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Marchés financiers : n'écoutons pas les craintes des Cassandre

Une analyse de Nick Clay, Gérant Actions Internationales chez Newton IM (BNY Mellon IM)

La fameuse horloge de l’Apocalypse, créée pendant la Guerre Froide par des académiques de l’Université de Chicago, est à minuit moins deux pour la première fois depuis 1953. Si à cette époque-là, la menace provoquée par des tests d’armes thermonucléaires par les Etats-Unis et l’URSS rapprochait « la fin du monde », la position américaine vis-à-vis du réchauffement climatique est aujourd’hui à l’origine de ce scénario catastrophe. Pour les acteurs de marché, il faut savoir raison garder.

L’horloge de la fin du monde est un indicateur connu qui mesure les risques d’un holocauste nucléaire et de la fin de l’humanité, dont les premiers résultats ont été publiés en 1947 par le Bulletin of Atomic Scientists de l’Université de Chicago. La dernière fois qu’elle montrait l’heure à 23h58, soit 2 minutes avant l’heure fatidique de minuit, on était en 1953 : l’armée américaine venait de développer la bombe hydrogène. En tant que baromètre largement reconnu des risques pesant sur la sécurité mondiale,  cette horloge a intégré de nouveaux facteurs dans sa grille d’analyse depuis la fin de la guerre froide, dont le réchauffement climatique, la cyber-sécurité, les armes chimiques, et les propos « imprudents et cavaliers » tenus par Donald Trump. Depuis le retrait américain des accords de Paris sur le climat, le niveau de menace semble s’être accru sensiblement.

Dans un tel contexte où les Cassandre crient haut et fort que la fin approche, comment les opérateurs de marché peuvent-ils garder leur sang-froid ? Ce qui peut parfois paraître étonnant, c’est le constat que les marchés financiers font visiblement abstraction des propos du Président Trump et ceux de ses proches. Ils considèrent, de toute évidence, que les bruits politiques autour de son administration n’ont que peu d’effet sur le monde des affaires, donc l’idée d’une catastrophe imminente ne paraît pas tout à fait pertinente. Les marchés américains continuent à battre de nouveaux records, et Wall Street ne fait que confirmer le plus long marché haussier de l’histoire. Les investisseurs semblent se fier à plusieurs quasi-certitudes : les taux d’intérêt vont remonter, l’économie se porte toujours aussi bien, et des résultats d’entreprises solides se succèdent à un rythme soutenu.

Il est possible que certains observateurs se trompent de combat. L’horloge de la fin du monde, Trump, les guerres commerciales, le dérèglement climatique et la volatilité qui en résulte créent forcément un flux d’actualités inquiétant, et l’instinct humain pousse les gens à se fier aux certitudes de la foule. Pourtant, il est utile de se placer au-dessus de la mêlée et d’éviter tout réflexe moutonnier : si les niveaux de risque à l’échelle globale nous préoccupent, le moment est donc d’autant plus propice pour prendre du recul et se recentrer sur des modèles capitalistiques qui sont pérennes sur le long-terme.

Comme tout alpiniste expérimenté le sait, la descente s’avère souvent plus périlleuse que la montée, et cet adage vaut également pour les marchés financiers. Dans toutes les salles de marché de la planète, on devrait garder à l’esprit les potentiels risques à la baisse au jour le jour, dès l’ouverture des bourses. Pour mieux gérer l’éventuelle descente, il faut dès maintenant anticiper le mouvement de resserrement monétaire de la Fed, le ralentissement chinois, des données économiques décevantes en Europe et les incertitudes croissantes autour des guerres commerciales, car tous ces facteurs pourraient par la suite avoir une incidence sur la croissance des bénéfices aux Etats-Unis, dont la belle dynamique actuelle est ininterrompue.  D’autant plus que l’effet positif de la réforme fiscale américaine n’est pas extensible.

Une maîtrise efficace des risques géopolitiques et financiers exige aussi que nous ne tombions pas dans le catastrophisme permanent : les Cassandre, pleins de bruit et de fureur, qui prédisent de nouveau l’apocalypse ne nous permettent pas d’arriver à une véritable analyse intelligente du monde ni à prendre des décisions rationnelles. Il vaudrait mieux donc parfois faire la sourde oreille.

www.newtonim.com/

 

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