Fait sans précédent : le marché mondial des fusions et acquisitions (M&A) a sous-performé pour un 5ème trimestre consécutif, faisant de 2018 l’année la moins performante en transactions réalisées depuis 2008.
C’est aussi la première année durant laquelle les entreprises sous-performent sur l’ensemble des 4 trimestres, selon les derniers résultats du rapport Quarterly Deal Performance Monitor (QDPM) de Willis Towers Watson.
Les travaux de recherche de Willis Towers Watson sur les fusions et acquisitions (QDPM) suivent le nombre de transactions réalisées de plus de 100 M$ et la performance du cours de l'action de la société acquéreur par rapport à l'indice MSCI World. Les résultats ont révélé que, sur une période glissante d'un an, les acquéreurs ont sous-performé l'indice de 2,8 points de pourcentage (pp).
« Nous avons observé des signes de détresse du marché très clairs pendant l’année 2018, comme la hausse des taux d’intérêts américains, des incertitudes géopolitiques, commerciales et tarifaires, la valorisation excessive des niveaux de M&A, et l’augmentation du protectionnisme envers les deals M&A transfrontaliers et les flux commerciaux mondiaux. L’addition de ces éléments peut expliquer l’impact sur les performances des deals », explique Maud Mercier, directrice de l’activité Global Solutions and Services, au sein de Willis Towers Watson France.
Les acquéreurs européens ont été les seuls à surperformer leur Index MSCI régional en 2018, 3,6 pp au-dessus du marché. En Europe, l’analyse montre un rendement très élevé au 1er et au 3ème trimestre, plus faible au second, et en dessous des objectifs de 3,1 pp au 4ème, dû à des mauvaises performances des acheteurs anglais. Malgré une performance plutôt faible, le résultat européen sur le court-terme excède cependant la moyenne sur les 10 dernières années (3,6 pp pour un an, 6,2 pp pour trois ans, et 3,5 pp en tout).
Gabe Langerak, responsable des M&A pour l’Europe Occidentale de Willis Towers Watson commente : « Ce fut une année très éprouvante sur la scène mondiale, mais les négociateurs européens ont su trouver leur chemin à travers la tempête. 2019 semble s’annoncer aussi exigeante. Il est vital que les acheteurs potentiels explorent chaque angle du deal, pour optimiser les synergies possibles ».
Les entreprises de la région Asie-Pacifique ont affiché la pire performance annuelle de toutes les régions, avec une sous-performance de 18,3 pp, suivie d'une sous-performance des acquéreurs nord-américains de 3,5 pp, par rapport à leurs indices MSCI respectifs.
Parmi les autres résultats révélés par l'étude :
₋ Au dernier trimestre de 2018, les transactions évaluées entre 100 M$ et plus de 10 Mds$ ont nettement sous-performé l'indice global de 3,5 pp en moyenne.
₋ Reflétant l'incertitude des perspectives économiques mondiales, le 4ème trimestre n'a vu que 208 transactions clôturées, ce qui représente le chiffre le plus bas du dernier trimestre des 6 dernières années. Ceci est principalement dû à la diminution du nombre de transactions asiatiques.
₋ Le nombre de méga transactions clôturées au quatrième trimestre 2018 est actuellement de 7, le chiffre trimestriel le plus élevé de cette année et non observé depuis 2016. Les méga transactions sont actuellement sous-performantes de 9,5 points par rapport au marché, soit la pire performance de tous les types de transaction.
₋ Les entreprises réalisant des transactions dans le secteur High Tech, la santé et dans la distribution ont été les seules à surperformer en 2018.
₋ Le secteur High Tech a été le secteur le plus visé avec 143 transactions impliquant des entreprises de technologie achetées en 2018.
₋ Les acquéreurs britanniques sont actuellement à 5 pp sous leur indice avec 8 transactions au 4ème trimestre 2018, bien qu'ils aient systématiquement surperformé leur indice régional au cours des 3 dernières années (3,6 pp) et de l'année précédente (0,5 pp).
« Les perspectives à court terme pour les fusions et acquisitions semblent difficiles, avec l'intensification des guerres commerciales, l'incertitude persistante autour du Brexit et la montée de l’activisme des actionnaires, ce qui a contraint certains acquéreurs à se mettre en pause. Toutefois, le ralentissement récent devrait être temporaire, la confiance des acheteurs restant de mise. Pour les entreprises qui décident de conclure un accord en 2019, examiner de près les risques de perte de valeur s'avéreront être une première étape cruciale afin d’éviter des échecs potentiels et réussir des accords », conclutMaud Mercier.