L’édition 2018 du baromètre ISM-MAAF de l’artisanat évalue, pour la 3ème année consécutive, l’implication des entreprises artisanales dans la formation des apprentis dans la région Bourgogne-Franche-Comté. Elle met en exergue une baisse des inscriptions en 1ère année, concentrée dans le secteur du BTP. Les profils d’apprentis évoluent : 1 inscrit sur sept est déjà bachelier.
Bourgogne-Franche-Comté : légère baisse des entrées en apprentissage, la reprise se fait attendre dans l’artisanat du BTP
L’artisanat forme ainsi 38% du total des apprentis de la région (contre 35% en moyenne nationale) et conserve, encore une fois, sa place de premier employeur d’apprentis.
La tendance d’évolution est toutefois moins bien orientée qu’au plan national : avec un peu plus de 7 000 apprentis employés dans des entreprises artisanales de moins de 20 salariés en 2016-2017, les effectifs d’apprentis formés dans les entreprises artisanales ont légèrement diminué(-2%), en raison notamment d’un recul des inscriptions (-5% : la plus forte baisse observée au plan national).
Des disparités sectorielles se ressentent néanmoins, au plan national comme en région :
Le recul de l’apprentissage touche principalement l’artisanat du BTP (les effectifs y reculent de 4% par rapport à 2015/16, soit une baisse globale depuis 2012 de 34%).
Les effectifs demeurent stables dans l’artisanat de l’alimentation (-1%), les activités les moins touchées ces dernières années par la baisse des vocations. La sortie de crise s’annonce dans les activités de service (0%) et bonne surprise, dans l’artisanat de fabrication (+3%).
Des disparités départementales
L’évolution de l’apprentissage varie également selon les territoires. La baisse des effectifs est concentrée dans la Haute-Saône (-15%), la Côte d’Or (-13%). L’Yonne (-6%), la Nièvre et le Jura (-5%), le Territoire de Belfort (-4%) connaissent également une évolution négative. Seul le département de la Saône-et-Loire connaît une progression des entrées en apprentissage dans une entreprise artisanale (+4%). Les inscriptions sont stables dans le Doubs qui se stabilise à 800 inscrits.
Dans la région, avec 15 apprentis pour 100 entreprises artisanales, l’apprentissage est relativement développé, comparativement à la moyenne nationale de 12%.
Le département du Doubs détient le taux de pénétration le plus élevé de la région à 19%, et la Côte d’Or, le plus faible à 13%. Au national, le score varie entre 5% à Paris et 25% dans la Sarthe.
Forte hausse des bacheliers préparant un métier en apprentissage dans l’artisanat
Au national, le nombre d’apprentis déjà titulaires d’un BAC et commençant leur apprentissage dans l’artisanat est en hausse : leur nombre est de 12 200, soit 16% des inscriptions, contre 11% en 2012-2013. Une part d’entre eux (7 040) est en poursuite d’études et démarre un diplôme de l’enseignement supérieur, principalement un BTS (les plus attractifs sont ceux de l’aménagement paysager, de la mécanique, ainsi que des diplômes de management, et de vente.) Pour les autres, il s’agit d’une réorientation : 3 000 d’entre eux préparent ainsi un CAP en vue d’exercer un métier (pâtissier, fleuriste, etc).
Ce phénomène est également observé en Bourgogne-Franche-Comté : 523 apprentis démarrant la préparation d’un diplôme dans une entreprise artisanale sont détenteurs du BAC ou équivalent en 2016-2017, soit 14% des inscriptions. Parmi eux, 200 apprentis débutent la préparation d’un BTS.
Catherine Elie, Directrice des études et du développement économique de l’ISM précise : « Avec l’élévation générale du niveau de formation, de plus en plus de jeunes n’envisagent vraiment leur orientation professionnelle qu’à l’issue du BAC. C’est pourquoi le nombre de bacheliers choisissant de préparer un métier artisanal progresse ces dernières années, une tendance qui devrait perdurer. Les 3 000 bacheliers inscrits en première année de CAP étaient principalement en parcours de réorientation pour devenir boulanger, pâtissier, coiffeur ou encore fleuriste. D’autres préparent un diplôme de l’enseignement supérieur, de nombreux métiers de l’artisanat exigeant un niveau de diplôme plus élevé. Cette dynamique s’explique aussi par une revalorisation des métiers de l’artisanat dans l’opinion publique et sans doute, pour certains, par une déception vis-à-vis des autres filières universitaires ».
Palmarès des diplômes affichant une hausse de leurs effectifs dans l’artisanat en Bourgogne-Franche-Comté
Depuis 2012-2013, les diplômes dont les effectifs sont les plus en hausse dans l’artisanat en Bourgogne-Franche-Comté sont principalement les spécialités des métiers de bouche et des services. Avec70 entrées en apprentissage en 2016-2017, le CAP Charcutier-traiteur gagne en attractivité (un choix judicieux, car la région manque de charcutiers !). Sont également de plus en plus suivisla Mention complémentaire pâtisserie, glacerie, chocolaterie, confiserie, le CAP Chocolatier confiseur. Dans les services, le diplôme de plus en plus prisé est le CAP « Préparation des carrosseries ».
Bruno Lacoste, directeur Marketing et Communication de MAAF explique :
« Malgré la baisse globale de l’apprentissage entre 2012 et 2016, certains diplômes ont gagné en attractivité, en particulier dans les secteurs dynamiques de l’alimentation et de certains services. Il est intéressant aussi de constater que, si le choix des diplômes des apprenties reste très ciblé (elles représentent par exemple 90% des effectifs dans la coiffure), le mouvement de féminisation se poursuit avec une part des apprenties dans l'ensemble de l'artisanat qui progresse de 2 points sur la période et atteint 27% en 2016-2017. ».
Le saviez-vous ? Certains diplômes rares ne sont préparés que dans la région !
Certains métiers de l’artisanat sont rares et ne sont préparés en apprentissage que dans une seule région pour toute la France. C’est le cas de deux spécialités du métier de décolletage : le CAP Opérateur régleur en décolletage, et le Bac pro Production mécanique option décolletage : les seuls établissements en France proposant ces formations en apprentissage se situent en Bourgogne-Franche-Comté.
Institut Supérieur des Métiers.Centre national de ressources sur l’artisanat et la petite entreprise, l’ISM conduit une activité d’observation statistique, de veille et d’études sur l’artisanat et la petite entreprise. Il publie régulièrement des Tableaux Economiques de l’artisanat.
www.infometiers.org/
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