Tribune de Christelle Molin-Mabille,
Présidente de la Chambre Nationale des Conseils Intermédiaires en Opérations de Banque, et de
Didier Kling, Président de la Chambre Nationale des Conseils Experts en Immobilier Patrimonial.
Le contexte national de ces derniers mois a mis en lumière des problématiques sociales, financières et économiques qui ne sont pas sans ignorer la manière dont les Français veulent construire leurs projets. Parmi ceux-ci, intervient l'immobilier qui bénéficie pour le moment d'une situation de taux bas mais qui n'échappe pas aux remous de la conjoncture. Baisse du pouvoir d'achat, hausse du coût de la vie, sur-taxations, retraite et dépendance, mobilité...Autant de facteurs qui pèsent sur les intentions des consommateurs, pour réaliser ou non un investissement immobilier et rechercher des solutions de financement.
Politique et confiance
Si l'immobilier est une classe d'actifs plébiscitée des consommateurs, il n'en demeure pas moins qu'un débat s'est instauré dans le milieu de la gestion de patrimoine et du financement pour analyser les raisons d'un ralentissement des affaires. Est-ce par contrainte d'une remontée des taux ou simplement à la suite d'une dégradation de la confiance ? Une récente enquête de l'institut IFOP, publiée fin février nous enseigne que 7 Français sur 10 portent un regard morose sur l'avenir économique et politique du pays. 56% des sondés estiment que l'action des pouvoirs publics a eu un impact négatif sur le marché de la pierre.
Le projet immobilier séduit toujours
En tant que courtiers en crédit immobilier, comment se positionner dès lors ? 60% des sondés estiment qu'il est toujours intéressant d'acquérir un bien, avec une tendance plus prégnante chez les 18-24 ans ; ce qui suppose qu'à la lueur de la loi PACTE, nous allons devoir prendre encore plus au sérieux, la question de l'éducation financière. Viennent ensuite les CSP+, les Franciliens et les retraités. Mais du projet à la signature, il y a un pas, car seulement 30% des Français envisagent un projet immobilier en 2019.
Quelles seraient la cible des courtiers ?
En 2019, les moins de 35 ans réfléchissent à un achat immobilier (45% des sondés) ainsi que les CSP + (49%). Que veulent-ils faire exactement ? ¼ d'entre eux vont acquérir un bien et 17% d'entre eux ont l'intention de vendre. Cela conduira-t-il à une tension sur le marché et à une diminution de l'offre ? Il s'agira d'observer ce paramètre avec attention. Par ailleurs, la frilosité des Français peut être source d'opportunités pour notre profession, car sa raison est identifiée. 45% d'entre eux pointent en premier, la baisse du pouvoir d'achat. Il nous appartiendra donc de faire jouer à plein la recherche des meilleures conditions de financement, sans pour autant omettre la plus-value du conseil et de l'accompagnement sur le long terme. A plus forte raison que le recours à un crédit pour acquérir sa résidence principale est stable, mais aussi que les Français sont prêts à s'endetter plus longtemps (durée de plus de 21 ans) pour être propriétaires. Enfin, que les différentes mesures gouvernementales (PTZ, reconduction du dispositif Pinel, suppression de la taxe d'habitation) sont considérées comme favorables aux achats immobiliers.
Tendances à intégrer
Parmi les facteurs importants à l'achat, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers “l'immobilier vert”. La performance énergétique et, plus généralement, les enjeux environnementaux sont toujours perçus comme de véritables enjeux immobiliers et ont une incidence sur leurs comportements. Au même titre que leur possibilité de mobilité même si les acheteurs ou vendeurs motivés, peuvent pallier à ce manque, par le télétravail.
Courtiers, quelles perspectives ?
Face à la complexité de la conjoncture et de l'accès aux crédits immobiliers par leur établissement financier, les consommateurs s'ouvrent de plus en plus aux intermédiaires. Leur motivation ? Ils sont gage de sécurité et d'optimisation tant pour le prêt que l'assurance-crédit. La part des courtiers en immobilier devrait approcher les 50% sur ce marché à l'horizon 2022. Il va donc nous falloir miser encore davantage sur le conseil, l'expertise et l'accompagnement. A plus forte raison que le courtage en crédit tout comme les autres métiers du financement vont prochainement être autorégulés ; ce qui devrait aussi concourir à une plus grande visibilité auprès du grand public et une reconnaissance certaine de la Place.