accomplissent en définitive les grandes évolutions picturales de la modernité ;; c’est le long de cette trajectoire que se construit l’exposition. A travers une centaine de toiles, un riche ensemble de photographies et de dessins, en croisant les approches thématiques avec la réunion de grands ensembles iconographiques emblématiques de l’impressionnisme, elle entend dévoiler ce grand enjeu esthétique qu’est le reflet moderne.
Eblouissants reflets
100 chefs d'oeuvre impressionnistes
29 avril – 30 septembre 2013
Musée des Beaux-Arts de Rouen
Esplanade Marcel Duchamp
76 000 Rouen
Cette exposition est organisée par la Ville de Rouen / Musée des Beaux-Arts de Rouen et la Réunion des musées nationaux - Grand Palais dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste.
Horaires :
en mai, juin et septembre : de 9h à 19h tlj sauf le mercredi de 11h à 22h.
en juillet et août : tlj de 9h à 19h.
Fermeture le 1er mai.
Tarifs :
10 €, 7 € (TR), gratuit pour les -26 ans et les demandeurs d’emploi.