Dans un rapport intitulé « Investir dans la dette souveraine : Modèle d'analyse ESG et applications », les auteurs décrivent les deux manières dont les investisseurs peuvent analyser leurs portefeuilles d'obligations d'État selon des critères ESG.
La première répond au désir des investisseurs de limiter leur risque de réputation en filtrant l'univers d'investissement, avant la phase de construction du portefeuille, avec des critères ESG. Un filtrage intégrant différents critères a permis d'identifier 10 émetteurs souverains exposés à un risque de réputation significatif (sur 57 au total) – ces 10 émetteurs représentaient 9,7% de la capitalisation boursière de l'univers. L'application de ce filtre n'a pas entraîné de modification significative des caractéristiques de l'univers d'investissement en termes de qualité, de rendement et de duration. Elle a permis d'améliorer la qualité de signature du portefeuille à travers une réduction de la pondération des obligations très spéculatives.
Dans un second temps, l'étude évalue comment l'intégration ESG pourrait avoir un impact sur les caractéristiques clés d'un portefeuille d'obligations d'État. Les résultats montrent qu'une approche ESG respectant des paramètres de risque bien précis impacte l'allocation géographique, mais peut en même temps améliorer la performance ESG du portefeuille tout en ayant une incidence limitée sur ses autres caractéristiques clés, telles la qualité et la duration.
En ce qui concerne les marchés émergents, les auteurs recommandent de surpondérer la Hongrie, la Pologne et le Chili, et de sous-pondérer les Philippines, la Colombie et l'Indonésie.
S'agissant des marchés développés, l'Espagne figure en tête de liste en raison de sa performance plus élevée que la moyenne dans le domaine ESG, en dépit de la médiocrité de sa note attribuée par les agences de notation et de ses perspectives économiques. Le Japon quant à lui fait l'objet de la plus forte sous-pondération en raison de ses problèmes de gouvernance, tandis que des pays dont la dette à long terme est bien notée, à l'image du Royaume-Uni et des États-Unis, doivent faire l'objet d'une légère sous-pondération, du fait de la médiocrité de leur performance dans le domaine environnemental.