Appel signé et publié lors du sommet du G20 YEA en 2018 à Buenos Aires, en Argentine le 21 septembre.
Les jeunes entrepreneurs appellent les dirigeants des pays du G20 à tirer parti du potentiel de transformation de l’entreprenariat comme moyen important pour atteindre les objectifs du G20 d’une croissance économique mondiale forte, durable et équilibrée.
Grégoire Sentilhes, Président de NextStage et de l’association Citizen Entrepreneurs, a déclaré à cette occasion : « Depuis le sommet du G20 des Jeunes Entrepreneurs à Berlin en 2017, nous avons assisté avec une préoccupation croissante à la montée des mouvements politiques nationalistes et protectionnistes. Nous sommes au tout début d'une guerre commerciale qui, si elle se poursuivait, pourrait remettre en cause les principes de liberté économique, de mobilité et d'un ordre international fondé sur des règles qui ont apporté une stabilité aux entreprises et aux entrepreneurs et mené à des décennies de croissance mondiale. Si nous tournons le dos aux politiques qui encouragent les économies ouvertes, dynamiques et interconnectées et si nous ne renions les principes mêmes sur lesquels repose le G20, nous privons des milliards de personnes des opportunités que le monde offre. En conséquence, les jeunes entrepreneurs du monde appellent les dirigeants du G20 à renouveler leur engagement en faveur d’un commerce libre, ouvert et équitable avec des frontières plus ouvertes et un cadre international fondé sur des règles qui favoriseront la croissance et l’inclusion économique. »
Nous vivons à une époque où l’économie du savoir, tirée par le capital humain, la libre circulation des idées et des réseaux de coopération fondés sur la confiance, deviennent la force essentielle du développement socio-économique et de la croissance. L'entrepreneuriat est un moteur essentiel de l'économie de la connaissance et les pays du G20 doivent créer des conditions propices à des initiatives entrepreneuriales généralisées et de grande qualité, en particulier chez les jeunes.
Dans cette optique, l’association des Jeunes Entrepreneurs du G20 (ou G20YEA-Young Entrepreneurs Alliance) a élaboré des recommandations concrètes à l’intention des gouvernements du G20 dans 3 domaines prioritaires :
- Une éducation de qualité
- Une mobilité internationale
- Une fiscalité intelligente.
Recommandations
1/ Éducation de qualité
La qualité de l'initiative entrepreneuriale dans une économie de la connaissance est dans une large mesure déterminée par la qualité, l'inclusion et l'accessibilité de l'éducation. Les systèmes éducatifs traditionnels doivent changer afin de combler le déficit croissant de compétences et de connaissances, d'assurer la mobilité sociale et l'accès aux opportunités pour toutes les classes sociales et tous les groupes démographiques, et de contribuer à l'innovation et aux compétences adéquates.
En conséquence, nous appelons les gouvernements du G20 à mettre en œuvre les politiques d'éducation suivantes:
a) Promouvoir des approches par projet dans l'enseignement qui favoriseront la liberté intellectuelle et l'initiative et développeront des compétences et aptitudes importantes telles que la pensée critique, la créativité, la résolution de problèmes, la gestion de la complexité, le travail en équipe et la communication avec les autres
b) Renforcer la relation entre l’éducation et la Recherche & le Développement (R&D) des entreprises et des organisations grâce à la recherche appliquée avec les étudiants, à la participation conjointe de professeurs et d'étudiants à des projets d'entreprise et à la création de réseaux professionnels d'entrepreneurs, d'experts, d'éducateurs et d'étudiants
c) Favoriser une culture de coopération et de confiance en augmentant les connaissances et les compétences professionnelles des élèves ayant des valeurs culturelles et des compétences éthiques plus larges, acquises par l'étude des sciences humaines et l'interaction avec des personnes expérimentées dans divers contextes éducatifs et sociaux
d) Assurer l’acquisition d’innovation et de compétences entrepreneuriales par la promotion d’une culture entrepreneuriale à tous les niveaux du système éducatif, le développement de programmes d’entreprise standardisés (outils hors ligne et en ligne)
e) Étendre les systèmes d'apprentissage dans les lieux de travail tels que les stages, les apprentissages/ stages en entreprise et la formation professionnelle, aux projets de recherche appliquée et de doctorat et aux incitations spéciales pour encourager l'engagement des PME.
2/ Mobilité internationale
Une économie mondiale en pleine croissance exige la libre circulation de ses principaux créateurs d’emplois que sont les entrepreneurs. L’alliance du G20 des Jeunes Entrepreneurs réitère son appel aux gouvernements à établir un programme de visas pour jeunes entrepreneurs à l'échelle du G20 qui fournirait des visas à entrées multiples et une simplification administrative..
Indépendamment de ce système unique d’uniformisation, l’alliance du G20 demande aux gouvernements d’étendre les accords existants sur la mobilité des jeunes et les programmes de visites d’entreprises aux jeunes entrepreneurs, notamment :
a) Développer un processus d’évaluation intelligent d’obtention de visa rédigé par des professionnels ; reconsidérer les critères arbitraires qui de fait discriminent les jeunes adultes tels que l’exigence d’un capital social minimum
b) Porter une attention particulière aux restrictions liées au domaine d’activité du demandeur de visa ainsi que sur les critères attendus de la définition des objectifs de succès. Ces critères doivent être définis avec les organisations professionnelles sous tous leurs aspects avec un objectif national
c) Elaborer une règlementation qui prend en compte les demandeurs de visa, en permet le suivi (notamment pour les entrepreneurs issus de l’immigration) et qui prend en compte le développement de leur entreprise dans la durée
d) Réduire la charge administrative liée à la demande de visas pour que son obtention permette de bénéficier des opportunités d’affaires lorsqu’elles se présentent.
3/ Fiscalité
Les entrepreneurs qui créent leur entreprise ont besoin de règles fiscales prévisibles et simples dans une économie traditionnelle pour encourager la création d’entreprise, les investissements et la croissance. En conséquence, nous appelons les gouvernements du G20 à adopter des mesures fiscales favorables aux entrepreneurs :
a) Introduire des seuils basés sur le chiffre d'affaires pour la fiscalité indirecte des entrepreneurs et des PME
b) Simplifier et numériser le processus de conformité fiscale. Créer un régime de conformité fiscale simplifié pour les jeunes entreprises qui permettrait de prendre en compte la gestion de trésorerie plutôt qu’un système comptable lié au chiffre d’affaire et aux dépenses et s’assurer ainsi qu’il n’est pas nécessaire de tenir des livres comptables et fiscaux distincts. La conformité fiscale peut se faire avec l’utilisation des nouvelles technologies (la blockchain, la RPA, l'Intelligence artificielle, le remplissage automatique des demandes d’information et la création automatique de rapports)
c) Mettre en œuvre des politiques fiscales prenant en compte la rémunération basée sur les actions (participation au capital). Encourager les initiatives qui exemptent les particuliers des gains en capital ou autres formes de revenus similaires et imposées sur les actions vendues lorsque la participation au capital a eu lieu quand l'entreprise était en dessous d'un certain plafond de chiffre d’affaires et qui serait déterminé à la discrétion de chaque pays du G20.
Nouveaux centres d’intérêt
1/ Promouvoir le développement durable
Nous pensons que l’impact de l’innovation et de la numérisation des produits et des services est largement positif, en dépit des critiques lié au contexte mondial actuel. Il est possible de trouver des moyens d'assurer un monde plus durable et inclusif, en explorant et en adoptant de nouveaux modèles économiques. Nous demandons aux gouvernements du G20 de :
- Coopérer avec les entreprises qui veulent promouvoir des modèles économiques visant à créer un avenir plus juste et favoriser l'accès au crédit à ces entreprises qui s'efforcent d'avoir un impact positif sur leurs collaborateurs, leurs clients, leur communauté et leur environnement,
- Encourager et soutenir l'adoption d'une évaluation du cycle de vie complet des produits et des technologies par le biais d'incitations fiscales, en considérant l’entièreté de la chaîne de valeur à partir de la gestion du stock des moyens nécessaires à la production jusqu’à la gestion de la seconde vie des produits dans une perspective d'économie circulaire.
2/ Soutenir l'esprit d'entreprise inclusif et équilibré
Y compris la promotion des femmes et des personnes traditionnellement exclues des opportunités de devenir chef d’entreprise. Les femmes entrepreneures jouent un rôle essentiel dans le développement économique en créant des emplois et en stimulant la croissance, mais elles font face à plus de défis que leurs homologues masculins. « The Women Entrepreneurs Finance Initiative », est un organisme dans lequel les pays du G20 et d’autres donateurs se sont engagés à investir 1 milliard de dollars, et qui doit être encouragé pour y intégrer d’autres personnes historiquement exclues de l’entrepreneuriat.
3/ Promouvoir les réseaux
Nous appelons les gouvernements du G20 à promouvoir un réseau de jeunes Entrepreneurs « Erasmus » par la création d’une plateforme au sein des pays du G20 destinée à développer l'esprit d'entreprise. Au sein de ce réseau, les jeunes entrepreneurs devraient être encouragés à voyager au-delà des frontières pour acquérir des compétences entrepreneuriales ainsi que des compétences numérique, juridique et éthique.